Alors que la guerre au Yémen entre dans sa quatrième année aujourd'hui (26 mars), les Yéménites fatigués du conflit dévastateur alimenté par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran se sont tournés vers les réseaux sociaux pour appeler les pays donateurs à financer le développement économique.
Plus tôt ce mois-ci, l'agence yéménite Small and Micro Enterprise Promotion Service (SMEPS) a lancé la campagne « Ramenons le développement au Yémen » pour souligner l'importance de la canalisation de l'aide vers la reconstruction et les investissements qui stimulent le développement.
Les utilisateurs des réseaux sociaux au Yémen ont répondu à la campagne en déclarant par tweets leur soutien au retour du développement dans leur pays en utilisant le hashtag #BringDevBack.
« Ensemble vers le développement, pour créer des opportunités d'emploi, la construction, le changement [...] l'autosuffisance et une vie digne », a déclaré sur Twitter un travailleur humanitaire yéménite.
« Le développement est vital pour les Yéménites ; pour ceux qui sont au chômage, les jeunes, les enfants et les étudiants », a indiqué un autre Yéménite sur Twitter.
Détérioration des conditions
Le coup d'Etat en cours soutenu par l'Iran qui a permis aux Houthis de prendre le contrôle des institutions étatiques et de plusieurs provinces yéménites, dont la capitale, Sanaa, prolonge la guerre.
Les conditions de vie dans ce pays en guerre ont empiré, et les projets de développement sont au point mort.
Le 15 mars, le Conseil de sécurité de l'ONU a prévenu que les conditions au Yémen empiraient et qu'elles ont un impact « dévastateur » sur les civils, 22,2 millions d'entre eux ayant besoin d'aide humanitaire, a rapporté l'AFP.
Le ministère yéménite de la Planification et de la Coopération internationale a révélé que le produit intérieur brut (PIB) a perdu 40,5 % de son activité économique depuis le début de la guerre.
« Le taux de pauvreté a atteint les 85 % en l'absence des services sociaux et sanitaires, aggravant les souffrances des citoyens », a fait savoir à Al-Mashareq le président du Centre médiatique d'études et d'économie, Moustafa Nasr.
Le non-versement des salaires des fonctionnaires pendant les 18 derniers mois a de plus placé des millions de Yéménites au bord de la famine, a-t-il déclaré.
« La guerre a eu un effet négatif sur le développement économique, tous les projets de développements ayant été suspendus », a expliqué l'économiste Abdoul Jalil Hassan à Al-Mashareq.
Ceux-ci incluent des projets d'exportation de gaz naturel liquéfié depuis Balhaf, dans la province de Shabwa, a-t-il indiqué, ajoutant qu'un autre projet pour restaurer la centrale électrique à gaz de Marib a été interrompu dans sa seconde phase.
« Les pays donateurs ont arrêté de fournir des fonds de développement, qui par le passé ont profité à des projets dans les secteurs de la santé, de l'éducation, des travaux publics et de l'infrastructure », a-t-il rapporté.
Le manque d'investissements étrangers a également entraîné l'arrêt des investissements locaux, a ajouté Hassan.
Développement en pleine guerre
« Les Yéménites attendent impatiemment le retour du développement et la fin de la guerre », a souligné Nasr.
L'idée de lancer la campagne « Ramenons le développement au Yémen » est née de plusieurs discussions entre des jeunes yéménites sur l'importance d'apporter une aide aux personnes touchées par la guerre, a expliqué Fayza al-Suleimani, responsable des relations publiques et médiatiques de la SMEPS.
Cette campagne appelle à des solutions « pratiques » qui aideront les Yéménites à vivre une vie décente, a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
La maturité des jeunes yéménites « a été l'une des principales raisons du succès de ma campagne », a-t-elle affirmé, notant que des jeunes de toutes les provinces ont participé.
Le hashtag a trouvé un écho auprès de milliers de personnes, a-t-elle ajouté, indiquant que « les jeunes ont pu faire entendre leur voix et dire au monde que le Yémen surmontera le désastre humanitaire si [son peuple] a accès aux bons outils ».
SMEPS, qui a fortement soutenu les jeunes dans leur campagne, « a prouvé sans aucun doute que le soutien aux projets de développement en plein conflit est possible », a poursuivi al-Souleimani.
Le Fonds social de développement (FSD), dont SMEPS est une unité, « est aussi un leader essentiel dans ce domaine et a participé activement à la campagne en présentant des modèles d'initiatives communautaires dans tout le pays », a-t-elle fait savoir.
Plus de 5 000 initiatives ont contribué à la résolution des problèmes liés aux services de base, à l'infrastructure et au chômage pendant que la guerre se poursuit, a-t-elle ajouté.
Aujourd'hui, les Yéménites n'ont pas besoin d'une aide temporaire, mais de véritables opportunités, a déclaré al-Souleimani.
Le hashtag #BringDevBack a été un succès, a-t-elle rapporté. Son message « a atteint toutes les organisations locales et internationales, et a trouvé un écho auprès de nombreuses personnes ».
« Cependant, le réel défi viendra après la campagne ; le hashtag n'était que le coup de sifflet de départ », a-t-elle conclu.