Sécurité

Poursuite de l'opération antiterroriste égyptienne dans le Sinaï

Mohammed Mahmoud au Caire

Sept soldats égyptiens et 71 extrémistes ont trouvé la mort depuis le lancement de l'opération « Sinaï 2018 », a annoncé jeudi le colonel Tamer al-Rifaie, porte-parole de l'armée, lors d'une conférence de presse. [Photo fournie par le ministère de la Défense]

Sept soldats égyptiens et 71 extrémistes ont trouvé la mort depuis le lancement de l'opération « Sinaï 2018 », a annoncé jeudi le colonel Tamer al-Rifaie, porte-parole de l'armée, lors d'une conférence de presse. [Photo fournie par le ministère de la Défense]

Cette campagne de grande envergure de l'armée égyptienne contre les groupes terroristes dans les régions du Delta du Nil et du Désert occidental, du Nord-Sinaï et du Sinaï central, est entrée dans sa troisième semaine et dans sa deuxième phase, a annoncé lundi 26 février le chef d'état-major de l'armée égyptienne.

Cette opération « Sinaï 2018 » a été lancée au lendemain de l'attaque terroriste du mois de novembre contre une mosquée du Nord-Sinaï.

Le président Abdel Fattah al-Sissi avait ordonné au chef d'état-major des armées, le général Mohammed Fareed, de rétablir la sécurité et la stabilité dans cette région en l'espace de trois mois.

Fareed avait demandé au chef de l'État d'étendre cette opération au-delà de cette limite et qu'elle puisse expirer fin février, a fait savoir lundi le site égyptien Ahram Online.

Lancée le 9 février, l'opération « Sinaï 2018 » a été lancée au lendemain de l'attaque terroriste de novembre contre une mosquée du Nord-Sinaï. [Photo fournie par le ministère de la Défense]

Lancée le 9 février, l'opération « Sinaï 2018 » a été lancée au lendemain de l'attaque terroriste de novembre contre une mosquée du Nord-Sinaï. [Photo fournie par le ministère de la Défense]

La deuxième phase de cette opération comportera des frappes aériennes et des bombardements d'artillerie ciblés contre les repaires des extrémistes, l'extension des opérations de combat des forces navales et des forces spéciales, et le resserrement du siège du Nord-Sinaï et du Sinaï central depuis la rive désertique ouest du canal de Suez, a précisé Fareed lors d'une conférence de presse organisée lundi.

Les forces égyptiennes procéderont également à une opération de ratissage de sécurité des villes après la mise en place de ce siège et à l'encerclement de tous les terroristes suspectés, a-t-il ajouté.

Empêcher les attaques en représailles

Sept soldats égyptiens ont perdu la vie et 71 extrémistes ont été tués depuis le lancement de cette opération, a indiqué l'AFP jeudi 22 février.

« Après les combats héroïques livrés par nos forces armées [...] sept héros parmi elles sont morts en martyrs », a déclaré le colonel Tamer al-Rifaie, porte-parole de l'armée.

« Soixante et onze extrémistes ont été abattus et cinq arrêtés », a-t-il indiqué, ajoutant que 1 852 autres suspects avaient été appréhendés.

Les forces égyptiennes ont également détruit 1 282 sites utilisés par les extrémistes pour stocker des fournitures administratives et médicales, des armes et du matériel utilisés pour fabriquer des EEI, a-t-il précisé.

Deux sites découverts étaient utilisés par des groupes terroristes pour la production de contenus médiatiques, et deux autres pour les communications sans fil, a-t-il ajouté.

Les forces égyptiennes ont également découvert près de 393 engins explosifs improvisés (EEI) fabriqués avec des explosifs C-4 et TNT, qui devaient servir lors d'attaques au Sinaï et dans d'autres provinces du pays.

Selon le porte-parole de l'armée, l'un des objectifs de l'opération Sinaï 2018 est de sécuriser toutes les provinces pour prévenir des attaques en représailles par les groupes terroristes.

