Terrorisme

Al-Baghdadi échoue à rassembler les combattants de Daech à al-Raqqa

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Une vue générale montre les zones sous le contrôle de « l'État islamique » à al-Raqqa le 27 juin, dans le faubourg de Dariya dans la partie occidentale de la ville, après que la région a été reprise par les Forces démocratiques syriennes. [Delil Souleiman/AFP]

Une vue générale montre les zones sous le contrôle de « l'État islamique » à al-Raqqa le 27 juin, dans le faubourg de Dariya dans la partie occidentale de la ville, après que la région a été reprise par les Forces démocratiques syriennes. [Delil Souleiman/AFP]

Le leader de « l'État islamique » (Daech) Abou Bakr al-Baghdadi a perdu sa capacité à rassembler des combattants, expliquent des spécialistes à Diyaruna.

La campagne « Labbu an-Nidaa » (Réponds à l'appel du devoir) du groupe, organisée dans la région rurale d'al-Raqqa et à Deir Ezzor pour inciter les jeunes à combattre dans ses rangs contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) n'a principalement suscité que du désintérêt, ont-ils indiqué.

Inspirée par l'appel lancé par al-Baghdadi aux combattants pour qu'ils se dirigent vers al-Raqqa et y « défendent la terre du califat », cette campagne a été un échec, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme dans un rapport publié le 9 juin.

Malgré une large diffusion de tracts et des annonces faites dans les mosquées pour promouvoir son message, elle n'a suscité que peu de réponses de la part des habitants de la région.

Rien de surprenant à cela, a expliqué à Diyaruna le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah, « car la vérité concernant le groupe et ses allégations sur la création d'un État islamique a été révélée ».

Les nouvelles concernant les atrocités commises par le groupe contre des civils se sont répandues dans chaque foyer, a-t-il précisé, et ceux qui par le passé avaient refusé de rejoindre Daech en dépit de ses incitations et de ses pressions sont peu susceptibles de le faire maintenant.

« La libération du joug de Daech est seulement une question de temps en Syrie, car la zone que le groupe contrôlait s'est réduite pour n'être plus qu'une étroite bande », a déclaré al-Abdoullah.

À la lumière des circonstances actuelles, a-t-il poursuivi, l'appel lancé aux civils par al-Baghdadi pour qu'ils aillent combattre pour lui montre qu'il « souffre de rêves de grandeur ».

Personne ne l'écoute

Les habitants d'autres zones contrôlées par le groupe ont accueilli cet appel à se mobiliser avec dérision et apathie, a expliqué Mohyuddin al-Aqidi, militant dans les médias dans la région rurale de Deir Ezzor.

« Nous n'avons entendu parler de personne ayant répondu à ces appels d'aller combattre dans les rangs du groupe pour la défense d'al-Raqqa lancés par l'intermédiaire des mosquées et de tracts distribués dans les rues », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le groupe a « imposé un blocage médiatique dans les régions sous son contrôle et interdit tous les moyens de communication et l'accès aux informations traitant de ses défaites, craignant de perdre contrôle sur les civils et sur ses combattants », a poursuivi al-Aqidi.

Perte d'aura pour Daech

Mais les nouvelles très détaillées de ses défaites continuent d'arriver en ville, a-t-il précisé, ainsi que des histoires sur l'utilisation que fait le groupe des civils comme boucliers humains.

L'échec de l'appel aux armes d'al-Baghdadi « n'est en rien surprenant, car le groupe a perdu son aura d'intimidation », explique le major général Abdoul Karim Ahmed, analyste militaire et spécialiste d'al-Qaïda, par ailleurs officier en retraite de l'armée égyptienne.

Le groupe a été laminé par des dissensions internes et des défections, car un certain nombre de combattants de Daech ont retiré leur soutien à al-Baghdadi pour aller rejoindre les rangs d'al-Qaïda et d'autres groupes armés qui épousent une idéologie extrémiste similaire.

Les seuls qui combattront dans les rangs de Daech à ce stade sont « des éléments étrangers et arabes qui ont perdu tout espoir de rentrer dans leurs pays d'origine », a-t-il confié à Diyaruna.

Parmi eux se trouvent des combattants syriens impliqués dans des actes de torture et des exécutions publiques, et « dont l'identité a été dévoilée », a-t-il poursuivi.

« [Leur] survie est liée à celle du groupe. »

« L'échec du groupe à conserver son prétendu État a indubitablement constitué une grande frustration pour les siens, en particulier ses éléments étrangers qui ont quitté leurs patries et se retrouvent aujourd'hui sur les listes noires du terrorisme international », a ajouté Ahmed.

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