« L'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) a volé son adolescence à Bafrin Osso.
Cette jeune Yézidie de 19 ans avait été enlevée par l'EIIL dans son petit village de Kojo, près de la ville irakienne de Sinjar, le 3 août 2014, et le groupe l'a gardée prisonnière pendant près de deux ans, au cours desquels elle a été « torturée, violée et battue tous les jours ».
Aujourd'hui, près d'un an après sa fuite, Osso – ainsi que d'autres Irakiennes – parle contre les horreurs dont les femmes, surtout celles de la communauté yézidie, sont victimes aux mains de l'EIIL.
Leur indignation s'est exprimée dans le cadre d'un panel de femmes combattantes et de rescapées du conflit irakien lors de la 5e conférence annuelle « Femmes sur les lignes de front », organisée le 6 mars à Beyrouth par l'Institut médiatique de la Fondation May Chidiac.
« On m'a volé mon adolescence »
Ces femmes ont raconté leurs tortures et leur persécution sous l'EIIL et ont expliqué comment elles ont réussi à surmonter les immenses défis auxquelles elles sont confrontées quotidiennement, dans un pays où les conflits font rage.
Lorsque l'EIIL a attaqué Sinjar en août 2014, Osso et sa famille ont fui vers les montagnes mais ont rapidement été capturés et séparés en deux groupes : les femmes ont été prises comme esclaves, tandis que les hommes ont été rassemblés et tués.
« Ils ont immédiatement tué trois de mes frères et m'ont prise avec six autres femmes comme sabaya [femmes capturées et asservies pendant la guerre] », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq en marge de la conférence.
« Je suis restée captive pendant un an et dix mois et j'ai été torturée, violée et battue quotidiennement par deux éléments de l'EIIL qui m'avait achetée pour 800 $, et d'autres à qui j'avais été donnée en cadeau », a déclaré Osso, alors âgée de seize ans.
Ses ravisseurs avaient tous moins de 20 ans, a-t-elle confié.
« Pendant toute ma captivité, j'ai vécu dans la peur et dans l'horreur », a-t-elle indiqué. « Ils m'ont qualifié de kafira [infidèle] et ont fait de moi leur sabiya. »
Osso a été déplacée de Sinjar à Mossoul, puis à al-Raqqa et al-Shaddadi en Syrie avant d'être ramenée à Mossoul, où elle a finalement réussi à s'échapper pendant le mois de Ramadan en 2016 pour rejoindre la maison d'une autre famille qui l'a revendue à sa propre famille.
La jeune Yézidie vit désormais avec sa mère et ses frères restants dans un camp de réfugiés de la région kurde.
Après avoir suivi un traitement psychiatrique au Centre de soins pour les femmes rescapées à Dahuk, Osso a affirmé : « J'ai repris en main ma vie volée par l'EIIL, qui m'a privée de mon enfance et de mon adolescence ».
« J'ai regagné ma liberté et je suis aujourd'hui sur des podiums pour transmettre mon message au monde, parlant au nom de milliers de filles et de femmes emprisonnées par l'EIIL », a-t-elle déclaré.
La participation d'Osso à la conférence avait pour but de défendre « non seulement les Yézidies, mais toutes les femmes subissant des violences dans le monde », a-t-elle ajouté.
Surmonter le traumatisme
Le Centre de soins pour les femmes rescapées de Dahuk a commencé son activité lorsque la première femme yézidie a fui l'EIIL en septembre 2014, a indiqué le docteur Luma Badi, directrice du centre.
« Plus tard, nous avons ajouté des services de réhabilitation psychologique et de soutien pour aider [les victimes de l'EIIL] à surmonter leur traumatisme », a-t-elle fait savoir.
Début février, le centre avait traité près de 900 femmes originaires des minorités yézidie et chrétienne, a indiqué Badi à Al-Mashareq.
Les filles arrivent au centre « traumatisées par la violence et le viol et dans un mauvais état psychologique », a-t-elle expliqué.
« Nous avons réussi à aider certaines d'entre elles à surmonter leur épreuve, comme cela a été le cas pour Bafrin Osso et Nadia Murad, qui font part de leur souffrance au reste du monde, tandis que l'état psychologique d'autres filles s'est détérioré davantage », a-t-elle rapporté.
Le centre « s'apprête à recevoir d'autres filles enlevées par l'EIIL une fois que la libération de Mossoul sera terminée », a-t-elle poursuivi.
« Notre participation à la conférence a servi à faire passer le message que les femmes et les filles font partie des principales victimes des guerres, et à demander à ce qu'elles soient protégées lors des conflits armés », a-t-elle expliqué.
Combattantes sur la ligne de front
Face à toutes ces difficultés, certaines Irakiennes ont pris les armes contre l'EIIL et contribuent de leur propre façon à la lutte contre le groupe terroriste.
Mazda Mohammed Rashid est un officier kurde de formation dans le régiment des femmes peshmergas dans le nord de l'Irak.
Ce régiment « comprend plus de 500 combattantes âgées de 18 à 25 ans, en plus de volontaires allant jusqu'à 46 ans », a fait savoir Rashid à Al-Mashareq.
L'entraînement que suivent les combattantes porte sur l'utilisation d'armes légères et lourdes, les exercices militaires, le désarmement d'engins explosifs improvisés (EEI) et le combat en tant qu'unité spéciale.
« [La formation] leur a permis de participer à la guerre contre l'EIIL et de servir en première ligne pendant de longs mois », a-t-elle précisé.
Les combattantes ont participé à la libération de villages dans le sud de la province de Kirkouk, et plus récemment des villages autour de Mossoul, et elles continuent de participer à la bataille en cours dans les environs de la ville, a indiqué Rashid.
« Les femmes kurdes se battent avec zèle et sérieux pour défendre leur dignité, leur honneur et leur terre, en plus de leurs responsabilités envers leurs foyers et leurs familles », a-t-elle déclaré.
Oui
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L'EIIS et al-Qaïda ont été créés par Israël et l'Amérique pour occuper autant de zones des pays arabes et musulmans que possible en utilisant l'argent du Golfe et les mercenaires musulmans. Ils visent également à ternir l'image de l'islam, et cela est devenu clair pour tous, jeunes et vieux.
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