Cette année, le mois sacré du ramadan aura un parfum particulier pour les habitants de Mossoul, car la plupart des quartiers de leur ville ont été libérés de l'emprise de « l'État islamique » (Daech).
Ils peuvent désormais de nouveau pratiquer librement et sans crainte les rituels du ramadan, dont beaucoup avaient été interdits par le groupe.
Motaz Ali, 36 ans et habitant du quartier de Somar dans l'est de Mossoul, a décoré sa maison avec des lumières et des lampions en préparation du mois sacré.
« Nous avons vécu le ramadan pendant trois années où nous étions sous le contrôle des terroristes », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Ils nous ont privés de la joie du jeûne, des prières et des visites entre proches. »
« Nous ne pouvions rien faire d'autre que prier, et nous remercions Dieu d'avoir répondu à nos appels », a-t-il ajouté.
Ali a poursuivi en expliquant qu'il avait promis de préparer des repas pour les pauvres durant tout le mois de jeûne après la libération de sa ville. « Il est maintenant temps de remplir cette promesse », a-t-il dit.
Lorsque Daech régnait sur Mossoul, le groupe terroriste avait interdit toute forme de célébration de l'arrivée du ramadan, comme les décorations dans les maisons, les échanges de nourriture et de douceurs, et les rassemblements le soir, qui comprennent généralement des traditions populaires du ramadan telles que le jeu irakien appelé al-Muhaibis.
Le groupe avait également interdit les célébrations religieuses.
Lever le voile de la peur et de la terreur
La crainte des persécutions et des punitions par les activistes avait poussé les habitants à rester chez eux et à ne sortir que lorsque cela était absolument nécessaire, a expliqué Abou Bakr Kanaan, président de la Fondation sunnite de Ninive.
« La période du joug de Daech est une période sombre dans tous les sens du mot », a-t-il confié à Diyaruna.
« Les gens avaient peur de la brutalité du groupe et des sanctions contre quiconque contrevenait à ses ordres », a-t-il poursuivi.
De ce fait, la plupart des rites et des coutumes sociales associés au mois du ramadan avaient disparu.
« Les habitants de la ville préféraient également effectuer les prières de taraweeh et de jamaat chez eux, pour éviter de devoir aller dans les mosquées dirigées par des imams de Daech et d'écouter leurs prêches et leurs sermons remplis d'idées incendiaires et déviantes sur l'Islam », a expliqué Kanaan.
« Ce qui est important maintenant, c'est que cette époque est révolue et ne reviendra pas, et que cette année, le ramadan se passera sans terrorisme ni peur », a-t-il ajouté.
Un ramadan au goût de victoire
Ce retour de la liberté et des prières sans crainte « intervient alors que nos forces militaires poursuivent leurs victoires et sont proches de la libération de tous les quartiers de Mossoul », a poursuivi Kanaan.
Preuve en est que la Fondation sunnite de Ninive a préparé un programme chargé pour le ramadan, a-t-il indiqué.
« Nous organiserons des sermons, des séminaires et des conférences éducatives dans les mosquées de Mossoul et dans toute la province, pour souligner la tolérance de notre religion et son rejet de l'extrémisme et de toutes les formes de violence, avec l'appel à l'unité et à la construction de la nation », a-t-il expliqué.
Les éléments de Daech ont perverti toutes les valeurs de la foi islamique, a déclaré le député Ali al-Allaq, président de la commission parlementaire irakienne pour les dotations et les affaires religieuses.
« Ils ont utilisé le ramadan, mois de la bienveillance, du don et de la compassion, pour commettre les pires crimes contre des innocents, réfuter tout ce qui était autorisé par Dieu, et s'en prendre aux droits individuels », a-t-il déclaré à Diyaruna.
« Les habitants de Mossoul ont vécu des mois de ramadan difficiles avec ces criminels, [...] mais cette année, le ramadan aura le goût de la victoire. »
Les forces irakiennes protégeront les habitants de Mossoul
Les forces irakiennes redoublent d'efforts pour protéger les zones libérées de Mossoul et contrer les tentatives faites par des éléments de Daech de porter atteinte à la sécurité pendant le ramadan.
Mohammed Ibrahim, président de la commission pour la sécurité du conseil provincial de Ninive, a expliqué que l'armée, la police et les unités de renseignement collaboraient à la mise en œuvre d'un plan de sécurité complet.
« Ce plan prévoit l'intensification du déploiement militaire aux abords des mosquées et sur les marchés publics, dans les parcs et les cafés, la mise en place de points de sécurité, le lancement d'opérations de recherche surprises, et des patrouilles jusqu'à une heure avancée de la nuit », a-t-il précisé à Diyaruna.
Ibrahim a souligné que ce plan dépendait en grande partie de l'effort de renseignement visant à faire avorter les plans des activistes.
« La Direction des renseignements [et de lutte antiterroriste] de Ninive et les Services nationaux de sécurité travaillent en secret à collecter des informations, à surveiller et à arrêter les éléments de Daech cachés au sein de la population et à dévoiler leurs repaires », a-t-il poursuivi.
Ces agences ont mené avec succès depuis plusieurs mois « des opérations préventives » et ont pu débarrasser Mossoul des cellules terroristes, a-t-il indiqué.
« Nous promettons à nos compatriotes que le mois de ramadan sera sûr », a affirmé Ibrahim. « Nous ne laisserons pas Daech menacer la vie des personnes, les apeurer, ni les priver de la joie de ce mois sacré. »