Jeunesse

Des organisations de jeunesse libanaises défient l'extrémisme

Par Nohad Topalian à Beyrouth

De jeunes hommes de Tripoli, au Liban, participent à des travaux de réhabilitation dans un quartier de la ville. [Photo fournie par The One Voice Team]

De jeunes hommes de Tripoli, au Liban, participent à des travaux de réhabilitation dans un quartier de la ville. [Photo fournie par The One Voice Team]

En plus de mettre en garde les adolescents contre les dangers de l'idéologie extrémiste, les groupes communautaires à Tripoli et ailleurs aident les jeunes à canaliser leur énergie dans des travaux positifs qui amélioreront leurs quartiers.

Grâce à ces efforts, ont indiqué des activistes à Al-Mashareq, certains ont réussi à empêcher des jeunes mécontents de rejoindre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) en Syrie et en ont réhabilité d'autres qui ont combattu dans ses rangs.

The One Voice Team, groupe créé après les attentats à la bombe de 2013 dans les mosquées d'al-Taqwa et al-Salam à Tripoli, supervise un projet pour peindre 26 escaliers entre les quartiers rivaux de Bab al-Tabbaneh et Jabal Mohsen à Tripoli.

Ce projet de service public permet aux participants, âgés de 14 à 17 ans, de transformer leur énergie négative en énergie positive, a expliqué Sara Rahouli, cofondatrice du groupe.

L'art a été « le moyen d'expression principal pour les opinions et les sentiments des jeunes ayant perdu leurs parents » dans les attentats de 2013, a-t-elle précisé à Al-Mashareq, ajoutant que l'organisation travaille à résoudre les conflits par l'art et le théâtre.

À ce jour, l'équipe a terminé 25 escaliers sur 26, a-t-elle indiqué, mais a connu de nombreuses difficultés dans son travail.

Certains jeunes avaient perdu des parents ou des proches dans les violences qui avaient frappé Tripoli, les laissant vulnérables face à l'idéologie extrémiste, aux tentatives de recrutement et à la consommation de drogue.

« Nous avons jusqu'ici travaillé avec 60 jeunes qui avaient été influencés par l'idéologie de l'EIIL et d'autres groupes terroristes », a-t-elle déclaré.

Certains ont combattu dans les rangs de l'EIIL, a-t-elle ajouté, notant que l'équipe a pu réhabiliter plus de 10 anciens combattants dans la communauté.

« Nous poursuivons notre travail avec les autres pour les réhabiliter », a indiqué Rahouli.

Espoirs de paix

En 2015, un groupe de jeunes Tripolitains a fondé le groupe « Spirit of Youth », une organisation communautaire d'hommes et de femmes d'âges et d'origines sociales et culturelles diverses venus de Jabal Mohsen et d'autres zones de Tripoli.

Cette organisation a pour but d'éloigner les jeunes de l'extrémisme et de les protéger contre les maux sociaux, selon son président, Ahmad Hamad.

« Après les violences qui ont eu lieu dans la ville, nous souhaitions la paix », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Le plan de sécurité mis en place par l'armée devait être complété par le renforcement du rôle du travail social pour instiller l'esprit de citoyenneté et de foi dans le rôle constructif des jeunes dans la société », a-t-il déclaré.

« Nous travaillons dans tout Tripoli, et à Jabal Mohsen en particulier, avec 100 jeunes bénévoles qui implémentent des projets de développement, éducatifs, culturels, sociaux, et de santé », a précisé Hamad.

L'organisation organise également des activités éducatives pour mettre en garde les jeunes contre les dangers liés aux groupes terroristes, a-t-il ajouté.

« Spirit of Youth » s'allie avec d'autres organisations pour renforcer le rôle des jeunes dans la communauté, pour leur fournir un soutien psychologique, et pour mener des formations sur la prévention de la violence sous toutes ses formes, a-t-il déclaré.

Défier l'extrémisme

En octobre, un groupe de neuf étudiants de l'Université arabe de Beyrouth (UAB) ont lancé la campagne « Seeming » pour sensibiliser leurs camarades à l'idéologie extrémiste et aux actions violentes qu'elle peut inciter.

Lancée avec le soutien du Centre des droits de l'Homme de l'université, cette campagne a pour but d'expliquer et de discréditer la pensée radicale au cœur des groupes extrémistes.

L'un des membres de l'équipe de campagne est un ancien extrémiste qui parle maintenant aux jeunes pour les immuniser contre l'idéologie radicale, a déclaré Marwa Faraj, la responsable du Centre des droits de l'Homme chargée de la campagne.

La campagne « Seeming » vise « à montrer à un extrémiste qui est convaincu du bien-fondé de ses croyances le bon chemin qu'il doit prendre pour accomplir ses ambitions d'une meilleure façon », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.

Cela peut inclure de l'activisme dans la société civile pour demander des droits d'une manière civile et pacifique, a-t-elle ajouté.

Les étudiants menant la campagne se concentrent sur les jeunes de 14 à 25 ans, a-t-elle rapporté, car les études et les statistiques indiquent que ce groupe démographique est le plus vulnérable à l'idéologie extrémiste, et s'efforcent de contrer l'extrémisme religieux.

La campagne a démarré sur les réseaux sociaux et a été suivie par un atelier de formation à la « Lutte contre le terrorisme », a déclaré Faraj, ajoutant que les étudiants impliqués dans la campagne ont été sélectionnés comme « ambassadeurs de la paix ».

L'atelier a exploré « l'Histoire de l'extrémisme et ses liens avec la démocratie et les groupes islamistes », a-t-elle relaté. « L'extrémisme a aussi été abordé d'un point de vue psychologique, ainsi que la façon dont les extrémistes utilisent les réseaux sociaux pour atteindre le plus grand nombre possible et pour faire l'apologie de leurs idées. »

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