Les milices irakiennes appuyées par l'Iran sont critiquées dans leur pays pour s'être précipitées au secours de l'Iran au lendemain des récentes inondations dévastatrices avant de répondre aux besoins de leurs compatriotes, ont fait savoir des experts irakiens.
Lorsque les milices irakiennes se sont rapidement mobilisées pour participer aux campagnes contre les inondations en Iran, les utilisateurs des réseaux sociaux en Irak, très en colère, ont partagé des photos de convois irakiens traversant les zones également affectées en Irak mais se dirigeant vers la frontière sans s'arrêter pour apporter leur aide.
Cela est la preuve que ces milices sont plus attachées à apaiser le régime iranien, qui les a entraînées et armées, qu'à apporter une aide humanitaire, ont-ils affirmé.
Parmi les milices irakiennes qui se sont précipitées en Iran après ces inondations se trouvent Asaib Ahl al-Haq, Harakat al-Nujaba, l'organisation Badr, la brigade Sayyed al-Shuhada, la brigade al-Tufoof, Harakat Hezbollah et la brigade Abou al-Fadl al-Abbas.
Ces milices « ont envoyé des dizaines de convois chargés d'environ 400 tonnes de nourriture, de médicaments, de tentes et de couvertures, et ont dépêché des ambulances dans les régions d'Iran affectées par les inondations », a indiqué le politologue Abdoul Qader al-Nayel.
« De façon ironique, avant d'entrer en Iran, ces convois ont traversé des localités frontalières irakiennes qui avaient également été dévastées par les eaux », a-t-il expliqué à Diyaruna.
Les habitants de ces localités se sont également « retrouvés sans abri et ont souffert des pénuries de services et du manque de soutien », a-t-il poursuivi.
Après les inondations, les milices irakiennes appuyées par l'Iran ont immédiatement pris contact avec les propriétaires des entreprises locales dans le sud de l'Irak et « les ont contraints à fournir des denrées alimentaires et des produits pour les transporter en Iran, a poursuivi al-Nayel.
« Elles souhaitent faire tout ce qui est possible pour plaire à l'Iran, même aux dépens des intérêts de l'Irak et de son peuple qui souffre », a-t-il ajouté.
La corruption est omniprésente
Il a été souligné en Irak que bien que ces milices n'aient pas hésité à répondre à la catastrophe en Iran, elles ne s'étaient pas comportées de manière si honorable lorsque près de 120 personnes avaient perdu la vie lors du naufrage du ferry à Mossoul le 21 mars.
Bien que la milice Asaib Ahl al-Haq, appuyée par l'Iran, ait été accusée d'être impliquée dans ce naufrage, des responsables locaux ont indiqué que des membres de la commission d'enquête avaient été soumis à des pressions pour faire dérailler l'enquête ou faire en sorte d'absoudre certaines personnalités.
La corruption qui a proliféré dans les zones où ces milices ont établi leur présence a contribué à la tragédie, a déploré al-Nayel, car les gains matériels ont primé sur la sécurité publique.
« Pour couvrir ce crime, ils tentent maintenant de bloquer l'équipe d'enquêteurs et de les empêcher d'entrer sur cette île touristique », a-t-il ajouté.
Cette catastrophe du ferry a mis en lumière la nature et le niveau de corruption des factions armées liées au régime iranien, a expliqué Ghazi Faisal Hussain, conseiller au Centre irakien d'études stratégiques.
Ces milices n'opèrent pas dans le cadre de l'armée irakienne et « ne sont pas des patriotes », parce qu'elles sont influencées par les liens idéologiques et politiques qu'elles entretiennent avec l'Iran, a-t-il précisé à Diyaruna, soulignant qu'elles opèrent comme si elles étaient au-dessus des lois.
Elles agissent en toute impunité, a-t-il ajouté, quand bien même elles enfreignent la souveraineté de l'Irak en répondant aux injonctions du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui supervise leur entraînement et leur armement.
L'Iran exige la loyauté
« L'émergence des milices [irakiennes] pro-iraniennes a largement indigné la population iranienne, en particulier dans la partie occidentale du pays, où ils sont nombreux à demander leur retrait », a expliqué l'expert en stratégie Alaa al-Nashou à Diyaruna.
De nombreux Iraniens s'indignent du soutien du régime à ces factions armées étrangères, qui épuisent les ressources du pays et exacerbent la crise financière qu'il traverse, a-t-il ajouté.
« L'Iran verse à la milice libanaise du Hezbollah 700 millions de dollars par an sous forme de salaires à ses membres, en plus du soutien apporté aux milices irakiennes », a-t-il précisé.
Les leaders de ces groupes « sont des marionnettes contrôlées par le CGRI et sont déployés selon les caprices de leurs marionnettistes iraniens », a-t-il encore poursuivi.
Le régime iranien « demande constamment que ces milices démontrent leur allégeance, prouvent leur loyauté et affichent leur réaction rapide aux directives iraniennes », a-t-il conclu, en particulier celles relatives aux sanctions internationales et aux pressions intérieures.