Des responsables religieux libanais soulignent la nécessité d'une convergence entre les communautés sunnite et chiite du pays pour endiguer la marée montante de l'extrémisme.
Les tensions entre ces deux courants de l'islam font que les jeunes Libanais sont maintenant plus susceptibles d'embrasser l'idéologie extrémiste, ont expliqué des responsables sunnites et chiites à Al-Mashareq.
Ces tensions ont été alimentées par l'intervention du Hezbollah dans le conflit syrien, ont-ils déclaré, et par la lutte contre une idéologie extrémiste qui a poussé les jeunes sunnites à aller combattre aux côtés de groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).
Les responsables religieux modérés des deux sectes doivent combiner leurs forces et engager de toute urgence un dialogue dans le but de lutter contre la propagation de l'idéologie extrémiste et protéger la jeunesse libanaise, ont-ils indiqué.
Les imams et les intellectuels sunnites et chiites jouent un rôle essentiel dans les appels à la tolérance entre les sectes visant à conserver l'image honorable de l'islam, a fait savoir Sheikh Khaldoun Oraymet, secrétaire général du Centre islamique d'études et des médias.
« Nous sommes tous conscients que les divergences qui sont apparues entre sunnites et chiites au Liban sont dues avant tout à l'implication de groupes politiques sectaires dans le conflit actuel en Syrie », a-t-il affirmé à Al-Mashareq.
Cela a engendré un fort ressentiment au sein de la population libanaise, a-t-il ajouté.
« Nos problèmes sont dus aux groupes religieux et aux mouvements politiques sectaires qui sont dominés par l'Iran et qui suivent [la doctrine] Wilayat al-Faqih idéologiquement, religieusement et financièrement », a-t-il déclaré.
Au Liban, ces groupes sont représentés par le Hezbollah, a-t-il précisé.
Dialogue entre sunnites et chiites
Les intellectuels religieux sunnites et chiites jouent un rôle essentiel dans la promotion de l'unité, a déclaré Oraymet.
Il y a eu un dialogue permanent entre Dar al-Fatwa et le Conseil suprême islamique chiite destiné à « clarifier la situation et propager la culture de l'ouverture et de la convergence entre les sectes », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, a-t-il ajouté, les responsables politiques libanais modérés des deux sectes, comme le président du parlement Nabih Berri et le secrétaire général du Courant du futur Saad Hariri, mènent des dialogues parallèles.
Ces efforts permettront de combattre l'idéologie extrémiste qui peut conduire au terrorisme et mettre fin aux tensions destructrices entre les jeunes, a-t-il ajouté.
« Les désaccords entre sunnites et chiites sur le conflit en Syrie et ses répercussions sur la scène libanaise [peuvent être] attribués à l'intervention flagrante du Hezbollah en Syrie », a déclaré Oraymet.
« Les religions appellent à la paix, à l'amour et à la culture de la communication avec les autres », a déclaré Sheikh Mohammed Ali al-Hajj al-Ameli, directeur de la Hawza de l'Imam al-Sajjad.
« Malheureusement, nous assistons actuellement à l'exploitation de la religion à des fins politiques et à l'exploitation de la philosophie islamique pour la guerre par des groupes qui alimentent le conflit sectaire », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Cela a eu une incidence négative sur les relations entre les musulmans, a-t-il ajouté.
Appels à la convergence
Al-Ameli a souligné que le rôle des responsables religieux des deux sectes est de faire revenir les gens à la philosophie de tolérance de l'Islam.
« La philosophie de l'Islam abonde en références et en appels à la convergence, et c'est dans cet esprit que nous voyons toutes les initiatives individuelles et conjointes d'organiser des rencontres spirituelles pour parvenir à la convergence, qui nous aidera à combattre le phénomène du terrorisme au sein de notre jeunesse », a-t-il ajouté.
Les défis sont toutefois importants, a-t-il poursuivi, « en raison de l'existence d'un environnement qui promeut l'extrémisme, les tensions religieuses et la haine dans les deux sens ».
« En tant que responsables religieux et intellectuels chiites, nous ne voyons aucun avantage à lutter en Syrie et avons toujours présenté une position d'opposition et appelé au dialogue avec les sunnites », a-t-il ajouté.
Malheureusement, a poursuivi al-Ameli, ceux qui appellent au dialogue et à l'unité entre les deux sectes ne parlent pas d'une voix suffisamment forte.
« Nous propageons la culture de la paix et de l'amour parce que nous devons absolument parvenir à la convergence entre sunnites et chiites pour contrer les forces takfiristes qui utilisent la religion comme couverture pour atteindre leurs objectifs politiques », a-t-il expliqué.
Les responsables religieux chrétiens sont eux aussi appelés à sensibiliser « aux responsabilités que nous portons les uns envers les autres », a expliqué le révérend Joseph Mwanness, secrétaire général de la commission de la presse épiscopale du Centre des médias catholiques.
« Cela s'applique à l'ensemble des courants », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, se félicitant du rôle positif joué par le Grand moufti du Liban, Abdoul Latif Derian et le vice-président du Conseil suprême islamique chiite Sheikh Abdel-Amir Qabalan dans le processus de réconciliation.
« Cela soulage le climat de tensions [sectaires] », a-t-il précisé, soulignant que « chacun doit développer sa capacité à oublier les offenses et à pardonner ».
Le dialogue doit commencer par se mettre d'accord sur le fait que nous sommes des humains avec des opinions et des idées diverses, et il est donc naturel que l'on ne soit pas d'accord. Nos différences devraient être limitées aux idées, et s'arrêter là. Nos relations doivent être amiables et nous devrions nous respecter mutuellement et partager la tolérance et l'amour entre nous pour pouvoir atteindre la sécurité.
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