Terrorisme

L'EIIL tente d'endiguer les conflits internes émergents

Walid Abou al-Khair au Caire

Des éléments étrangers de "l'État islamique en Irak et au Levant" pris en photo dans un hôpital. [Photo de l'activiste médiatique syrien Abou Sham al-Raqa ']

Des éléments étrangers de "l'État islamique en Irak et au Levant" pris en photo dans un hôpital. [Photo de l'activiste médiatique syrien Abou Sham al-Raqa ']

Une recrudescence alarmante de l'acrimonie entre ses combattants étrangers et arabes a incité "l'Etat islamique d'Irak et du Levant" (EIIL) à établir un bureau chargé de la prévention de nouvelles frictions et de défections, a indiqué un groupe d'activistes.

Un rapport publié le 26 avril, intitulé Al-Raqqa est massacrée silencieusement, a révélé que l'EIIL a mis en place un "bureau des migrants" supervisé par des éléments syriens et étrangers pour assurer le suivi de ces problèmes, limiter les défections et empêcher les affrontements internes.

Le bureau a été créé pour empêcher l'appareil de sécurité de l'EIIL d'infliger des punitions sévères aux combattants étrangers du groupe, lesquels sont soupçonné par certains éléments irakiens et syriens de collaborer avec les forces de la coalition, selon le rapport.

Les tensions ne cessent d’accroître

Les tensions entre les combattants arabes et étrangers se sont intensifiées depuis le mois de février, quand l'EIIL a exécuté huit combattants néerlandais à Maadan dans la province d'al-Raqqa, après les avoir accusés de tentative de désertion et de mutinerie.

Cet incident et ses retombées constituent la principale raison derrière la création du bureau, selon le rapport.

Plusieurs dirigeants de l'EIIL ont également été tués dans des frappes aériennes de la coalition, ce qui a conduit le groupe à pointer du doigt les combattants étrangers accusés de lui fournir des renseignements.

La création du "bureau des migrants" démontre que la politique intense entreprise par l'EIIL pour éviter l'aliénation de ses combattants étrangers à un moment où le groupe fait face à davantage de difficultés dans ses tentatives de recruter de nouveaux membres, a déclaré l'analyste militaire et officier militaire retraité égyptien le général major Abdoul-Karim Ahmed.

"Avec le passage du temps, la situation commence à s'éclaircir sur les faux faits promus par l'EIIL sur la vie dans son « Etat islamique » multinational présumé qui a été présenté par sa machine médiatique comme la terre de bonheur où tous les hommes vivent en harmonie et amour sous la bannière de la religion ", a-t-il déclaré à Al-Shorfa.

La vérité, que le groupe a travaillé dur à cacher, est que ses combattants étrangers vivent en groupes distincts, a-t-il dit.

Le mythe du califat s'estompe

La vie des combattants de l'EIIL est tout à fait différente de ce qu'elle était lorsque le groupe avait initialement annoncé qu'il établissait un "califat", dit Ahmed.

A ce moment-là, dit-il, les combattants étrangers affluaient vers la Syrie, alors que l'EIIL était disposait de fonds en abondance, contrôlait de vastes territoires et avait beaucoup à leur offrir, y compris les salaires, les maisons et les voitures.

Il était inévitable que la discorde apparaisse avec l'imposition d'un blocus sur le groupe et sa perte de territoires, a-t-il dit, ainsi que la baisse significative de ses finances après que la plupart de ses sources de financement locales et mondiales ont été éliminées.

La création de ce bureau souligne "les affrontements qui se produisent entre les sous-groupes en fonction de l'appartenance ethnique ou de la nationalité", ajoute Ahmed, notant l'incapacité de l'EIIL à établir une véritable communauté où toutes les nationalités vivent ensemble en harmonie.

La fin est proche pour le groupe, et pour ses éléments étrangers en particulier, a-t-il souligné, car ils n'acceptent pas l'autorité de son leadership irakienne et syrienne.

Les dirigeants du groupe sont connus pour leur "traitement rigoureux et leur vue très suspecte des éléments étrangers comme des agents des services de renseignement", a-t-il dit.

Malgré la mise en place de l'EIIL d'un "bureau des migrants", les combattants étrangers n'apparaissent plus dans les rues d'al-Raqqa comme ils le faisaient auparavant, dit Abdulkadir Yahya, un jeune entrepreneur de la ville d'al-Raqqa qui a demandé d'utiliser un pseudonyme.

Auparavant, ils ne cessaient de flâner dans les marchés seuls ou avec leurs familles, alors qu'ils sortent maintenant armés aux dents en groupes de cinq ou plus, a-t-il noté dans une entrevue avec Al-Shorfa, ajoutant qu'ils semblent anxieux et surveillent de près les alentours des lieux où ils se trouvent.

Ils ne passent plus beaucoup de temps à faire des courses, a-t-il dit, mais plutôt se dirigent directement vers des magasins spécifiques, pour acheter des provisions pour un grand nombre de personnes et en quantités suffisantes pour durer plusieurs jours.

Les éléments syriens et irakiens de l'EIIL apparaissent souvent quand un groupe de combattants étrangers sont dans le marché, dit-il, pour les espionner et suivre leurs conversations avec les résidents et les uns avec les autres.

Les combattants étrangers ne parviennent pas à s'intégrer

Il est extrêmement difficile d'assimiler un groupe de personnes de nationalités différentes dans une communauté en un court laps de temps, a déclaré à Al-Shorfa le professeur de psychologie et thérapeute familial à l'Université du Caire Waliyyouddine Mokhtar.

"L'EIIL impose des règles sociales en fonction de son propre point de vue de la religion et de la charia, et la plupart de ces règles sont incompatibles avec de nombreuses coutumes sociales [locales]," a-t-il dit.

De nombreux pays ont ouvert leurs portes aux immigrants, a-t-il ajouté, mais de nombreux groupes d'immigrants demeurent ensemble, mettant ainsi en place leurs propres communautés qui sont des modèles miniatures de leurs pays d'origine.

L'EIIL ne veut pas que cela se produise dans son propre état, dit-il, ce qui l'a incité à imposer avec force ses propres coutumes et ses traditions à tout le monde.

Il est possible que les sous-groupes gardent les apparences extérieures pour se conformer aux souhaits des émirs, dit-il, mais la vérité est que tout cela n'empêche pas ces groupes de mettre en place leurs propres communautés et observer leurs propres rituels sociaux, mais avec un penchant extrémiste.

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