L'Égypte a renforcé les mesures de sécurité dans les quartiers résidentiels afin de déloger les cellules terroristes qui se cachent dans des appartements loués, expliquent des responsables à Al-Mashareq.
Les appartements meublés loués pour des baux de courte durée sont examinés de plus près après qu'il a été révélé que les éléments extrémistes les ont utilisés pour planifier des attaques et échapper à la justice, ont-ils déclaré.
Les membres de plusieurs cellules terroristes ont été arrêtées lors de raids sur ce type d'appartements dans plusieurs zones, impliquant souvent des affrontements avec les forces de sécurité, ont indiqué des responsables de la sécurité.
« Au cours des derniers mois, plusieurs opérations de sécurité ont conduit à l'arrestation ou à la mort de terroristes cachés ou barricadés dans des appartements meublés qu'ils avaient loués sous leur nom ou celui d'autres personnes », a rapporté le lieutenant-colonel Amin al-Zaïni, de la police égyptienne et attaché auprès d'Interpol.
Les terroristes ont également utilisé de fausses cartes d'identité et ont payé d'énormes sommes d'argent, souvent plusieurs fois le prix du loyer de l'appartement, pour que le propriétaire n'informe pas la police de leur accord, a-t-il expliqué.
« Le processus de location se fait généralement par des contrats rapides qui ne sont pas enregistrés auprès des services gouvernementaux, ne portant que la signature du locataire et du bailleur, de l'intermédiaire ou de l'agent immobilier gérant la propriété », a-t-il précisé.
Ce type d'accord est de plus en plus commun dans des zones comme le 6-Octobre, le centre-ville du Caire, al-Warraq, Dar es-Salaam, al-Basateen, al-Matariyah, le Pont de Suez, Aïn Shams et Helwan.
Une coopération complète est nécessaire
Al-Zaïni a souligné le besoin d'une « coopération totale de la part des citoyens, intermédiaires et propriétaires d'agences immobilières avec les autorités de sécurité en ce qui concerne le signalement de tout suspect ayant pu louer un appartement ».
Plusieurs raids et arrestations ont été effectués grâce à des renseignements fournis par des membres du public, et immédiatement suivis par des enquêtes pour vérifier leur véracité, a-t-il ajouté.
« Les raids sur des appartements, qui ont lieu quasiment quotidiennement, sont des frappes préventives dirigées contre les groupes terroristes », a déclaré al-Zaïni.
Les récentes arrestations de membres du Mouvement Hasm , ainsi que des personnes impliquées dans l'attentat à la bombe contre l'église copte orthodoxe Saint-Pierre et Saint-Paul, ont fait suite à des raids sur les appartements qu'ils avaient loués, a-t-il indiqué.
Dans plusieurs cas, les extrémistes ont utilisé les appartements loués pour fabriquer des engins explosifs improvisés (EEI) et d'autres engins explosifs, ou comme lieux de stockage pour des armes et des explosifs.
Les raids sur les appartements meublés ont une justification légale et sont menés avec l'approbation du procureur général, a précisé al-Zaïni.
« Ces opérations sont menées avec un haut niveau de coordination entre les différents services actifs du ministère de l'Intérieur, y compris les divisions d'enquête, de police, de police du tourisme, et d'Interpol, qui coordonnent le suivi des listes de personnes recherchées nationales et internationales », a-t-il déclaré.
Le processus de location est peu régulé
« Les enquêtes sur les occupants d'appartements meublés ne sont pas une nouveauté », a affirmé Ahmed Omar, professeur de droit pénal à l'université Mansoura, ajoutant que l'instabilité des années dernières a contribué au déclin de la supervision du processus de location.
La plupart des locations ne sont pas documentées, a-t-il déclaré, car elles ne sont pas soumises à la loi applicable sur la location, et les noms qui y sont liés ne font pas l'objet d'une surveillance par les autorités de sécurité, comme c'est le cas dans les transactions officielles du gouvernement.
De plus, a-t-il poursuivi, il y a eu une augmentation du nombre de taudis construits sans permis, ce qui a étendu les zones habitées.
La location d'appartements meublés en particulier a été globalement laissée sans réglementation, a-t-il indiqué, « ce qui a permis aux terroristes de les utiliser comme lieux sûrs et comme repaires avant et après leurs attaques terroristes ».
Ce désordre dans les procédures de location a poussé à l'action les « forces de sécurité et de renseignements, qui ont dressé une liste complète de tous les appartements meublés dans toutes les provinces grâce à des inspections sur le terrain et une étude de tous les districts », a rapporté Omar.
Les données personnelles des locataires et de tous les autres occupants ont été obtenues et comparées aux informations fournies par les personnes ayant traité le processus de location, a-t-il ajouté.
« Des instructions ont été fournies à tous les propriétaires d'appartement et à ceux qui travaillent dans la location, leur demandant d'envoyer toutes les informations liées à la location au commissariat de police de leur quartier, sous peine d'être considérés comme juridiquement responsable », a indiqué Omar.
Supervision accrue des locations
« La division d'enquêtes des services de police a imposé plusieurs mesures concernant la location d'appartements meublés », a fait savoir à Al-Mashareq Ahmed Ismaïl, propriétaire d'une agence immobilière du district d'al-Maadi.
Chaque zone est surveillée par un commissariat, a-t-il déclaré, qui possède une division d'enquêtes chargée d'assurer un suivi avec les propriétaires d'agences, les intermédiaires, les propriétaires d'appartements, et même les portiers.
Toutes les entités doivent fournir à la division d'enquêtes des informations concernant tout nouveau locataire, quelle que soit la durée du bail, a-t-il précisé.
Les informations requises comprennent les données personnelles du locataire, une copie de sa carte d'identité et du contrat de location, a-t-il indiqué, ainsi que les données personnelles de tous les occupants et ceux qui fréquentent régulièrement l'appartement.
Certains propriétaires d'appartement interdisent même ou limitent les visiteurs, a-t-il ajouté.
« Le nombre d'appartements meublés augmente depuis les années 1980 », a déclaré à Al-Mashareq Mahmoud al-Mohammad, de la Chambre des entreprises du tourisme du ministère du Tourisme.
Il a attribué cela au besoin d'accueil de touristes locaux et étrangers en Égypte.
Les crises économiques successives ont également contribué à l'augmentation des logements disponibles, a-t-il ajouté, « les appartements meublés étant devenus une source de revenus supplémentaires pour les familles égyptiennes ».
Cette tendance du marché immobilier s'est accélérée avec la construction d'un grand nombre de bâtiments sans permis, a-t-il poursuivi, et s'est étendue à toutes les régions, y compris dans les zones à faibles revenus, après avoir initialement été confinée aux régions riches et touristiques.
Les mesures de sécurité prises « sont nécessaires pour contrôler cette nouvelle situation et l'exploitation de ces appartements par les terroristes », a affirmé al-Mohammad.
Réguler les appartements meublés et les placer sous surveillance fournira des résultats positifs sur les plans sécuritaire social, a-t-il conclu.