Politique

Le meurtre de Saleh ne présage rien de bon quant au rôle de l'Iran au Yémen

Par Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des combattants houthis devant la résidence de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui a été tué par la milice le 4 décembre alors qu'il fuyait Sanaa.[Mohammed Huwais/AFP]

Des combattants houthis devant la résidence de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui a été tué par la milice le 4 décembre alors qu'il fuyait Sanaa.[Mohammed Huwais/AFP]

Le soutien du régime iranien au meurtre de l'ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh par les Houthis représente un changement contre l'Iran et ses alliés en termes de déclin du soutien populaire, ont indiqué des experts yéménites à Al-Mashareq.

Le 2 décembre, Saleh avait annoncé une révolte populaire contre les Houthis, déclenchant des affrontements entre son Congrès général du peuple (CGP) et la Garde républicaine d'un côté, et les Houthis (Ansarallah) de l'autre.

Les Houthis ont tué Saleh le 4 décembre, et ont assassiné ou emprisonné certains dirigeants tribaux et du CGP qui le soutenaient, et ont attaqué les résidences d'autres.

Le commandant Mohammad Ali Jaafari du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) a déclaré que le meurtre de l'ancien président yéménite a permis de « contrecarrer le coup d'État contre Ansarallah dans sa propre patrie ».

Selon plusieurs articles de presse, Jaafari a également accusé l'Arabie saoudite de menacer la sécurité dans la région.

Un article publié dans le journal iranien extrémiste Kayhan, intitulé « Cadeaux divins cachés », a salué le meurtre de Saleh, décrivant l'ancien président et ses partisans dans la révolte populaire comme des « ennemis » qui prennent parfois des risques non calculés.

Le journal a accusé la coalition arabe d'avoir convaincu Saleh de mener le mouvement contre les Houthis à Sanaa, et a déclaré que les Houthis « surveillaient les déplacements de Saleh et l'arrivée de fonds et d'armes lui étant destinés ».

Il a décrit « l'anéantissement de l'immense conspiration » contre les Houthis « comme un cadeau divin caché fait au peuple [yéménite] déterminé ».

Dans le même temps, lors de son émission du 5 décembre, la chaîne de télévision du Hezbollah al-Manar a émis le commentaire suivant sur le meurtre de Saleh : « Chaque fois qu'ils allument un incendie, Dieu l'éteint [...] et chaque fois qu'ils préparent un papier, il est plié [...] Ali Abdallah Saleh a été tué, lui qu'ils affûtaient comme un couteau pour l'utiliser dans des luttes internes au Yémen. »

Dans un message publié le 13 décembre sur les réseaux sociaux, le neveu de Saleh, Tawfiq, a déclaré que le meurtre de son oncle s'était fait sous les ordres de l'Iran.

Une tactique utilisée par le CGRI

« L'assassinat de Saleh est de toute évidence la même tactique que le CGRI a utilisée contre ses adversaires après le début de la révolution islamique iranienne, et contre certains de ses propres alliés », a déclaré Abdoulsalam Mohammed, directeur du Centre d'études stratégiques d'Abaad, à Al-Mashareq

« Des experts iraniens se trouvent à Sanaa, et ils dirigent la guerre et le conflit, au point que les Houthis ne pouvaient pas mener l'assassinat de Saleh sans l'approbation de l'Iran, bien qu'ils profitaient de leur alliance avec lui », a-t-il affirmé.

« Ils avaient atteint le point de rupture, car il avait commencé à travailler contre eux », a ajouté Mohammed.

« La célébration du meurtre de Saleh par l'Iran dans les médias confirme le soutien et l'approbation du pays envers cet assassinat, bien qu'il soit contraire à l'intérêt de la plupart des Yéménites et qu'il aura un effet sur la puissance des Houthis à l'avenir », a-t-il poursuivi.

Cela est déjà évident, a-t-il déclaré, les forces yéménites soutenues par la coalition avançant dans la région d'al-Khokha vers la province d'al-Hodeida.

« La forte présence de l'Iran à travers ses alliés houthis, ses experts sur le terrain et ses missiles confirme l'implication et la culpabilité totales de l'Iran en ce qui concerne tous les événements malheureux du Yémen et de la région », a indiqué Mohammed.

« Se débarrasser de Saleh était un objectif original des Houthis »

« Je pense que l'Iran n'a pas toléré l'attaque contre son ambassade à Sanaa [le 4 décembre], qui, dans le contexte de sa confrontation régionale avec l'Arabie saoudite, a signalé la fin de l'influence irakienne à Sanaa », a expliqué le politologue Yassin al-Tamimi.

En même temps, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, la coalition arabe a obtenu une victoire pour son propre camp en réussissant à changer la position de Saleh.

« Pour cette raison, cela n'exclut pas que le meurtre de Saleh ait été une des options que l'Iran soutenait pour mettre fin [en sa faveur] à une bataille extrêmement importante d'un point de vue militaire et stratégique », a-t-il déclaré.

« Peut-être que le soutien exprimé par les dirigeants iraniens envers l'assassinat de Saleh est la preuve quel'Iran le voyait comme une réelle menace à son projet au Yémen, et l'Iran a donc approuvé son élimination rapide », a-t-il indiqué.

L'élimination de Saleh était « un objectif original des Houthis malgré l'alliance qui existait entre ces deux partenaires de coup d'État, car le projet iranien n'accepte pas le partager de pouvoir », a-t-il conclu.

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