Économie

Le conflit frontalier menace le tourisme au Liban

Nohad Topalian à Beyrouth

Deux travailleurs dans un restaurant d'Atelias à Beyrouth, assis dehors dans l'attente de clients. Le secteur du tourisme a souffert d'attaques terroristes par des groupes extrémistes et la guerre en Syrie. [Nohad Topalian / Al-Mashareq]

Deux travailleurs dans un restaurant d'Atelias à Beyrouth, assis dehors dans l'attente de clients. Le secteur du tourisme a souffert d'attaques terroristes par des groupes extrémistes et la guerre en Syrie. [Nohad Topalian / Al-Mashareq]

L'économie libanaise continue de souffrir en raison du conflit en cours en Syrie et à la suite d'attaques menées par "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL) le long de la frontière, et plus récemment, dans la ville d'al-Qaa.

Le début 2016 a connu une légère hausse du tourisme - une industrie vitale au Liban - avec un taux d'occupation des hôtels atteignent 70 à 75 pour cent en mai, selon le ministre du Tourisme Michel Pharaon.

Cependant, ces chiffres ont chuté à la suite de l'attaque contre le siège de la banque de BLOM (Banque du Liban et d'Outre-Mer) à Beyrouth le 12 juin et l'attaque terroriste du 27 Juin à al-Qaa.

Au cours des premières heures du 27 juin, quatre kamikazes ont fait exploser leurs ceintures d'explosifs dans cette ville frontalière libanaise avec la Syrie, suivie par quatre autres attentats-suicides en fin de soirée.

'Venez passer l'été avec nous'

Les attaques ont coïncidé avec le début de la saison touristique estivale, frappant davantage ce secteur qui souffre déjà.

La baisse du nombre de visiteurs au Liban et l'absence presque totale de touristes du Golfe ont incité les acteurs du secteur touristique à lancer un appel aux touristes et aux expatriés libanais intitulé "Venez passer l'été avec nous".

Tony Ramy, président du Syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries au Liban, a déclaré que la campagne vise à revitaliser et à promouvoir le tourisme dans ses diverses formes.

"Sans aucun doute, les secteurs du tourisme [...] sont parmi les plus [négativement] affectés par l'état de l'instabilité et le terrorisme mobile", a-t-il déclaré à Al-Mashreq.

Rami a indiqué que "les pertes subies par les secteurs du tourisme sont énormes" au point que certaines entreprises ont fermé leurs portes tandis que d'autres arrivent à peine à poursuivre leurs activités à cause de la médiocrité de leurs revenus.

"Le secteur touristique se trouve menacé par le spectre d'actes de terrorisme, d'autant plus qu'il connaît la diffusion d'actes terroristes et de violence contre des complexes commerciaux et touristiques, et plus récemment contre les restaurants", a-t-il dit.

Le syndicat demande aux clients de rejeter les rumeurs infondées qui circulent au sujet du ciblage potentiel de restaurants et cafés et de n'avoir confiance qu'en les déclarations émises par les agences de sécurité, a-t-il souligné.

"Le tourisme est en forte baisse en raison du conflit actuel en Syrie et dans la région et son impact négatif sur le Liban, qui est enfermé dans une lutte contre le terrorisme des groupes de l'EIIL et extrémistes ", a déclaré Jean Beiruti, président de l'Association des secteurs touristiques.

"Le Liban a été la cible d'actes terroristes, mais grâce aux efforts des services de sécurité, il se trouve toujours dans une meilleure situation que d'autres pays de la région, car nous nous adaptons à tous les nouveaux développements", a-t-il dit dans une déclaration à Al-Mashareq.

Le secteur touristique repose actuellement sur les expatriés libanais, dit Beiruti, notant que les expatriés n'ont pas annulé leurs réservations pour visiter le Liban.

"Nous recevons aussi des touristes irakiens, jordaniens et égyptiens en nombres variés", a-t-il dit. Néanmoins, ces touristes ne représentent pas plus que 60 pour cent d'occupation hôtelière, précise-t-il.

Baisse du tourisme du Golfe

En ce qui concerne l'absence de touristes venant du Golfe au Liban pendant l'été, Beiruti a dit qu'il s'agit d'une "décision politique prise par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui ne ne peut-être inversée qu'une fois une solution globale dans la région soit trouvée".

En juin dernier, les pays du CCG ont émis une directive de voyage exhortant les citoyens à éviter le voyage au Liban, principalement en raison de la poursuite de violences en Syrie. Les responsables libanais ont exhorté les pays du CCG à inverser cette directive, étant donné que les touristes du Golfe représentent environ 40 pour cent du tourisme au Liban.

Marwan Salha, copropriétaire de l'Hôtel Phoenicia à Beyrouth, a indiqué pour sa part que les secteurs du tourisme et de l'hôtellerie passent par une "conjoncture cruciale et même critique, en raison de la baisse du tourisme arabe et étranger au Liban".

"Les événements en Syrie ont gravement affecté ce secteur vital, tout comme les autres conflits actuels dans la région et l'émergence d'un phénomène nouveau, à savoir le terrorisme et les groupes terroristes qui n'ont pas épargné le Liban", a-t-il dit à Al-Mashareq.

L'EIIL et le front d'al-Nosra (FAN) sont présents sur la frontière et perpètrent des actes terroristes de temps à autre qui portent atteinte à la sécurité libanaise et les secteurs économiques, a-t-il poursuivi.

"Malgré les mesures de sécurité prises par les services de sécurité, l'été est arrivé au Liban sans ses visiteurs traditionnels, à savoir nos frères du Golfe qui sont à la base du tourisme et le facteur qui permet la croissance des taux d'occupation hôtelière", a dit Salha.

"Ils ont été supplantés par les touristes irakiens, jordaniens, égyptiens et syriens ainsi que la présence des expatriés libanais", a-t-il affirmé, cependant, ces touristes ne représentent pas un grand pourcentage des recettes du tourisme et ne compensent pas l'absence de touristes des pays du Golfe.

"Les taux d'occupation qui se situaient entre 80 et 85 pour cent dans les conditions normales, surtout en 2009-2010, sont désormais comprises entre 50 et 60 pour cent cet été malgré une baisse des prix de chambres d'hôtel, même celles d'hôtels à cinq étoiles", a-t-il conclu.

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