Économie

Les ingénieurs planchent sur l'avenir de la Syrie

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Une vue d'ensemble montre une usine de ciment dans le district Sheikh Saeed d'Alep, le 31 janvier, alors que des spécialistes de l'ingénierie visitent cette usine pour analyser comment réparer les destructions et recommencer à fabriquer du ciment pour reconstruire la partie est d'Alep. [George Ourfalian/AFP]

Une vue d'ensemble montre une usine de ciment dans le district Sheikh Saeed d'Alep, le 31 janvier, alors que des spécialistes de l'ingénierie visitent cette usine pour analyser comment réparer les destructions et recommencer à fabriquer du ciment pour reconstruire la partie est d'Alep. [George Ourfalian/AFP]

L'initiative Sketch for Syria qui vient de s'achever a donné aux ingénieurs et architectes de Syrie et d'ailleurs l'occasion d'envisager un avenir plus radieux dans ce pays déchiré par la guerre, et de commencer à y travailler.

Les conceptions lauréates produites pour cette initiative, portées par l'Università Iuav di Venezia italienne en collaboration avec la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'ouest de l'Asie, ont été présentées le 18 janvier à la Maison de l'ONU à Beyrouth.

Cette initiative intervient alors que les promoteurs et investisseurs fonciers du Liban et internationaux commencent à préparer la reconstruction de la Syrie.

« Nous avons lancé un appel global en février 2016 aux architectes, penseurs et artistes syriens, ainsi qu'aux architectes du monde entier pour qu'ils élaborent une vision de la manière de reconstruire la Syrie de l'après-guerre », a expliqué Luna Rajab, coordinatrice de Sketch for Syria.

Les participants à Sketch for Syria présentent leur vision de l'avenir de la Syrie à la Maison de l'ONU à Beyrouth. [Photo fournie par Sketch for Syria]

Les participants à Sketch for Syria présentent leur vision de l'avenir de la Syrie à la Maison de l'ONU à Beyrouth. [Photo fournie par Sketch for Syria]

« Nous avons distribué les carnets de croquis de cette initiative et en avons reçu en retour plus de 200, provenant de 26 pays arabes et étrangers, y compris 85 de Syrie même », a rapporté Rajab, elle-même architecte syrienne.

Amer al-Issa, étudiant en Beaux-Arts de l'université de Damas, a remporté la première place pour sa vision, le comité de sélection choisissant de présenter 150 carnets supplémentaires, dont 53 originaires de Syrie.

Vision pour le futur

Les schémas proposés envisagent l'urbanisme résidentiel et commercial, la construction de bâtiments écologiques et les moyens de tirer parti des ressources naturelles de la Syrie.

Ils abordent également la mise en place de zones industrielles, les réseaux routiers et de transports destinés à connecter les différentes régions, ainsi que la construction d'unités résidentielles temporaires pouvant être transformées en logements permanents.

Certains ont axé leurs travaux sur « la réhabilitation des sites archéologiques », a indiqué Rajab.

Ces plans « sont actuellement exposés à l'université de Venise, qui prépare un livre électronique contenant toutes les idées et conceptions proposées », a-t-elle précisé, ajoutant que l'exposition pourrait finalement être déplacée vers une université de Beyrouth.

La Syrie a besoin d'un énorme travail de reconstruction, a-t-elle confié, « l'estimation initiale des dégâts est supérieure à 400 milliards de dollars. »

Parmi ces schémas se trouve la vision stratégique présentée par l'architecte syrien Abdoul Ghani Warda, qui s'est intéressé à la nécessaire reconstruction des infrastructures en parallèle avec le besoin d'apporter la sécurité aux millions de personnes déplacées.

Sa vision prend en compte le logement et les infrastructures d'urgence, ainsi que le besoin de réhabiliter les infrastructures existantes à côté des nouvelles constructions.

« J'ai tenu compte de la mise en place de zones industrielles centralisées connectant le nord (Alep, une zone d'importation et industrielle) et la côte (Latakia et Tartous), riche en ressources agricoles et touristiques », a-t-il décrit.

Sa vision inclut Deir Ezzor et al-Hasakeh, « riches en pétrole, en gaz, en matières premières et en ressources agricoles », a-t-il ajouté, ainsi que les régions de Daraa et de Sweida.

Il s'est également intéressé aux moyens de lutter contre la désertification à Badiat al-Sham (dans le désert de Syrie) et à l'utilisation de l'Euphrate pour produire de l'électricité.

Industrie et infrastructure

L'architecte syrienne Alaa al-Khatib a proposé une vision qui intègre les concepts « d'architecture verte, d'environnement durable et de développement des communautés et des civilisations, du patrimoine et de la culture ».

Elle a proposé que les centres de l'industrie maritime soient implantés dans la région côtière, gardant à l'esprit le futur commerce international via les ports méditerranéens, et que des zones réservées soient mises en place pour les industries pétrolières et pour le développement et l'amélioration de la culture du blé dans la région de l'est.

« J'ai également proposé la mise en place d'une zone de développement économique dans le nord, non loin d'Alep », a-t-elle ajouté, précisant que cette zone abritera des sociétés et des marchés d'électronique et financiers.

Al-Khatib a indiqué que son plan permettra de préserver le caractère d'Alep et son patrimoine, et s'attachera au développement de l'agriculture dans sa région sud.

Elle a proposé que toutes les régions soient connectées par un « réseau ferroviaire à grande vitesse ».

Son plan plaide également en faveur de l'adoption de transports solaires et du recyclage des eaux usées pour les utiliser dans l'agriculture et pour lutter contre la désertification.

« J'ai adopté une nouvelle méthodologie architecturale intégrant bâtiments verts et énergie solaire, pour répondre aux besoins de la construction des structures, et la réhabilitation des souks pour devenir des musées ouverts, ainsi que le développement du patrimoine et la renaissance de l'artisanat traditionnel », a-t-elle expliqué.

Investissement libanais

Les investisseurs libanais attendent la fin du conflit en Syrie pour contribuer à l'effort de reconstruction, a déclaré à Al-Mashareq Violette Ghazal Balaa, rédactrice en chef d'Arab Economic News.

« Des informations circulent actuellement à Beyrouth, indiquant qu'ils ont sélectionné une zone dans la Bekaa pour servir de plateforme de lancement aux opérations d'investissement en Syrie », a-t-elle indiqué.

De nouvelles sociétés libanaises ont vu le jour pour s'engager dès le début dans ces activités de reconstruction, en partenariat avec des agences gouvernementales libanaises et des entreprises internationales.

La région libanaise de Tripoli , proche de la frontière syrienne, « se prépare, avec toutes ses installations publiques et privées, à jouer un rôle de premier plan dans la future phase de reconstruction à partir du port de la ville », a-t-elle ajouté.

Le port a été un point de transit à destination et en provenance de pays de la région depuis avant les années 1970, a expliqué Balaa, et il dispose des quais permettant d'accueillir des navires-cargos chargés de biens à transporter en Syrie.

« Les habitants de Tripoli anticipent une reprise économique de la ville à plusieurs niveaux, avec l'ouverture des frontières à la main d'œuvre, au commerce et aux exportations », a-t-elle précisé.

Les infrastructures de Tripoli, « y compris le gazoduc qui va de Homs au Nord Liban et la liaison ferroviaire reliant le port de Tripoli à la Syrie aideront à réduire le coût des investissements libanais en Syrie », a-t-elle conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)

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Oui, et si Allah le veut, mon pays reviendra en bien meilleure forme. Allah, apporte-nous ton soulagement !

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