Les forces libanaises ont renforcé leur lutte contre les trafiquants de drogue dans la vallée de la Bekaa et dans les quartiers sud de Beyrouth, des zones où le Hezbollah est très présent, pour répondre aux plaintes concernant la prolifération des pilules de Captagon.
Le 17 juin, l'armée libanaise a mené un raid dans le district d'al-Ramel al-Aali, dans le sud de Beyrotuh, tuant Samir Munther et blessant Mahmoud Zreiq, qui étaient recherchés pour agression et trafic de drogue.
L'armée a déclaré avoir saisi des armes, des munitions et de la drogue trouvée en leur possession.
Le trafic de drogue est devenu un problème croissant dans les quartiers sud de Beyrouth, a déploré en début de semaine Cheikh Abbas Zgheib, membre du haut conseil islamique chiite.
« Il existe un problème majeur, qui empire jour après jour, dans la zone sud en général, et dans le district d'Hay al-Sellum en particulier, et qui se déroule dans la rue », a-t-il expliqué.
Début février, des prospectus ont été distribués dans le sud de Beyrouth par un groupe se faisant appeler la « Brigade des opprimés », accusant ceux qui profitent de la drogue d'être au même niveau que « l'État islamique » (Daech).
« C'est vous qui avez terrorisé notre peuple, et qui avez effrayé nos enfants, nos femmes et nos anciens, et qui devrez recevoir le châtiment et la vengeance les plus sévères », affirmait le texte.
Utilisation généralisée du Captagon
Le Hezbollah, l'ancien Front al-Nosra (FAN) et Daech sont les principaux acteurs dans la fabrication et le trafic de Captagon et d'autres substances illicites, a fait savoir Riad Tawq, journaliste d'investigation couvrant les questions de sécurité.
« Fin 2012 et début 2013, Daech et le FAN se reposaient sur la vente de pétrole brut comme source principale de financement pour leurs opérations », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
Ils se sont tournés vers la fabrication de Captagon après que les forces de la coalition eurent pris pour cible les infrastructures et les convois pétroliers et que cette source de revenus se fut épuisée, a-t-il poursuivi.
« La fabrication de Captagon ne nécessite pas d'efforts extraordinaires » et n'est pas coûteuse, a précisé Tawq.
« Ces groupes terroristes fabriquent du Captagon non seulement pour le profit et pour en vendre illégalement dans les pays du Golfe où une pilule vaut entre 10 et 20 dollars, mais aussi pour être utilisé par certains d'entre eux comme stimulant sexuel », a-t-il expliqué.
Ce médicament, de la catégorie des amphétamines, provoque l'euphorie et garde l'utilisateur alerte pendant une longue durée, ce qui le rend populaire chez les combattants, a-t-il ajouté.
Marché dominé par le Hezbollah
Le 30 mai, des responsables des douanes françaises ont déclaré avoir intercepté cette année 135 kg de Captagon à l'aéroport Charles de Gaulle, a rapporté l'AFP.
« C'est la première fois que ce médicament est saisi en France », a précisé l'agence des douanes dans un communiqué, notant que ces pilules sont surtout utilisées au Moyen-Orient.
Les responsables des douanes de cet aéroport de Paris ont aussi découvert le 4 janvier 350 000 pilules de Captagon pesant 70 kg cachées dans des moules industriels exportés depuis le Liban et apparemment destinés à la République tchèque.
Le trafic de Captagon est principalement organisé par des commerçants des régions de Baalbek et d'Hermel, qui sont dominées par le Hezbollah, a indiqué Tawq.
« Ce ne sont rien de plus que des trafiquants de drogue qui se sont emparés de la vente de Captagon », a-t-il déclaré. « Ce sont les seuls qui peuvent approvisionner les usines de Captagon et qui connaissent les réseaux de trafic. »
Des agents liés au Hezbollah ont été arrêtés pour trafic de drogue dans plusieurs pays au cours des dernières années, révélant un vaste réseau générant des revenus et ayant apporté un financement au parti.
Les rapports détaillant ces opérations d'arrestations, qui se déroulent souvent dans plusieurs pays, révèlent que le parti soutenu par l'Iran a utilisé des millions de dollars de revenus venant du trafic de drogue pour acheter des armes et appuyer ses activités en Syrie.