Des experts disent qu'un nombre croissant de combattants étrangers quitte « l'Etat Islamique en Irak et au Levant » (EIIL), a rapporté l'AFP vendredi 10 juin.
L'EIIL, qui perd du terrain sur plusieurs fronts en Syrie et en Irak, mène aussi une autre bataille pour empêcher les combattants étrangers dans ses rangs de quitter le combat et rentrer à leurs pays.
« Ils sentent que nous sommes entrés en phase finale. Plusieurs d'entre eux commencent à nous envoyer des messages pour savoir comment ils peuvent rentrer », a dit le coordonnateur national du renseignement national français, Didier Le Bret.
« Il n'est plus question d'expansion du glorieux califat, et nous savons que certains se font tuer quand ils tentent de fuir », ajouta-t-il.
Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure DGSI a annoncé à l'Assemblée Nationale à la mi-mai que 244 personnes sont rentrées en France de la Syrie et de l'Irak avec « davantage d'intentions de retour au pays ».
Mais plusieurs de ceux qui voulaient faire défection ont été « entravés par la politique de l'EIIL, qui considèrent ceux qui veulent quitter la Syrie comme des traîtres qui doivent être exécutés immédiatement », a-t-il dit.
En janvier 2014, une étude entreprise par le Centre International des Etudes de Radicalisation (ICSR) au King's College de Londres a mis en place une base de données des combattants qui sont rentrés, pour essayer de comprendre leurs motivations.
Le directeur de l'ICSR Peter Neumann a dit que quatre reproches essentielles apparaissent dans leurs témoignages: « 'l'EIIL s'intéresse plus à combattre d'autres musulmans que le gouvernement Assad', 'l'EIIL est impliqué dans des brutalités et les atrocités perpétrées contre les musulmans', 'l'EIIL est corrompu et non-islamique' et 'la vie sous l'EIIL et dure et décevante' ».
Les pertes récentes de l'EIIL en Syrie et en Irak peuvent aussi inciter le mouvement de retour. Des dizaines de combattants de l'EIIL ont été tués sur plusieurs fronts, selon les moniteurs.
Certains membres rentrés se plaignent aussi de la discrimination au sein de l'EIIL entre ses combattants sur la base du pays d'origine.