Les Yéménites dénoncent les attaques des extrémistes sur les mausolées

La récente attaque qui a eu lieu dans la ville yéménite de Taiz contre le mausolée de l'imam musulman Abdoulhadi al-Soudi était fondée sur une idéologie erronée qui cherche à détruire la civilisation et le patrimoine du pays, ont dit des religieux et des responsables à Al-Mashareq.

Le soir du 29 juillet, des extrémistes armés ont fait explosé le site qui se trouve dans la partie ancienne de la ville, détruisant le dôme du mausolée et celui de la mosquée adjacente, rapportent les médias locaux.

Aucun groupe n'a encore revendiqué l'attaque, qui est attribuée par certains à "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL), alors que d'autres disent qu'Al-Qaïda est derrière l'attaque, tandis qu'un troisième groupe affirment qu'un petit groupe de radicaux religieux non affiliés peut être responsable.

Le mausolée d'Al-Soudi a été vandalisé il y a environ deux ans par des extrémistes.

Le ministère yéménite de la Culture, l'Autorité générale des antiquités et des musées et le ministère des Wakfs et de l'orientation religieuse ont tous condamné l'attaque.

"Cet acte criminel et lâche est enracinée dans la haine profonde que ces groupes terroristes cultivent envers les sites sacrés, ainsi qu'envers la beauté elle-même, et la place importante du Yémen dans la diffusion de la jurisprudence religieuse depuis l'aube de l'ère islamique", a déclaré l'Autorité générale des antiquités et des musées dans un communiqué.

Le communiqué a également souligné la position et les contributions uniques d'al Soudi qui fut l'une des figures clés du Soufisme à Taiz et au Yémen.

Le directeur de l'Autorité Mohannad al-Sayani dit qu'il croit que l'EIIL est responsable du crime "étant donné que des membres de ce groupe contrôle la zone dans laquelle se trouve le sanctuaire".

"Faire exploser les sanctuaires et les sites religieux est un résultat de la mobilisation religieuse déviante par un certain groupe, qui a détruit des sanctuaires dans d'autres provinces et représente une menace pour notre patrimoine et notre civilisation", a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

"Ce groupe ou cette idéologie est responsable de la destruction de plusieurs sanctuaires et dômes dans plusieurs provinces, y compris Aden, Hadramaout, Lahaj et al-Dhali", a-t-il ajouté, notant que ces monuments sont vieux de plusieurs siècles et étaient restés intacts jusqu'à l'émergence de l'EIIL.

"Ce groupe représente la plus grande menace contre la civilisation yéménite, car il est difficile de [dissuader] les éléments extrémistes dont les cerveaux ont été remplis d'idées religieuses erronées qui les encouragent à commettre ces actes", dit-il.

Al-Sayani a souligné la nécessité de faire face à cette idéologie à travers une campagne nationale de sensibilisation afin que les enfants puissent apprendre à construire plutôt que de détruire.

'Nous condamnons cet acte barbare'

"Avant la destruction du mausolée d'al-Soudi à Taiz, des lieux sacrés à al-Mukalla, Lahaj et d'autres régions avaient aussi subi le même sort", a déclaré le sous-ministre de la culture au département des antiquités, des musées et des manuscrits Omat al-Malik al Thawr .

Cela fait partie d'une campagne de mobilisation sectaire et d'ignorance religieuse, une idéologie qu'Al-Qaïda et l'EIIL partagent, a-t-elle dit à Al-Mashreq.

"Nous savons que cette mosquée est celle d'un religieux sunnite", dit-elle, se référant au mausolée d'al-Soudi. "Nous condamnons cet acte barbare contre la civilisation qui cherche à détruire les monuments et les mosquées".

"Cela rend [les agresseurs] ennemis de la vie, de la civilisation et de la religion parce que leur cible est non seulement la pierre, mais les monuments et les sites religieux de premier plan à Taiz", dit-elle.

Selon al-Thawr , les attaques portent la marque d'Al-Qaïda, qui instruit ses disciples à détruire les monuments.

"Une solution politique et la mise en place d'un gouvernement empêcheront ces éléments de mettre en œuvre leurs opérations, qui sont considérées comme terrorisme religieux", dit-elle.

Une incompréhension de l'Islam

"Ceci est une agression contre le caractère sacré des morts dans l'Islam, que ces cadavres soient placés sous des dômes, dans des sanctuaires ou dans des tombes", a déclaré le membre de l'association yéménite des oulémas Cheikh Yahya al-Najjar.

"Dieu et son messager ont interdit une telle agression", a-t-il dit à Al-Mashreq, décrivant ceux qui émettent de fausses fatwas comme "terroristes et extrémistes".

"Dieu a sanctifié les morts qu'ils soient musulmans, chrétiens, juifs ou de toute autre foi, il est donc interdit de vandaliser leurs tombes ou de prendre des objets de ces tombes et de ces sanctuaires", a-t-il ajouté.

Al-Najjar a déclaré que les pierres tombales et les structures identifiant un sanctuaire, un dôme ou une tombe sont des objets que les gens ont pris l'habitude de placer.

"Les musulmans avaient l'habitude de construire des dômes au-dessus des tombes dont les propriétaires étaient justes parmi leur peuple et pendant leur temps", a-t-il expliqué. "Il s'agissait d'une expression d'amour que les gens construisaient ces structures sur leurs tombes".

Visiter ces sites "est une réponse à l'ordre du Prophète qui commandait ses disciples à visiter les tombes, et les gens visitent effectivement le dôme, qui est rien de plus que de la pierre et un symbole que les gens ne le font pas comme culte, comme le prétendent les extrémistes", a-t-il dit.

"Ceux qui dynamitent les tombes, les sanctuaires et les dômes sont dans l'erreur et ont une compréhension erronée de l'Islam et se comportent selon cette incompréhension", a-t-il ajouté.