Société

De l'artisanat aux Kalashnikovs: le souk des armes en plein essor à Taez, au Yémen

AFP

Autrefois regorgeant d'objets artisanaux, le vieux marché d'Al-Shinayni à Taez, la troisième plus grande ville du Yémen, propose désormais des Kalashnikovs et des munitions, et les marchands d'armes s'y regroupent pour tenter de gagner leur vie dans un pays ravagé par la guerre.

Autrefois regorgeant de produits artisanaux, le vieux marché d'Al-Shinayni à Taez, la troisième plus grande ville du Yémen, propose désormais de Kalashnikovs et des munitions, et les marchands d'armes s'y regroupent pour tenter de gagner leur vie dans un pays ravagé par la guerre.

Le Yémen est plongé dans une guerre dévastatrice depuis que les Houthis (Ansarallah) appuyés par l'Iran sont entrés dans Sanaa lors d'une offensive lancée fin 2014, entraînant l'intervention militaire d'une coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

Taez, une ville de 615 000 âmes, est contrôlée par les forces yéménites, mais assiégée par les Houthis, qui l'ont bombardée à plusieurs reprises.

Dans un Yémen dont la société reste structurée par les tribus, de nombreux civils portent habituellement des armes personnelles, et le commerce des armes est chose courante. Mais la guerre a vu le marché des armes fleurir et les commerces traditionnels régresser.

Des hommes armés font leurs achats à Taez, au Yémen, le 13 juillet. Avant la guerre, le vieux marché de la ville regorgeait de clients et d'objets artisanaux. Plus de quatre ans après que les Houthis eurent entamé leur siège de la ville, cartouches et fusils ont envahi le marché. [Ahmad al-Basha/AFP]

Des hommes armés font leurs achats à Taez, au Yémen, le 13 juillet. Avant la guerre, le vieux marché de la ville regorgeait de clients et d'objets artisanaux. Plus de quatre ans après que les Houthis eurent entamé leur siège de la ville, cartouches et fusils ont envahi le marché. [Ahmad al-Basha/AFP]

Des treillis militaires présentés dans un magasin de Taez le 13 juillet. [Ahmad al-Basha/AFP] 

Des treillis militaires présentés dans un magasin de Taez le 13 juillet. [Ahmad al-Basha/AFP] 

« Jadis, le vieux souk de la ville vendait essentiellement des objets artisanaux fabriqués par des forgerons, des potiers et des tailleurs », a expliqué Abou Ali, un commerçant.

« Lorsque la guerre a éclaté, la plupart des commerçants ont commencé à vendre des armes », a expliqué ce tailleur devenu vendeur d'armes.

« Certains vendent du qat, d'autres ont fui. La moitié des boutiques ont fermé », a-t-il ajouté.

« Des cartouches et des armes »

Des hommes armés à moto entrent et sortent à toute vitesse du marché, jadis centre de vente de pots et de potiches d'argile.

Des treiilis, des vestes et des casques sont présentés à l'extérieur des boutiques. À l'intérieur, des fusils d'assaut AK47 tronent contre le mur, et les cartouches et les obus de mortier sont soigneusement alignés sur des étagères.

« C'est un marché aux armes », a précisé Abou Ali.

Les armes portent des étiquettes de prix différentes. Ainsi, un AK47 se vend 1090 dollars, un pistolet 818, et une balle 50 cents.

À l'instar d'Abou Ali, la guerre a contraint Mohammed Tajer, un vendeur d'artisanat, à se tourner vers le commerce des armes pour parvenir à joindre les deux bouts.

« Nous travaillions bien » avant la guerre, a expliqué Tajer. « Mais lorsque celle-ci a éclaté, nous avons dû nous résoudre à vendre des cartouches et des armes. Lorsque ce conflit se terminera, nous reprendrons nos professions d'avant».

« Le commerce des armes a fleuri »

Le conflit au Yémen a déclenché ce que les Nations unies qualifient de la pire crise humanitaire dans le monde, avec plus de 24 millions de Yéménites, près des deux tiers de la population, qui ont besoin d'aide.

Taez n'a pas été épargnée par la violence.

Abid al-Rashdi, qui vend encore des objets artisanaux à Al-Shinayni, a expliqué avoir du mal a conserver son activité au milieu d'un conflit qui ne montre aucun signe d'apaisement.

Ces cinq dernières années, les professions de forgeron et de potier ont été grandement impactées alors que fleurissait le commerce des armes », a-t-il poursuivi.

Des boutiques fermées par des cadenas s'alignent de chaque côté de la devanture d'une boutique encore ouverte sur laquelle on peut lire « Tailleur pour hommes ».

À l'intérieur, sur les étagères où étaient autrefois alignés fils et tissus, se trouvent maintenant des boîtes de munitions et des fusils, certains produits localement, d'autres entrés en contrebande dans le pays.

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