Au cours des derniers mois, l'Arabie saoudite a initié une série de grandes réformes sociales qui devraient revitaliser la société et éloigner l'extrémisme, ont déclaré des civils et des universitaires saoudiens à Al-Mashareq.
Des décrets royaux et des décisions gouvernementales publiés ces trois derniers mois révèlent un plan national visant à fortifier la société saoudienne et la faire progresser vers une plus grande ouverture, a expliqué Yasser al-Muhanna, professeur à l'université Qassim.
C'est la façon idéale de résister à l'idéologie extrémiste et d'empêcher des groupes ou des individus extrémistes de s'infiltrer dans la société saoudienne pour inoculer leur poison, a-t-il déclaré.
Bien que ces nouvelles mesures concernent principalement les femmes, elles toucheront toutes les couches de la société, a-t-il précisé, ajoutant qu'elles ne sont pas arbitraires, mais font partie des plans de développement du royaume.
Ces mesures comprennent le Programme national de transformation 2020 et la Vision saoudienne 2030, qui cherchent tous deux à stimuler l'économie en créant des emplois, en éliminant le chômage et en recrutant et formant de jeunes Saoudiens dans plusieurs domaines.
Les décisions les plus importantes incluent la création d'un Fonds national de développement pour revitaliser le secteur privé, faciliter l'accès des Saoudiens au financement et aux prêts, et le lancement d'une série de nouveaux projets d'investissements en direction des jeunes.
La décision de « rétablir les allocations, les augmentations et les avantages attribués au secteur public », qui avaient été suspendus avec la chute du prix du pétrole « a été une décision heureuse, qui a été reçue positivement sur le plan social et économique », a-t-il ajouté.
Cela est dû aux liquidités créées lorsque cette décision a été mise en œuvre, a-t-il expliqué.
Fermer la porte au terrorisme
« La guerre contre le terrorisme en Arabie saoudite se mène sur plusieurs fronts », a fait savoir Mahmoud Salem, professeur de sociologie religieuse à l'université Imam Mohammed ben Saoud.
Le royaume mène une « guerre militaire » contre le terrorisme sur son territoire et à l'étranger en tant que membre de la coalition luttant contre « l'État islamique » (Daech), ainsi qu'une « guerre idéologique », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
« Cependant, la bataille la plus importante consiste à renforcer le front national en se concentrant sur les Saoudiens et en identifiant les lois et les décrets nécessaires pour l'élimination des pressions de leur vie quotidienne », a affirmé Salem.
« Certaines de ces lois et certains de ces décrets conduiront la société saoudienne vers plus de lumière et d'ouverture, et l'éloigneront de l'extrémisme et de l'isolement », a-t-il fait savoir.
« Cela fermera la porte aux groupes terroristes qui tentent de pénétrer la société saoudienne à travers le fanatisme religieux, l'idéologie extrémiste et une interprétation erronée de la charia », a-t-il poursuivi.
Parmi les décisions figure un décret royal publié en juin et qui change le nom du Bureau des enquêtes et du ministère public, qui devient le ministère public, en le faisant répondre directement au roi, a rapporté Salem.
« L'importance de ce décret réside dans le fait qu'il protège les Saoudiens dans le domaine juridique, car il sépare la branche exécutive de l'État du Bureau des enquêtes et du ministère public, qui relève de l'autorité judiciaire », a-t-il expliqué.
Cela signifie que le bureau est désormais complètement indépendant pour l'exercice de ses fonctions, « ce qui garantira son impartialité totale et sa résistance aux influences ».
Les femmes sont la clef de la réforme
La plupart des décisions publiées ces derniers mois concernaient les femmes, selon Fadel al-Hindi, superviseur au Centre des recherches sociales et des sciences humaines de l'université du roi Abdulaziz.
Mais « cette attention donnée aux femmes ne vient pas de nulle part », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, notant que « si les femmes constituent la moitié de la société, leur rôle et leur présence ont été ignorés ces dernières années ».
« La société ne pourra pas progresser vers davantage d'ouverture sans ouvrir tous les domaines aux femmes et les éduquer pour qu'elles éduquent les générations futures », a-t-il indiqué.
« La décision de permettre aux Saoudiennes de conduire a peut-être captivé l'attention des médias internationaux, mais beaucoup d'autres décisions vont dans le même sens et sont importantes », a-t-il ajouté.
La décision d'autoriser les femmes à conduire a été suivie d'une décision de l'Autorité saoudienne des transports de créer des centres pour leur enseigner la conduite de véhicules commerciaux et les préparer à travailler dans le secteur.
D'autres décisions servant les intérêts des femmes comprennent une mesure du ministère de l'Éducation en juillet « pour permettre aux filles de faire du sport dans les écoles [publiques] à partir de cette année scolaire, une activité qui était interdite depuis des décennies », a rapporté al-Hindi.
Une autre décision annoncée plus tôt ce mois-ci par le même ministère autorise les étudiantes à avoir leur téléphone portable à l'université.
Et en août 2016, le premier complexe de télécommunications féminin du royaume a été ouvert dans le district d'al-Remal à Riyad, a fait savoir al-Hindi.
Ce complexe fournit tous les services liés aux communications, dont la vente, l'entretien et le service client, et toutes ses employées sont des Saoudiennes.
Pour soutenir davantage les femmes, un décret royal a été publié, ordonnant que soit mis en place un système pour lutter contre le harcèlement.