Pour ce faire, les forces conjointes, comprenant l'armée, la police et les gardes-frontières, ratissent actuellement les routes et les voies de la frange désertique occidentale de la région du Delta et de l'ouest de la vallée du Nil « à la poursuite d'éléments terroristes et de criminels », a expliqué al-Rifaie.

Elles sécurisent également la voie navigable du canal de Suez et renforcent les mesures de sécurité aux points de passages et à bord des ferries en direction de la péninsule du Sinaï, a-t-il précisé.

Soutien local à l'opération Sinaï 2018

Les opérations militaires au Sinaï « ont à ce jour atteint leurs objectifs », a expliqué le député du Nord-Sinaï Hossam al-Rifai.

« Un plan complet est en place pour veiller à ce que la vie reprenne son cours dans le nord du Sinaï », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

La capitale provinciale du Nord-Sinaï, al-Arish, est sécurisée, et les opérations militaires se poursuivent actuellement en dehors des blocs résidentiels, a-t-il ajouté.

La réponse de la population locale à cette opération a été positive, a-t-il poursuivi, soulignant que « les forces de l'armée et de la police ont agi de manière courtoise et professionnelle à l'intérieur des zones résidentielles et lors de leurs inspections ».

« La priorité des habitants est de faciliter tous les efforts faits par [le gouvernement égyptien] pour éradiquer le terrorisme dans la région », a-t-il expliqué.

Il existe une coordination au plus haut niveau entre l'armée, les forces de police et les cheikhs tribaux pour soutenir les mesures de lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté, soulignant que les tribus apportent parfois leur soutien lors de la capture de dangereux terroristes.

Les forces de sécurité ont « obtenu de très bons résultats », a précisé al-Rifai, notamment la destruction d'un grand nombre de caches terroristes et la coupure de leurs canaux logistiques et d'approvisionnement.

« La vie ne s'est pas arrêtée »

Les tribus fournissent aux forces armées des renseignements sur les extrémistes et leur servent de guides lors des opérations conduites dans les régions montagneuses, a expliqué Hijazi Saad, député du Nord-Sinaï.

Cette coordination est assurée lors de réunions régulières entre leaders tribaux, commandants de l'armée et responsables d'agences de sécurité, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

La vie au Sinaï ne s'est pas arrêtée à cause des opérations militaires, a poursuivi Saad, à l'exception des écoles, qui ont été suspendues pour la sécurité des élèves.

« Le Sinaï reçoit des produits de base et des produits alimentaires stratégiques, et plusieurs magasins fonctionnent à nouveau normalement », a-t-il expliqué.

« Les stations d'essence sont approvisionnées avec tout le carburant dont elles ont besoin », a-t-il ajouté.

« La vie ne s'est pas arrêtée ; l'armée met tout en œuvre pour protéger et rassurer les habitants et pour répondre à tous leurs besoins. »

Développement du Sinaï

Le développement du Sinaï reprendra quand cette opération militaire d'envergure prendra fin, a indiqué Saad.

La région verra se mettre en place des projets d'importance nationale majeurs qui serviront à la population, notamment la réhabilitation des infrastructures et l'injection d'investissements pour profiter des ressources du Sinaï, qui restent à exploiter, a-t-il rapporté.

« Deux semaines après le lancement de cette opération du Sinaï, il apparaît clairement que l'Égypte exerce son autorité et sa souveraineté sur tous les points de sécurité directs et indirects de l'Égypte », a expliqué le politologue Ibrahim al-Shehabi.

Les forces égyptiennes ont réussi à démanteler les capacités logistiques des groupes terroristes, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

L'opération Sinaï 2018 a inclus « des frappes chirurgicales qui ont ramené [les groupes] terroristes dix ans en arrière, après qu'ils eurent réussi lors des années chaotiques antérieures à renforcer la mise en place de leurs bases », a-t-il conclu.

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