Un tribunal hongrois a condamné un homme syrien à la prison à perpétuité jeudi 3 décembre pour terrorisme et crimes contre l'humanité dont la décapitation d'un imam en Syrie en 2015.
L'homme était un commandant de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), et doit passer au moins 30 ans derrière les barreaux, selon un communiqué du tribunal métropolitain de Budapest.
« Sa mission était de préparer une 'liste des morts' des 'ennemis de l'Islam», a indiqué le communiqué du tribunal.
« Il était personnellement impliqué dans l'exécution de plusieurs personnes, y compris la décapitation d'un chef de tribu».
L'homme a été identifié dans les médias locaux par le nom de F. Hassan, 28 ans.
Ses avocats ont précisé qu'ils interjetteront appel du jugement, ainsi que les procureurs, qui ont demandé la prison à perpétuité sans libération conditionnelle.
D'après les procureurs, l'accusé a commandé une petite unité de l'EIIS dans la province de Homs en 2015 chargée de terroriser et exécuter les civils et les chefs religieux qui ont refusé de prendre parti pour le groupe.
Les procureurs ont également indiqué qu'il avait personnellement pris part dans la décapitation d'un imam dans la ville d'al-Sukhnah, et le meurtre d'un autre civil dans la zone en mai 2015.
Son unité avait également tué au moins 25 personnes dans la ville dont des femmes et des enfants, ont affirmé les procureurs.
Les autorités à Malte, la Grèce, la Belgique et la Hongrie ont participé à l'enquête, qui a été coordonnée par l'agence européenne pour la coopération judiciaire Eurojust.
Environ 10 témoins en Belgique et Malte, ont donné leur témoignage.
L'homme, qui a reçu le statut de réfugié en Grèce, a été détenu à l’aéroport de Budapest en décembre 2018, après avoir présenté de faux documents de voyage pour lui et sa partenaire. Il a été accusé en septembre 2019.
Son avocat de la défense avait affirmé que les preuves des procureurs -- y compris des appels téléphoniques enregistrés, des vidéos des meurtres et les déclarations personnelles de l'homme -- ne soutiennent pas les accusations.
Un historique de criminalité
L'EIIS avait envahi des terrains en Irak et en Syrie à la mi-2014, subjuguant et terrorisant les populations locales dans les zones sous leur contrôle.
Il a éloigné les imams modérés des mosquées et les a remplacés par ses propres imams radicaux, qui avec ses unités d'al-hesba (« police religieuse ») ont imposé l'interprétation sévère du groupe de la sharia.
Le groupe a infligé des punitions sévères à ceux qu'il accusait de crimes tels que le blasphème, l'apostasie, l'espionnage pour le régime syrien, la collaboration avec la coalition internationale ou objection à la présence ou à l'idéologie de l'EIIS.
Dans la ville syrienne d'al-Mayadeen, par exemple, l'EIIS a apporté en 2015 des accusations contre ceux qui s'opposaient au sermon de vendredi présenté par un imam qu'il a installé.
Dans la même année, les éléments de l'EIIS ont lapidé à mort une femme que le groupe avait accusée d'adultère, et ont jeté des homosexuels de hauts immeubles.
D'autres crimes commis par l'EIIS pendant cette période comprenaient les exécutions de masse -- dont l'assassinat de cadets irakiens et hommes de tribus syriens -- décapitations, viols, enlèvements, purification ethnique et vente de femmes pour l'esclavage sexuel.
Les éléments de l'EIIS qui ont fui l'Irak et la Syrie n'ont pas échappé au châtiment, cependant, risquant l'arrestation et les poursuites pour leurs crimes dans des pays tels que la France et l'Allemagne.
A la fin du mois dernier, le service d'élite irakien de lutte antiterrorisme a annoncé qu'il avait arrêté le soi-disant coordonnateur administratif général de l'EIIS, connu sous le nom de « Abu Naba », à son arrivée à l'aéroport de Bagdad.