L'Arabie saoudite améliore la collecte de la zakat du ramadan

La collecte de la zakat connaissant une accélération pendant le mois sacré du ramadan, l'Arabie saoudite a renforcé les mesures pour empêcher que les fonds destinés aux pauvres tombent entre les mains de groupes extrémistes, ont expliqué des responsables.

Cette année, le royaume a lancé un impôt par voie électronique et un certificat d'autorisation de zakat, ainsi qu'un service d'engagement de paiement qui convertit toutes les transactions de la zakat et des impôts en transactions électroniques.

« Cela facilite la surveillance et le suivi de tous les fonds suspects et la détection de toute évasion du paiement de la zakat aux agences gouvernementales », a déclaré Shamel Humaidan, du bureau de Riad de l'Autorité générale de la zakat et des impôts.

Ces nouvelles mesures prennent en compte tous les dons faits par des particuliers et des entreprises, et elles empêchent toute fuite potentielle des fonds vers des groupes terroristes, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

L'autorité générale exerce actuellement des contrôles stricts sur les revenus de la zakat et des impôts, a-t-il fait savoir, notant que ces revenus s'étaient élevés à 9 milliards de dollars en 2016.

Une autre directive du gouvernement n'autorise la collecte des dons en argent liquide qu'aux organisations caritatives autorisées.

Dons détournés

Les groupes terroristes cherchent à exploiter « les coutumes sociales répandues du paiement de la zakat, des dons et de l'aumône du royaume » pour collecter des fonds pour eux-mêmes, a indiqué le ministre adjoint aux Affaires Islamiques Tawfiq ben Abdoulaziz al-Sudairi.

« L'État islamique » (Daech) en particulier est susceptible de solliciter des dons sous de faux prétextes pour compenser la perte de beaucoup de ses sources de revenus, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Les groupes extrémistes comme Daech exploitent l'utilisation massive des réseaux sociaux dans le royaume pour demander des dons, a-t-il ajouté.

« Malgré des mesures strictes pour empêcher cela, des sites de réseaux sociaux ont facilité pour les parties suspectes le contournement de ces mesures et l'appel aux dons [prétendant] aider les enfants en Syrie, en Irak ou au Yémen », a ajouté al-Sudairi.

« De telles campagnes suspectes attirent de nombreux donateurs, qui agissent selon leurs émotions et leurs sentiments humanitaires », a-t-il poursuivi.

Les ministères du gouvernement luttent contre ces campagnes en diffusant des alertes répétées contre elles et en poursuivant les responsables.

Le gouvernement a également lancé plusieurs campagnes pour promouvoir des initiatives approuvées, comme la Campagne saoudienne nationale pour aider les frères de Syrie, qui distribue de la nourriture en Syrie et en Turquie aux Syriens dans le besoin.

Application des mesures de contrôle

Les lois saoudiennes visant à lutter contre le financement du terrorisme cherchent à empêcher la collecte non autorisée des dons, a expliqué Yasser al-Muhanna, professeur à l'université de Qassim.

Le processus de suivi et d'enquête inclut aussi « toutes les activités suspectes, y compris le blanchiment d'argent », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

« Nombre des personnes qui étaient impliquées dans des activités suspectes ont été arrêtées après que leur compte en banque ait gonflé considérablement », a-t-il fait savoir.

« Les personnes coupables d'avoir récolté de l'argent sans permis délivré par une agence gouvernementale peuvent être condamnées à un emprisonnement d'au moins trois ans, conformément à la loi des crimes contre l'information, ou au paiement d'une amende de deux millions de riyals (533 333 $) ou plus », a déclaré Mohammed ben Abdoullah al-Asiri, ministre des Affaires sociales et directeur des organisations caritatives.

S'il est prouvé que ces actes ont financé des groupes terroristes, la peine d'emprisonnement peut aller jusqu'à dix ans, et l'amende à cinq millions de riyals (1,3 million de dollars), a-t-il précisé à Al-Mashareq.

Cette année, les comptoirs de dons, qui proliféraient en bords de routes et dans les centres commerciaux pendant le ramadan, ont été interdits, a-t-il fait savoir.

Les autorités ont également « interdit aux imams de mosquées de recevoir de l'argent sous prétexte d'aide ou pour organiser des banquets d'iftar », a-t-il ajouté.

Au lieu de récolter les dons, il a été demandé aux administrateurs des mosquées d'orienter ceux qui veulent faire des dons en argent liquide ou en nature vers des organismes caritatifs autorisés, a conclu al-Asiri.