Le Sinaï égyptien continue de souffrir des retombées économiques des menaces et des attaques terroristes, le secteur du tourisme étant le plus touché par la situation sécuritaire actuelle, ont expliqué des responsables du gouvernement à Al-Shorfa.
La réticence des touristes à visiter la péninsule, où le tourisme atteint normalement des sommets pendant le Ramadan, est motivée par des inquiétudes sur la sécurité de régions comme Sharm el-Cheikh et al-Arish, où des attaques ont eu lieu, ont-ils indiqué.
De plus, des couvre-feux ont été imposés dans plusieurs régions, alors que l'armée égyptienne poursuit ses opérations militaires visant Wilayat Sinaï, un groupe affilié à « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).
En raison des événements récents, plusieurs pays ont interdit à leurs résidents de se rendre en Égypte, et au Sinaï en particulier.
Dans un communiqué daté du 2 juin, les forces armées égyptiennes ont annoncé avoir terminé la troisième phase de l'opération Droit des Martyrs.
Durant cette phase de l'opération, initialement lancée en septembre 2015, l'armée a tué 22 militants et en a arrêté cinq autres, a précisé ce communiqué.
Les forces armées égyptiennes ont également détruit un grand nombre de maisons que les combattants utilisaient comme bases, ont désamorcé plusieurs engins explosifs improvisés (EEI) et saisi une grande quantité d'armes et de munitions, a-t-il précisé.
Un secteur du tourisme en chute libre
« La menace terroriste a presque totalement fait disparaître le tourisme dans les régions du sud du Sinaï, pourtant connues pour leurs destinations touristiques, comme Sharm el-Cheikh, Dahab et St Catherine », a expliqué Mahmoud al-Mohammed, de la Chambre des entreprises du tourisme du ministère du Tourisme.
« Le mois de Ramadan cette année est probablement le pire que la région ait connu », a-t-il assuré à Al-Shorfa.
« Les taux d'occupation sont [en moyenne] de 16 % tout au plus, la région de Dahab connaissant le pire taux, à 3 %, Taba à 8 %, St Catherine à 12 % et Sharm el-Cheikh à 19 % », a-t-il ajouté.
Les taux d'occupation augmentent en général de façon significative lors du Ramadan, a-t-il noté, souvent jusqu'à plus de 80 %, avec une pointe durant les derniers jours du mois sacré et pour l'Aïd-el-Fitr.
Les années précédentes, les réservations pour l'Aïd-el-Fitr avaient commencé tôt, a-t-il expliqué, et les hôtels affichaient parfois complets avant le début du Ramadan, attirant sur la péninsule des touristes nationaux et étrangers.
Pour tenter de contrebalancer les difficultés récentes, le gouvernement égyptien a lancé cette année la campagne « L'Égypte est dans nos cœurs » afin de stimuler le tourisme domestique.
Mais bien que cette initiative couvre 700 livres égyptiennes (78 USD) de dépenses pour chaque touriste national, payées aux propriétaires d'hôtels, « la demande a été relativement faible et n'a pas correspondu à la taille de l'initiative et à la promotion médiatique qui a été menée », a déclaré al-Mohammed.
Soutenir le tourisme lors du Ramadan
Les ministères égyptiens prennent des mesures « chacun selon sa spécialité » pour alléger la pression économique sur les habitants du Sinaï causée par la baisse du tourisme, a affirmé Amr Mukhtar, directeur de la Chambre de planification du ministère de l'Approvisionnement et du Commerce intérieur.
Le ministère de la Solidarité sociale travaille pour aider les familles qui dépendent principalement du tourisme pour leurs revenus en leur versant des allocations mensuelles pendant six mois afin de les aider à traverser cette crise, a-t-il expliqué à Al-Shorfa.
Dans le même temps, a-t-il précisé, le ministère de l'Approvisionnement a ouvert plusieurs magasins « Bienvenue au Ramadan » qui vendent des denrées alimentaires et d'autres articles nécessaires durant le mois sacré à des prix subventionnés, pour aider les résidents à faire face à cette récession.
Le strict contrôle des prix est également bien en place, a-t-il ajouté, afin de garantir que tous les produits de consommation sont disponibles en abondance.
« La majorité de la population des régions du Sinaï est directement ou indirectement dépendante du secteur du tourisme, et sa situation s'est détériorée en même temps que celle du secteur, » a affirmé Mukhtar.
Les investisseurs du secteur du tourisme tentent de faire revenir les investissements et les touristes dans la région, et ont organisé des conférences en coopération avec le ministère du Tourisme et l'Autorité de promotion du tourisme dans ce but, a-t-il déclaré.
Les régions du Sinaï de Taba et Nuweiba souffrent tout particulièrement d'un fort déclin du nombre de touristes, a-t-il ajouté, notant que ces deux régions auraient dû recevoir 4,5 millions de touristes en 2016.
Le couvre-feu assombrit les festivités
« Les régions du Sinaï souffrent de la réticence des touristes à s'y rendre, ce qui est un résultat direct des menaces terroristes », a expliqué le général de brigade Jawdat Ashraf de la police égyptienne, actuellement stationné au Sinaï
Les mesures de sécurité et l'état d'urgence en cours, qui sont nécessaires pour protéger les vies, ont exacerbé les souffrances des habitants du Sinaï, a-t-il confié, ajoutant que ces conditions ont détourné l'attention de l'atmosphère du Ramadan.
L'activité au cours du moins, qui augmente en général la nuit, est quasiment nulle, a-t-il déclaré, car elle coïncide maintenant avec les heures de couvre-feu.
« Il n'est pas possible, du point de vue de la sécurité, de réduire les heures du couvre-feu ou d'alléger les mesures de sécurité pendant le mois de Ramadan dans les zones du nord du Sinaï. Une telle baisse de la garde pourrait être exploitée par les terroristes, qui lanceraient des attaques contre les citoyens et les forces de sécurité », a-t-il expliqué.
« Les attaques terroristes s'intensifient pendant le mois de Ramadan en particulier, car les terroristes croient que le fait de combattre lors de ce mois est doublement récompensé », a-t-il ajouté.
L'activité économique, et le tourisme en particulier, ont certainement été affectés par ces mesures, a-t-il concédé, « mais les choses reviendront graduellement à la normale lorsque les menaces pour la sécurité diminueront ».