Droits de la Femme

Les militantes irakiennes reconstruisent leur pays

Par Khalid al-Taie

Les femmes yézidies qui ont réussi à échapper à « l'État islamique en Irak et au Levant » bénéficient d'une formation à la petite entreprise dans le camp de Shariya, dans la province de Dahuk. [Photo extraite de la page Facebook de Public Aid Organisation]

Les femmes yézidies qui ont réussi à échapper à « l'État islamique en Irak et au Levant » bénéficient d'une formation à la petite entreprise dans le camp de Shariya, dans la province de Dahuk. [Photo extraite de la page Facebook de Public Aid Organisation]

Les militantes du Réseau des femmes irakiennes aident les personnes et les communautés qui ont souffert des violences infligées par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) à récupérer et aller de l'avant.

Les 85 organisations irakiennes qui composent ce réseau apportent des services humanitaires à différents segments de la société, mais s'attachent avant tout à améliorer la situation des femmes déplacées internes et de celles qui ont eu à souffrir de la violence.

La Public Aid Organisation (PAO), organisation d'assistance publique, qui est l'une des composantes de ce réseau, s'efforce de mettre en place « de meilleures conditions de vie pour les femmes opprimées, qui pourraient avoir un effet bénéfique sur leurs familles et leurs communautés », a ainsi expliqué Hana Hammoud, l'une des responsables de PAO.

Dans le cadre de son programme d'autonomisation économique, l'organisation travaille chaque jour avec des femmes qui ont été déplacées de leur foyer ou sont des survivantes du terrorisme, a-t-elle ajouté pour Diyaruna.

« Nous leur apportons un soutien, des conseils et des plans pour leurs petites entreprises, afin qu'elles puissent réussir », a-t-elle précisé. « Nous avons contribué au succès et à la rentabilité de ces entreprises de femmes, et nous sommes très fiers d'elles. »

Le gouvernement et les institutions civiques doivent encourager tous les gens, notamment les femmes, à mettre à profit leur potentiel pour rebâtir leurs villes qui se remettent du fléau du terrorisme, a poursuivi Hammoud.

« Nous devons propager un esprit de collaboration et de coexistence pacifique, et renoncer à tout ce qui incite à la haine et aux représailles », a-t-elle ajouté.

Soutien psychologique pour les survivantes

Shatha Naji, présidente de Women for Peace (Femmes pour la paix), a expliqué à Diyaruna que la violence perpétrée par les groupes terroristes a eu des effets désastreux sur nombre de femmes irakiennes.

Son organisation cherche à répondre aux traumatismes psychologiques des femmes qui ont survécu au terrorisme et à documenter leur histoire, a-t-elle précisé.

« Dans le cadre de notre projet, nous avons ainsi documenté 22 histoires de femmes qui ont survécu à l'EIIL », a-t-elle rapporté.

Ces histoires, qui ont été regroupées dans un livre, donnent un petit aperçu « des violations et des crimes qui ont affecté des milliers de vies innocentes », a-t-elle ajouté.

Peu après la prise de Mossoul par l'EIIL, Women for Peace a lancé une campagne de soutien psychologique avec la participation du ministère du Travail et d'autres organisations membres du Réseau des femmes irakiennes, a expliqué Naji.

Depuis, 35 centres ont ouvert dans tout le pays.

Leur but est d'écouter les femmes qui ont survécu à la violence et de les aider à regagner leur confiance en soi afin qu'elles puissent rebâtir leur vie, a-t-elle indiqué.

Ces centres n'ont pas seulement apporté une aide en traitant des centaines de femmes, a-t-elle poursuivi, mais ils en ont aussi éduqué et formé d'autres à la manière de répondre aux crises psychologiques.

Inspirer les femmes à façonner leur avenir

Les femmes doivent jouer un rôle actif pour façonner l'avenir du pays, a expliqué Hana Edwar, présidente de l'association irakienne al-Amal.

« Nous nous efforçons d'aider les femmes à devenir des leaders efficaces au sein de leurs familles et de leur environnement communautaire », a-t-elle expliqué à Diyaruna.

L'association a organisé des ateliers de formation pour renforcer le leadership des femmes, et certaines participantes se sont réellement distinguées, a tenu à préciser Edwar.

« Par exemple, nous comptons actuellement des dizaines de femmes dans la province de Kirkouk qui ont été élues maires ou leaders de communautés et qui participent activement à diriger et servir leurs communautés », a-t-elle fait savoir.

D'autres se sont activement impliquées dans « la promotion d'une culture de la paix et la lutte contre l'idéologie extrémiste », a-t-elle ajouté.

Les organisations du réseau se sont attachées à travailler ensemble pour mieux sensibiliser à grande échelle aux dangers de maux sociaux tels que la violence domestique et le mariage des mineures, a précisé Edwar.

Ce type de problème ne pourra être éradiqué que par de vastes efforts de groupe, a-t-elle ajouté.

Des femmes dans des positions de leadership

Conformément à la constitution irakienne, les femmes détiennent 25 % des sièges parlementaires.

« Ce qui est remarquable, c'est que 20 femmes ont remporté des sièges de députées lors des élections législatives de 2014, en dehors des quotas désignés, ce qui est la preuve d'un renforcement de la confiance dans le rôle et la place des femmes dans la société », a déclaré la députée irakienne Intissar al-Jubury, membre du comité des femmes du parlement.

« Les femmes parlementaires ont joué un rôle important en matière de législation et de lutte contre la corruption, qui est l'autre visage du terrorisme », a-t-elle ajouté.

Elles ont également travaillé avec leurs pairs de l'exécutif et avec les militantes civiques pour faire apparaître au grand jour et au plan international les crimes de l'EIIL et pour venir en aide à ses victimes, a précisé al-Jubury.

Al-Jubury, député de la province de Ninive, a également parlé du soutien apporté par les femmes dans la bataille pour libérer Mossoul.

En liaison avec l'opération militaire de libération de la ville, qui a été lancée le 17 octobre, a-t-elle rappelé, elle a travaillé avec d'autres femmes parlementaires de Ninive et du Réseau des femmes irakiennes pour lancer une initiative de soutien à la paix civile.

Cette initiative comportait « une feuille de route pour restaurer la stabilité sociale en adoptant un ensemble de mesures pratiques destinées à contrebalancer les effets des crimes de l'EIIL, à en poursuivre les auteurs et à en indemniser les victimes », a-t-elle détaillé.

« Nous espérons travailler ensemble pour tracer un meilleur chemin qui permettra à notre pays d'aller de l'avant », a-t-elle conclu.

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