Des abus à répétition commis contre la presse par toutes les parties du conflit au Yémen portent atteinte à la liberté des médias et met en danger la vie des journalistes, a affirmé le Syndicat des journalistes yéménites (SJY) dans un récent rapport.
Dans un rapport du 6 juillet consacré à la liberté des médias durant le premier semestre 2017, le syndicat, affilié à la Fédération internationale des journalistes, a déclaré avoir enregistré cent trente atteintes à la liberté de la presse et des médias.
Parmi celles-ci, l'assassinat et la tentative d'assassinat de journalistes, des attaques directes, des menaces de mort, des arrêts de travail, le piratage de sites d'information, la confiscation de biens personnels, et l'intimidation, a détaillé ce rapport.
Les Houthis (Ansarallah) viennent en tête de liste, avec soixante-quatre cas de transgressions, soit 49 % du total, a précisé le rapport.
Ces abus ont inclus des enlèvements et des détentions (trente-neuf cas), des attaques (vingt cas), des tentatives de meurtre (dix-huit cas), des menaces (quatorze cas), des procès (dix cas), des tortures (huit cas), la confiscation de biens personnels et professionnels (huit cas), la suspension de salaires (sept cas), le meurtre (trois cas) et le piratage de sites d'actualités (trois cas).
Jours sombres pour les médias
« La presse yéménite traverse l'une des pires périodes de son histoire depuis le début de la guerre il y a deux ans », a déclaré Nabil al-Asidi, membre du conseil du syndicat et directeur du comité de formation.
Le conflit actuel a été un « tsunami qui a détruit les piliers-même du journalisme », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Toutes les parties du conflit ont cherché à faire taire les voix de l'opposition, a-t-il indiqué, notant que les Houthis avaient commis le plus grand nombre de violations contre les journalistes.
Depuis le début de la guerre, vingt-trois journalistes ont été tués, a fait savoir al-Asidi, ajoutant que certains ont trouvé la mort dans des bombardements aériens, tandis que d'autres avaient été tués par des tirs directs.
Les cameramen Takieddin al-Hudhaifi et Wael al-Absi ont été tués, et deux autres ont été gravement blessés le 26 mai par un obus tiré par les Houthis alors qu'ils couvraient les combats dans les faubourgs est de Taez, a rapporté le syndicat.
Dans le même temps, la coalition a empêché le 18 juillet un vol humanitaire de l'ONU transportant des journalistes de la BBC d'aller à Sanaa, alors même que le groupe avait obtenu les visas nécessaires auprès du gouvernement et des Houthis.
Al-Asidi a appelé à la libération des journalistes enlevés, à la réhabilitation des institutions médiatiques, à la restauration du statut de la presse, et à la fin des campagnes de diffamation visant des journalistes.
Suite à la mort d'al-Hudhaifi et d'al-Absi, Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient Afrique du Nord du Comité pour la protection des journalistes, a appelé « toutes les parties au combat au Yémen à prendre toutes les mesures possibles pour garantir la sécurité des journalistes et des autres civils ».
Les circonstances de ces morts et d'autres similaires doivent être examinées « pleinement et de façon crédible », a-t-il déclaré.
Une situation « extrêmement difficile »
Des membres de la presse du Yémen ont rencontré des difficultés dans l'exercice de leur travail, a fait savoir l'ancien chef du syndicat Abdel Bari Taher, exhortant toutes les parties à mettre fin aux abus et à donner sa place à la liberté d'expression.
Taher a indiqué à Al-Mashareq être choqué du « silence du monde et du manque d'efforts déployés par la communauté internationale pour faire pression sur toutes les parties afin que cessent les abus contre les journalistes ».
« Les journalistes yéménites vivent dans des conditions difficiles à cause de la guerre et sont pris pour cible par les différentes parties qui veulent cacher la vérité », a fait savoir Ashraf al-Rifi, membre du comité des libertés du syndicat.
Les journalistes yéménites sont chassés et enlevés, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, ajoutant que dix-huit journalistes et photographes avaient été pris en otages et que vingt-trois autres avaient été tués depuis le début de la guerre.
Des journaux et des organes de presse ont été fermés, et beaucoup de journalistes ont été renvoyés ou emprisonnés, a-t-il poursuivi.
« Depuis que les Houthis ont lancé un coup d'État contre le gouvernement en septembre 2014, ils ont fait fermer tous les organes de presse qui ne sont pas affiliés à eux et ont pillé leurs bureaux », a déclaré Mousa al-Nimrani, professionnel des médias.
Parmi ceux se trouvent des chaînes satellitaires, des journaux, des sites internet et des entreprises médiatiques, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Les Houthis ont enlevé et torturé des journalistes, a-t-il poursuivi, et d'autres « ont été tués par des snipers et des mines antipersonnel » alors qu'ils couvraient les combats.