La récompense offerte déstabilisera les finances du Hezbollah, affirment les experts

L'annonce récente d'une récompense pour toute information permettant de déstabiliser le système financier du Hezbollah devrait avoir des résultats au-delà du but immédiat qu'est l'arrestation des individus ciblés, ont expliqué des experts à Al-Mashareq.

Le Département d'État des États-Unis a annoncé le 22 avril une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant de déstabiliser les finances du Hezbollah.

Il peut s'agir d'informations sur les institutions et les mécanismes financiers que le parti utilise pour faciliter le transfert de ses fonds, et de l'identification de ses principaux donateurs et des entreprises qu'il contrôle.

La crise financière qui secoue le Hezbollah en conséquence du siège financier qui lui a été imposé permettra d'assurer la réussite du programme de récompense financière, ont affirmé des experts de la région.

« En observant les réactions à l'annonce de récompenses contre des informations sur les terroristes, en particulier sur les membres et responsables du Hezbollah, on peut dire qu'elles auront sans aucun doute l'effet attendu », a déclaré Fathi al-Sayed, spécialiste des questions iraniennes et chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Cela est dû au fait que ces récompenses constituent une forte incitation pour de nombreux membres des cercles internes du parti, qui pourraient mener à la chute d'autres qui entretiennent des liens financiers avec le parti, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Déstabiliser le financement du Hezbollah

Ce programme de récompense contre des informations sert aussi à « dissuader de nombreuses personnes travaillant avec le parti, les poussant à arrêter, et ceux que le parti essaie d'attirer pour qu'ils travaillent dans son réseau », a indiqué al-Sayed.

Cela permet d'atteindre l'objectif de réduction de la quantité d'argent liquide qui arrive au parti et lui permet d'agir et de verser des salaires pour mettre en œuvre les projets du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) dans le monde entier, a-t-il déclaré.

La récompense des États-Unis « représente une occasion en or pour beaucoup de ceux qui coopèrent financièrement avec le Hezbollah », a fait savoir Salah Mansour, parent d'un haut responsable du Hezbollah et qui a demandé à utiliser un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

Ces gens « travaillent avec le parti dans une optique de profit et de perte, pas sur des principes ou des politiques », selon Mansour, qui était proche de la direction du parti dans la vallée de la Bekaa au Liban avant de quitter le groupe.

Mansour a expliqué à Al-Mashareq que le Hezbollah a mis en place un réseau hiérarchique « pour blanchir l'argent et le transférer dans les coffres du parti » qui semble très complexe, mais peut être en réalité assez facile à pénétrer.

Cela est dû au fait que certains individus chargés du blanchiment d'argent pour le Hezbollah le font par le biais d'entreprises qui servent de couverture, a-t-il précisé, ce qui signifie que l'arrestation d'une personne déstabilisera certainement le processus de financement tout entier.

Briser le silence des collaborateurs

La crise financière que traverse le Hezbollah aura un impact important sur le succès du programme de récompense, a affirmé Mazen Zaki, directeur du nouveau service de presse du Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherche sur le terrain.

« Ce déclin du financement poussera de nombreux membres du parti et collaborateurs à rompre leur silence », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Cela est surtout le cas « car l'on sait que les États-Unis garantissent la confidentialité totale de ceux qui fournissent des informations correctes, et garantissent leur sécurité et celle de leur famille », a-t-il ajouté.

Ceux qui sont directement connectés au Hezbollah ou qui collaborent avec lui connaissent des difficultés financières en raison de la baisse de liquidités du parti, et il pourrait donc être facile de les faire basculer, a déclaré Zaki.

Beaucoup de ces connexions et collaborateurs ne sont pas membres du parti, a-t-il fait remarquer.

Zaki a indiqué que la récompense contre des informations peut être vue comme « l'une des armes utilisées dans la guerre médiatique déclarée contre le Hezbollah et toutes les branches du CGRI du monde ».

En tant que tel, c'est « un outil très efficace », a-t-il conclu.