Terrorisme

Le Liban salue l'arrestation de « l'émir » de l'EIIL à Ain al-Hilweh

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Le 22 septembre, des soldats de l'armée libanaise montent la garde devant l'entrée du camp d'Ain al-Hilweh, près de la ville portuaire de Sidon, dans le sud du Liban, suite à l'arrestation d'Imad Yassine, un individu lié à « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Mahmoud Zayyat/AFP]

Le 22 septembre, des soldats de l'armée libanaise montent la garde devant l'entrée du camp d'Ain al-Hilweh, près de la ville portuaire de Sidon, dans le sud du Liban, suite à l'arrestation d'Imad Yassine, un individu lié à « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Mahmoud Zayyat/AFP]

La récente arrestation d'un agent de haut rang de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) dans le camp d'Ain al-Hilweh, près de Sidon, a permis d'empêcher une série d'attentats terroristes prévus, ont indiqué à Al-Mashareq des analystes militaires libanais.

Ayant eu lieu le 22 septembre, l'arrestation du soi-disant « émir » de l'EIIL Imad Yassine démontre également le niveau de coopération croissant entre les forces de sécurité libanaise et les factions au sein du vaste camp palestinien de réfugiés , ont-ils affirmé.

Agissant selon des renseignements, l'armée libanaise est entrée dans le camp pour la première fois depuis plusieurs dizaines d'années pour interpeller Yassine, qui aurait reçu des ordres du chef étranger des opérations de l'EIIL, Abou Khaled al-Iraqi, et prévoyait de perpétrer des attentats à la bombe importants dans tout le Liban.

Cette arrestation a apporté un sentiment de soulagement aux habitants de Sidon et d'Ain al-Hilweh, a informé Hassan Qoutb, chercheur en politique et stratégie et directeur du Centre libanais pour la recherche et le conseil.

L'armée libanaise a arrêté l'émir Imad Yassine, de « l'État islamique en Irak et au Levant », dans le camp d'Ain al-Hilweh, près de Sidon le 22 septembre. [Photo fournie par la Direction des conseils de l'armée libanaise]

L'armée libanaise a arrêté l'émir Imad Yassine, de « l'État islamique en Irak et au Levant », dans le camp d'Ain al-Hilweh, près de Sidon le 22 septembre. [Photo fournie par la Direction des conseils de l'armée libanaise]

« Un sentiment de soulagement s'est emparé de la ville, qui rejette toutes les manifestations du terrorisme et est déterminée à restaurer la sécurité et la stabilité, surtout car la ville et le camp sont liés », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

La Direction des renseignements de l'armée, les agences de sécurité et les factions palestiniennes d'Ain al-Hilweh ont réussi à travailler ensemble pour répondre aux problèmes de sécurité qui menacent Sidon et le camp, a-t-il expliqué.

Qoutb a indiqué qu'il espérait que ces « problèmes de sécurité trouveraient toujours une réponse », que ce soit par la reddition aux autorités de personnes recherchées dans le camp, ou par des arrestations, comme cela a été le cas avec Yassine.

« Nous avons besoin de l'arrestation de ceux qui appartiennent à des groupes terroristes, car cela aura une influence positive sur le camp avant tout, car c'est lui qui est le plus touché par l'extrémisme », a-t-il ajouté.

Opération « précise »

Yassine, âgé de 47 ans, est né dans le camp de réfugiés palestinien de Mieh Mieh, dans le sud du Liban, et a été l'un des premiers à rejoindre Usbat al-Ansar, qui a mené de multiples attentats au Liban depuis sont apparition au début des années 1990.

Il s'est séparé du groupe en 2003 pour former Jound al-Sham, avec plusieurs autres individus qui partageaient son idéologie extrémiste.

Il y avait plusieurs mandats pour son arrestation.

Des services de renseignements régionaux et internationaux ont salué l'opération ayant mené à l'arrestation de Yassine, et le général Jean Kahwaji, commandant de l'armée libanaise, a décrit l'opération comme « précise et menée avec professionnalisme ».

« La situation de sécurité est sous contrôle et l'armée est pleinement capable de s'occuper du terrorisme et de protéger la stabilité nationale malgré les circonstances [régionales] », a-t-il ajouté.

L'opération d'arrestation a été « qualitative selon tous les standards », a déclaré le général de brigade et analyste militaire Richard Dagher, officier de l'armée à la retraite, notant qu'elle avait été menée par une unité spéciale des renseignements de l'armée, avec une longue expérience de lutte contre le terrorisme.

« Cette unité a traduit ses capacités avancées et ses renseignements de sécurité en une infiltration du plus grand ghetto sécuritaire, et a mené une opération décisive à toute vitesse, sans faire couler une goutte de sang », a-t-il précisé à Al-Mahsareq.

Communication avec al-Raqqa

Ain al-Hilweh abrite plusieurs groupes palestiniens, dont certains groupes extrémistes affiliés à l'EIIL et au Front Fatah al-Cham, a indiqué Dagher.

L'interpellation de Yassine « apporte des résultats positifs et très précieux aux agences de sécurité », a-t-il déclaré, ajoutant que d'après les enquêtes, il avait prévu « de prendre pour cible plusieurs centres commerciaux, des bâtiments résidentiels et des positions de l'armée ».

L'opération a réussi à empêcher d'importantes brèches de sécurité, et a également révélé les plans de l'EIIL pour le Liban, a-t-il poursuivi.

Yassine a été arrêté au cours d'une « opération de sécurité audacieuse et bien préparée, en plein jour, au cœur du camp d'Ain el-Hilweh », a déclaré le journaliste libanais Daoud Rammal, qui a couvert l'arrestation et les enquêtes qui y ont fait suite.

« C'est la première fois depuis des décennies qu'une unité de commandos libyens pénètre dans le camp », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

L'interpellation de « l'émir de l'EIIL » est arrivée après que des agences de sécurité ont surveillé ses communications directes avec le quartier général de l'EIIL à al-Raqqa, en Syrie, qui ont révélé son intention de mener des attaques au Liban, a précisé Rammal.

Par cette surveillance, la Direction des renseignements a pu dévoiler un plan terroriste que Yassine élaborait en coopération avec Abou Khaled al-Iraqi, le chef des opérations externes de l'EIIL, a-t-il indiqué.

Les informations et la surveillance ont démontré qu'il était sur le point de mener une série d'attaques simultanées de vaste ampleur dans plusieurs lieux afin de provoquer des pertes et des dégâts conséquents à l'économie et au tourisme libanais, a-t-il ajouté.

Attaques planifiées

Selon Rammal, Yassine était « sur le point de mener des attaques simultanées sur le Casino du Liban, dans le centre-ville de Beyrouth, la Banque centrale et les centrales électriques d'al-Jiyeh et Zahrani ».

« Il prévoyait aussi un attentat à la bombe important sur le marché d'Ithnain à Nabatiyeh, et d'attaquer les forces de maintien de la paix de la FINUL au sud de la rivière Litani, et des patrouilles et postes de l'armée », a décrit Rammal.

L'opération d'arrestation de Yassine a été terminée rapidement, a-t-il relaté, après la mise en place de précautions de sécurité supplémentaires autour du camp, à Sidon et ses entrées, et sur plusieurs autres sites sensibles.

Depuis son interpellation, Yassine a avoué plusieurs attaques qu'il prévoyait de lancer pour l'EIIL, a déclaré Rammal.

« Son arrestation est un message clair que le commandement de l'armée répondra fermement à toute attaque dirigée contre l'armée ou le périmètre du camp », a-t-il ajouté.

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