Le récent appel du Grand imam d'Al-Azhar à une fatwa interdisant les luttes internes entre sunnites et chiites a été reçu positivement par les deux confessions musulmanes.
Cet appel est important et opportun, ont déclaré des clercs à Al-Mashareq, car la région est gagnée par des tensions sectaires, et la véritable nature de l'islam est ébranlée par des groupes extrémistes qui commettent des actes criminels au nom de la religion.
Dans une interview du 24 juillet, donnée au journal koweïtien Al-Anbaa, Cheikh Ahmed al-Tayeb a appelé les érudits sunnites et chiites à publier des fatwas interdisant les luttes internes entre les deux branches et demandant la fin du carnage dans la région.
Il a affirmé que le déferlement d'une idéologie extrémiste dans le monde musulman avait produit des groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), et le groupe anciennement appelé Front al-Nosra (FAN), entre autres.
Al-Azhar ne fait pas de différence entre les sunnites et les chiites, a-t-il indiqué, mais qu'il respecte la chahada – la profession de foi musulmane qui stipule qu'il n'y a qu'un Dieu, et que Mohammed est son prophète.
Al-Azhar cherche à promouvoir un islam modéré, a-t-il expliqué, et continue de soutenir l'appel au rapprochement entre sunnites et chiites qui avait été lancé par l'ancien Grand imam d'Al-Azahr, Cheikh Mahmoud Shaltout, et le clerc chiite Taqiouddin al-Qoummi.
« Il est devenu plus facile d'atteindre les objectifs de l'islam et de contrer les groupes extrémistes qui publient des fatwas contraires à la religion, maintenant que l'odieuse vérité les concernant a été dévoilée », a ajouté al-Tayeb.
Besoin urgent de réparer les divisions
« Ce nouvel appel lancé par le Grand imam d'Al-Azhar est très important en raison du moment où il se produit et du besoin urgent qu'il représente au vu des fortes tensions sectaires enveloppant la région », a indiqué Mazen Zaki, directeur du département médiatique du Centre pour les études et la recherche de terrain Ibn al-Waleed en Égypte.
Ceci est particulièrement important à la lumière des actions de groupes extrémistes comme l'EIIL et l'ancien FAN, maintenant appelé le Front Fatah al-Sham, a-t-il poursuivi.
Al-Azhar est pleinement conscient du besoin d'émettre de tels appels, lesquels recevront le soutien de clercs musulmans des deux branches, a-t-il déclaré.
« Dernièrement, Al-Azhar a été la cible de nombreuses campagnes médiatiques tentant de ternir son image en le représentant comme un symbole de la discorde entre les musulmans », a indiqué Zaki.
L'institution a contré ces accusations par des mesures concrètes, parmi lesquelles des rencontres entre des érudits d'Al-Azhar et des clercs chiites, a-t-il détaillé, notant que le Grand imam s'était également joint à la prière de musulmans chiites en Indonésie plus tôt cette année.
« La réalité sur le terrain du conflit entre les sunnites et les chiites n'est pas ce qu'elle semble être, ou ce qu'elle semble signifier », a-t-il affirmé, ajoutant qu'il est important de faire la distinction entre les deux branches de l'islam et celles qui cherchent à les exploiter à leurs propres fins politiques.
Al-Azhar a « déclaré à plusieurs reprises qu'elle faisait la distinction entre le véritable chiisme et le chiisme politique qui est disséminé par des incitations financières », a-t-il rapporté, ajoutant que l'essence de la relation doit être ramenée à sa vraie nature.
Rapprochement sunnisme-chiisme
« Les appels lancés par Al-Azhar cherchent réellement à rapprocher les sunnites et les chiites », a affirmé Cheikh Ahmed Karima, professeur de jurisprudence comparée à l'université d'Al-Azhar et membre de l'Association des anciens érudits.
« L'appel du Grand imam n'est pas le seul. Bien d'autres l'ont précédé, à la fois par l'institution d'Al-Azhar et les imams d'Al-Azhar », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Toutes les actions entreprises pour rapprocher les deux branches principales de l'islam « sont favorables à l'amélioration des musulmans et représentent un élément clef pour l'élimination du sectarisme qui gangrène les sociétés musulmanes, car remédier au sectarisme réforme la société musulmane dans son ensemble », a-t-il soutenu.
Ce conflit sectaire a créé de nombreux autres conflits et a divisé les peuples de la région en camps rivaux, a-t-il expliqué, indiquant à Al-Mashareq qu'il dirigeait un groupe d'érudits d'Al-Azhar qui commencera bientôt à préparer un vaste dossier sur le rapprochement sunnisme-chiisme.
Ceci réfutera nombre d'idées reçues que des groupes comme l'EIIL tentent de répandre au nom de la religion, a-t-il ajouté.
Révéler la fausseté des extrémistes
Le clerc libanais Cheikh Hassan Mchaymech, un chiite du Forum indépendant des érudits, a salué le geste du Grand imam.
Il a déclaré à Al-Mashareq qu'il appelait à son tour « tous les érudits musulmans du monde entier, sans exception, à publier une fatwa interdisant les luttes internes entre sunnites et chiites »
L'appel au rapprochement du Grand imam d'Al-Azhar vise à préserver l'unité, la cohésion et le sang des musulmans, a affirmé Mchaymech.
« L'effort de jurisprudence fait pour rapprocher les musulmans chiites et sunnites est nécessaire pour que les musulmans s'intègrent et s'unissent », a-t-il ajouté, appelant à une réponse unanime à l'initiative du Grand imam.
Les érudits musulmans doivent soutenir cette initiative, a-t-il déclaré, car elle vise à révéler la vérité sur les extrémistes « sauvages et criminels » opérants sous le nom de la religion et qui ont fait du tort à l'image de l'islam.
il est indispensable de rapprocher les deux branches de l'islam car les conflits récents, instrumentalisés pour des raisons politiques, ont provoqué des massacres de chiites en Egypte et dans des pays africains, en Syrie... il semble que les discours d'Al Azhar commencent à faire effet, tant mieux
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Merci Allah. Voilà ce qu'il faudrait dire ; nous sommes des musulmans, nous ne devrions pas nous combattre.
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