Économie

Jordanie : les femmes chefs d'entreprise sont confrontées à d'importantes difficultés

Mohammed Ghazal à Amman

L'organisation Endeavor Jordan a organisé le 18 novembre une table ronde sur les difficultés des femmes chefs d'entreprise en Jordanie. [Photo fournie par Endeavor Jordan]

L'organisation Endeavor Jordan a organisé le 18 novembre une table ronde sur les difficultés des femmes chefs d'entreprise en Jordanie. [Photo fournie par Endeavor Jordan]

La participation croissante des femmes dans le secteur commercial en Jordanie rencontre d'importantes difficultés, a révélé un nouveau rapport, les femmes chefs d'entreprise ne disposant ni du capital social ni de l'accès au financement qui sont essentiels pour lancer une entreprise.

Ce rapport, publié par Endeavor Jordan, montre que les difficultés spécifiques aux femmes chefs d'entreprise limitent encore leur participation à l'économie d'entreprise, bien que le nombre de femmes en Jordanie s'établisse à 4,7 millions, soit 47,1 % de la population.

« Bien que les processus et les règles des pépinières d'entreprises, des accélérateurs et des programmes d'aide soient impartiaux, seul un quart des entrepreneurs qui en bénéficient sont des femmes », a affirmé le rapport.

Les conclusions du rapport ont été présentées le 18 novembre lors d'une table ronde organisée par Endeavor Jordan, qui soutient la croissance d'entrepreneurs à fort impact, et World of Letters, une société basée à Amman qui apporte innovation et créativité aux systèmes éducatifs dans le monde arabe.

Les femmes chefs d'entreprise de Jordanie se trouvent face à cinq défis majeurs pour créer ou agrandir une entreprise et tenter de réaliser des bénéfices, a expliqué le rapport.

Ce sont notamment la réticence des investisseurs à mettre de l'argent dans de nouvelles entreprises dirigées par des femmes.

Les femmes chefs d'entreprise doivent remettre en question les attentes des investisseurs quant à leur capacité à remplir en même temps leur rôle de femme, de mère et de chef d'entreprise, a indiqué le rapport.

Le second défi est la difficulté d'accès au financement, qui résulte pour l'essentiel d'un manque de connaissances ou d'accès aux richesses, et aux garanties limitées que les femmes possèdent.

La troisième difficulté est le conflit entre les valeurs sociales et les choix de carrière, les recherches montrant que les valeurs sociales n'encouragent pas l'entrepreneuriat comme choix de carrière, surtout pour les femmes.

La quatrième difficulté est liée à la confiance en soi et à l'autosuffisance et à la peur d'échouer, et la cinquième concerne les responsabilités juridiques.

Demandes pour une représentation accrue

Les défis auxquels sont confrontées les femmes chefs d'entreprise sont semblables à ceux de tout le monde en Jordanie, a déclaré Reem al-Baghdadi, partenaire fondatrice d'une usine de recyclage d'emballage à Amman.

Ces défis incluent le coût élevé des produits et les difficultés liés à l'énergie, la production, la main-d'œuvre non qualifiée et une législation peu fiable, a-t-elle précisé.

« L'une des plus importantes difficultés que rencontrent les femmes chefs d'entreprise est le faible nombre de femmes [responsables] dans le secteur industriel, ce qui affaiblit le processus de mise en réseau et de création de relations et de partenariats », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq.

Les femmes d'affaires ne sont pas suffisamment représentées dans les chambres d'industrie, par exemple, ce qui a un impact négatif sur la présence de femmes dans les forums et les événements industriels, a-t-elle ajouté.

« Il faut que nous augmentions la représentation féminine dans les chambres d'industrie, les cercles de décideurs et les conseils d'administration », a poursuivi al-Baghdadi, soulignant le fait que cela « autonomiserait les femmes et renforcerait leur présence ».

« Je veux avoir ma propre affaire »

Um Husam, une mère de cinq enfants ayant demandé à ne pas utiliser son nom complet, a déclaré que le plus grand obstacle qu'elle a rencontré lorsqu'elle a voulu ouvrir son propre salon de beauté a été la difficulté d'obtenir un prêt bancaire.

« J'ai un certificat d'expérience en cosmétique, et j'ai essayé de décrocher un prêt pour ouvrir un salon, mais sans résultat, car je n'avais pas de compte bancaire ni de salaire », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.

« J'ai dû transformer une pièce de ma maison en un petit salon où je reçois des clientes de la communauté locale pour pouvoir payer mon loyer et nourrir mes enfants », a-t-elle déclaré.

« De façon générale, la société n'aide pas les femmes », a déploré Um Husam. « Je n'ai reçu aucun soutien pour lancer mon affaire et réaliser mon rêve. »

« Tout le monde m'a conseillé de chercher un poste salarié, mais je veux avoir ma propre affaire, car je dois m'occuper de mes enfants », a-t-elle expliqué.

Une perte pour l'économie

La participation des femmes à l'économie jordanienne est faible, et cela se traduit par des pertes économiques, a affirmé l'économiste Hossam Ayesh à Al-Mashareq.

« Ne pas donner aux femmes les moyens d'agir et ne pas les aider à créer des entreprises prive l'économie des compétences de nombreuses femmes et gâche l'occasion de créer d'autres emplois grâce à ces entreprises », a-t-il déclaré.

La participation des femmes à l'économie en Jordanie est d'environ 21 %, a-t-il rapporté, « ce qui est très faible ».

« Le pourcentage de personnes diplômées et éduquées en Jordanie est plus élevé chez les femmes, et il n'est donc pas logique de gaspiller cet énorme potentiel économique », a ajouté Ayesh.

Les barrières que les femmes rencontrent doivent être levées afin d'augmenter leur participation à la société et à l'économie, a-t-il conclu.

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