Wilayat Sinaï, un groupe affilié à « l'État islamique » (Daech), a menacé de s'en prendre aux conducteurs de camions qui transportent des matières premières depuis la ville de Sabika, à l'ouest d'al-Arish, vers cette ville portuaire du Nord-Sinaï.
Vendredi 5 janvier, le groupe a distribué des tracts menaçant les propriétaires de véhicules qui « transportent des matières premières comme du sel et du sable de verrerie » vers le port d'al-Arish en vue de leur exportation vers « des pays qui combattent Daech ».
Ce communiqué affirme que transporter ces produits « sert les intérêts du régime égyptien ».
Le groupe tente de porter atteinte aux moyens de subsistance de près de 1 500 habitants de Sabika et de personnes qui travaillent pour la El-Nasr Salines Company, a expliqué Hassan Ibrahim, un habitant du Nord-Sinaï.
« Daech tente également de s'en prendre à l'un des piliers de l'économie égyptienne », a-t-il précisé à Al-Mashareq.
Ibrahim a expliqué que 80% du sel égyptien est produit dans le Nord-Sinaï, ajoutant que le port d'al-Arish à lui seul a exporté 700 000 tonnes de sel l'année dernière.
« Les forces de sécurité sont maintenant déployées dans la région, et ont déjà repoussé une attaque contre une usine de sel », a-t-il indiqué.
Elles ont abattu deux hommes, tandis que le reste s'est enfui dans le désert pour échapper à l'artillerie stationnée en permanence près de l'usine pour la défendre, a-t-il précisé.
Les habitants ne se laissent pas impressionner par les menaces de Daech
« Des militants arborant des drapeaux de Daech ont jeté une tête humaine [vendredi] sur la place al-Atlawi, alors très fréquentée, avant de s'enfuir », a-t-il décrit.
« Daech tente de semer la panique au sein de la population locale en montrant que quiconque ne respecte pas les lois et les ordres du groupe sera puni », a poursuivi Ibrahim.
« Mais les habitants ne sont pas dupes des tentatives de Daech et savent que le groupe est au bord de l'asphyxie », a-t-il ajouté.
Daech tente de faire croire qu'il contrôle les habitants d'al-Arish, « mais cela ne correspond pas à la réalité », a déclaré Iman Ragab, chercheuse au Centre Al-Ahram d'études politiques et stratégiques.
« Daech croit qu'empêcher les gens de travailler dans les usines qui servent l'économie du pays, porter atteinte à leurs moyens de subsistance et déplacer certains d'entre eux est une victoire », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.
Le groupe ne se rend pas compte que les habitants « comprennent totalement ces menaces et ne céderont pas aux tentatives de Daech », par crainte de nuire aux intérêts de leur pays, a-t-elle conclu.