La crise de l'éducation affecte cinq millions d'enfants yéménites

Le système éducatif du pays est au bord de l'effondrement, selon un rapport publié le 18 septembre par le ministère du Plan et de la Coopération internationale.

Au mois de juin, 2 407 écoles du pays qui accueillaient 1,5 million d'enfants avaient été entièrement ou partiellement détruites pendant le conflit en cours, a déclaré le ministre adjoint de l'Éducation Abdoul-Karim al-Jandari.

Les enseignants sont en grève pour protester contre le fait qu'ils ne perçoivent plus leurs salaires depuis près d'un an, les manuels scolaires sont devenus rares, et de nombreuses écoles sont utilisées pour héberger des déplacés internes (DI), ou comme casernes pour les combattants.

La crise actuelle menace de priver plus de cinq millions d'enfants d'éducation, a précisé ce rapport.

L'étendue des dégâts varie, 10 % des écoles touchées étant complètements détruites, 56 % partiellement détruites, 7 % actuellement occupées par des DI ou des soldats, et 27 % n'étant plus utilisées pour héberger des civils ou des militaires.

« Cela a eu un impact négatif sur le processus éducatif », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, ajoutant que les écoles les plus touchées se trouvent principalement dans les provinces de Sanaa, Amran, Hajjah, al-Hodeidah et Saada.

« Un grand nombre d'écoles accueillait des DI, car beaucoup d'entre eux n'ont nulle part où aller », a-t-il rapporté, soulignant que de nombreuses écoles de la province d'Ibb accueillent des DI de la province de Taez à cause des batailles qui s'y déroulent.

Mise en place de mesures provisoires

« Certaines des écoles partiellement endommagées ont été restaurées et réhabilitées dans le cadre du programme d'urgence financé par des donateurs », a déclaré al-Jandari.

Près de 360 écoles ont été réparées à Sanaa, Taez, al-Dhale, Hajja, al-Hodeidah et dans d'autres provinces, a-t-il rapporté, mais « presque 300 écoles ont été totalement détruites et restent à l'état de ruines à cause du manque de fonds ».

Des mesures provisoires ont été mises en place afin de répondre au nombre grandissant d'élèves, a-t-il indiqué.

« Dans les zones où les écoles ont été entièrement détruites, nous avons créé des salles de classe dans des tentes », a-t-il relaté, ajoutant que des salles de classe temporaires ont également été installées.

Dans les zones qui ont absorbé un grand nombre de DI, comme Sanaa, les écoles fonctionnent en deux périodes, a-t-il fait savoir, tandis que les provinces accueillant encore plus de DI ont trois périodes.

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, la grève des enseignants touche environ quatre millions d'élèves dans les provinces du nord, et près de deux millions dans les provinces du sud et de l'est.

Pénurie de manuels scolaires

L'année scolaire a commencé le 17 septembre dans les provinces du sud et de l'est qui sont sous le contrôle du gouvernement, et le 30 dans les autres provinces.

À Abyan, l'année scolaire est en cours malgré le manque de manuels et l'état des écoles, dont beaucoup ont été endommagées ou détruites, a fait savoir Abdoulaziz al-Hamza le gouverneur adjoint d'Abyan.

Une partie des destructions a été causée par la guerre, a-t-il indiqué, et al-Qaïda est responsable d'une autre partie, après avoir conquis la province en 2011.

« Nous manquons toujours de manuels scolaires, mais malgré cela, nous avons porté nos efforts sur le lancement et la poursuite du processus pédagogique, même si cela doit se faire dans des salles de classe improvisées sous des tentes », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

La grève des enseignants se poursuit

Les écoles privées du district administratif de Sanaa ont commencé à accepter les inscriptions, alors que la grève des enseignants se poursuit dans les écoles publiques.

« Les écoles privées, qui accueillent 200 000 élèves par an, ont commencé à prendre les inscriptions », a fait savoir Mohammed al-Fadhli, directeur général du bureau de l'éducation du district administratif de Sanaa.

Les écoles publiques sont toujours fermées à cause de la grève des enseignants, qui touche plus de 600 000 élèves, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Il a souligné l'importance de payer les enseignants, indiquant que certains d'entre eux ont dû accepter d'autres types d'emploi pour pouvoir faire vivre leurs familles.

Le Syndicat des enseignants et éducateurs du district administratif de Sanaa prolongera la grève jusqu'à ce que les salaires soient payés, a fait savoir Ayesh Abou Luhum, secrétaire général du syndicat.

« Nous espérons qu'une solution sera trouvée, car les enseignants ont des obligations, comme le paiement de leur loyer et l'achat de nourriture pour leurs familles », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.