Le Liban a été très proactif dans ses tentatives visant à maintenir la sécurité dans le centre de Beyrouth, faisant récemment avorter un projet d'attentat de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) qui prévoyait de s'en prendre à un quartier prisé par les touristes, ont indiqué des responsables de la sécurité à Al-Mashareq.
Le 10 janvier, la Direction générale de la sûreté générale (DGSG) a arrêté un homme originaire de Sidon qui utilisait les caméras de surveillance de l'agence de développement immobilier Solidere pour surveiller le quartier du centre de la ville.
Ces actions étaient en prélude à un attentat, a indiqué la direction.
L'EIIL avait chargé cet homme, Moustafa al-Safadi, d'établir une liste de cibles et de collecter des informations sur des responsables politiques locaux et des sites économiques et touristiques, ont rapporté les médias locaux.
Al-Safadi a reconnu avoir transmis les informations ainsi collectées sur les lieux d'habitation et les déplacements de responsables politiques et de convois à une autre personne, qui, à son tour, les avait transmises à quelqu'un dans la ville syrienne d'al-Raqqa.
Al-Safadi et un complice palestinien ont été accusés « d'appartenir à un groupe terroriste, de communiquer avec des responsables de ce groupe et d'avoir facilité le départ de personnes pour rejoindre ses rangs », a précisé la DGSG le 8 février.
Selon la direction, al-Safadi « a reconnu avoir communiqué avec les leaders d'un groupe terroriste en Syrie et tenté de s'y rendre pour rejoindre ses rangs, avec l'aide d'un Palestinien arrêté en sa compagnie, grâce et en coordination avec des individus dans le camp [de réfugiés palestiniens] d'Aïn al-Hilweh ».
Il a également reconnu avoir surveillé et suivi les résidences et les déplacements de responsables politiques et de convois de sécurité passant par le centre de Beyrouth pour préparer un attentat suicide, a ajouté la direction.
Le Palestinien a admis avoir demandé à al-Safadi « des informations concernant certaines personnalités dans le centre de Beyrouth grâce à son travail d'opérateur de caméras de surveillance dans le secteur pour commettre un attentat suicide ».
Le directeur de la DGSG, le major général Abbas Ibrahim, a précisé que l'individu appréhendé « collectait des informations grâce à des caméras de surveillance installées dans le centre de Beyrouth et les transmettait à un ingénieur qui à son tour les faisait passer à un agent dans le camp de réfugiés d'Aïn al-Hilweh, qui les relayait à al-Raqqa en Syrie ».
La direction n'a pas communiqué sur cet incident, a-t-il expliqué lors d'une réunion du 8 février avec des étudiants de l'Université Saint-Joseph, « parce que l'objectif des terroristes est de déclencher une panique et de frapper l'économie, même si l'attaque n'est pas exécutée ».
Le 8 février également, la direction a démantelé une cellule terroriste active composée de trois Syriens dans le quartier de Choueifat, qui avaient établi une liste de cibles prêtes à être attaquées, ont indiqué des médias locaux.
Un engin explosif improvisé (EEI) a été retrouvé en possession de l'un des individus arrêtés.
Tentatives d'attaque contre le tourisme
La zone commerciale de Beyrouth était probablement visée en réponse aux « signes prometteurs du retour des touristes arabes et du Golfe », a expliqué Naji Malaeb, général de brigade à la retraite de l'armée libanaise et spécialiste de stratégie sécuritaire.
Les éléments terroristes cherchent à frapper des sites touristiques clés, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, soulignant que ce projet d'attentat récemment mis à jour intervient peu après un autre attentat suicide avorté contre le café Costa , dans le quartier Hamra de Beyrouth.
Dans la nuit du 21 janvier, la Direction des renseignements militaires, en coordination avec la branche d'information des Forces de sécurité intérieure (FSI), avait fait échouer une attaque et arrêté le candidat à l'attentat suicide, Omar Hassan al-Assi.
Les forces de sécurité avaient également mis la main sur une ceinture d'explosifs en sa possession.
Lors d'une récente visite au Liban, le ministre d'État saoudien chargé des Affaires du Golfe arabe Thamer al-Sabhan avait confirmé le retour des touristes saoudiens et une hausse du nombre de vols vers le Liban.
« Nous pouvons envisager des saisons de printemps et d'été prometteuses », a affirmé Malaeb.
La zone du centre récemment visée « comprend le bâtiment de la Chambre des représentants sur la Place Nejmeh et fourmille d'activités économiques et touristiques sur la place, dans les cafés et sur les marchés environnants », a-t-il précisé.
Les projets d'attentats visant Beyrouth ne sont pas des incidents isolés, a-t-il déclaré, « mais la continuation de ce qui a été mis à jour il y a peu de temps par le ministre de l'Intérieur Nohad al-Machnouk à propos de l'attaque avortée contre le Casino du Liban et les centres commerciaux à Noël et au Nouvel An ».
« Les cellules de l'EIIL sont actives et en contact avec al-Raqqa, mais les agences de sécurité mettent à jour leurs complots de manière préventive et les arrêtent », a rassuré Malaeb.
Sécurité dans le centre de Beyrouth
Le centre de Beyrouth se prépare pour le retour des touristes arabes et du Golfe, a annoncé Mounir Douaidy, directeur général de Sodidere.
« Notre société met en place des mesures préventives quotidiennes de routine avec des personnels spécialisés, dans le souci d'assurer la sûreté et la sécurité des clients et du personnel dans le centre de Beyrouth », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« Quant au problème de la sécurité, elle relève de l'autorité des agences de sécurité de l'État », a-t-il précisé à Al-Mashareq.
Le centre de Beyrouth, comme d'autres quartiers du Liban, est une zone touristique, résidentielle et commerciale, a-t-il ajouté, et l'État met en œuvre des mesures de précaution pour y maintenir la sécurité.