Terrorisme

Daech fait appel à ses cellules dormantes alors que la chance tourne

Par Khalid al-Taie et Waleed Abou al-Khair

Des éléments d'une cellule dormante de « l'État islamique » ont été arrêtés dans le nord de la Syrie. Avant de lancer leurs attaques préméditées, les éléments de Daech s'infiltrent dans la zone visée et tentent de s'intégrer au sein de la population locale afin de préparer leur attaque. [Photo fournie par Rebar Nabo]

Des éléments d'une cellule dormante de « l'État islamique » ont été arrêtés dans le nord de la Syrie. Avant de lancer leurs attaques préméditées, les éléments de Daech s'infiltrent dans la zone visée et tentent de s'intégrer au sein de la population locale afin de préparer leur attaque. [Photo fournie par Rebar Nabo]

Alors qu'il perd du terrain sur plusieurs fronts, « l'État islamique » (Daech) s'en remet à des tactiques plus secrètes pour semer la peur et affirmer sa présence dans les régions qui échappent désormais à son contrôle, expliquent des responsables à Diyaruna.

Pour ce faire, il utilise des cellules dormantes, des groupes secrets qui se cachent au sein de la population en attendant l'ordre de passer à l'acte, pour mener des attaques suicides.

Appréhender ces cellules dormantes avant qu'elles ne puissent lancer leurs attaques requiert la coopération pleine et entière de la population civile, ont expliqué des responsables, soulignant l'importance d'une plus grande sensibilisation du public et la nécessité de signaler toute activité suspecte.

Le 9 avril, un habitant a alerté les forces irakiennes sur une cellule dormante basée dans une maison située dans l'est de Mossoul, dans le quartier d'al-Zuhour.

Répondant à ce renseignement, les forces de sécurité ont lancé une opération contre cette maison, dans laquelle elles ont mis la main sur des armes, des explosifs et des documents extrémistes, et ont arrêté deux éléments de Daech.

Nombre d'opérations similaires ont été menées dans Mossoul avec l'aide d'habitants de la ville, a expliqué à Diyaruna Hosam Eddin al-Abbar, membre de la commission des services au sein du conseil provincial de Ninive.

Les habitants de Mossoul « ont beaucoup souffert lorsque Daech a occupé leurs quartiers », a-t-il déclaré. Ils ne veulent pas que cela se répète, a-t-il ajouté, raison pour laquelle ils « signalent volontairement les cellules terroristes ».

Agir sur des renseignements

À l'intérieur de Mossoul, les services de sécurité et de renseignements ainsi que la police locale analysent les signalements qui leur parviennent et les valident en les recoupant avec leurs propres sources, a expliqué al-Abbar.

Une fois les enquêtes terminées et les mandats des juges obtenus, les individus recherchés sont immédiatement arrêtés, a-t-il expliqué.

Depuis le début de l'année, « près de 1 200 terroristes membres de cellules dormantes ont été appréhendés dans les zones libérées de Mossoul », a précisé al-Abbar, grâce en grande partie aux informations fournies par des habitants de ces régions.

Avant de mener leurs attaques préméditées, des éléments de Daech chargés de missions secrètes sont infiltrés dans la zone visée et tentent de s'intégrer au sein de la population locale afin de préparer leur attaque.

Cela a été le cas lors d'une attaque lancée le 7 mai contre une base militaire à Kirkouk, que les forces de sécurité ont été en mesure de repousser, affrontant cinq kamikazes porteurs de ceintures explosives qui se sont fait exploser.

Selon l'enquête initiale, ont expliqué des responsables locaux, les attaquants étaient membres d'une cellule dormante de Daech qui s'était infiltrée il y a quelque temps dans la province .

Éliminer les cellules dormantes

Les cellules dormantes de Daech peuvent être éliminées en accélérant la libération des zones occupées de Kirkouk, al-Hawija en particulier, et en facilitant le travail de renseignement, a expliqué le premier adjoint au maire de Kirkouk, Rakan al-Jubury.

« Une fois ces zones libérées, les chefs terroristes perdent leur capacité à diriger et à activer les cellules dormantes », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Il y a eu une excellente coopération entre les habitants de Kirkouk et les forces de sécurité, a-t-il rappelé, soulignant que « pas une semaine ne se passe sans qu'une cellule dormante ne soit traquée avec le soutien direct de la population ».

Les habitants déplacés des régions contrôlées par Daech sont une source d'information très riche, a-t-il ajouté, et ils ont aidé à mettre à jour plusieurs cellules qui avaient infiltré la province avec les vagues de déplacés internes (DI).

Le 18 avril, des résidents locaux ont conduit les agents des renseignements irakiens vers un repaire de Daech dans la région rurale d'al-Tarmiya, au nord de Bagdad, où ils ont arrêté dix militants en possession de grandes quantités d'explosifs.

Les zones désertiques éloignées sont « le terreau naturel des cellules terroristes et une sérieuse menace », a déclaré Rajeh Barakat al-Aifan, membre de la commission de sécurité du conseil provincial de l'Anbar.

Les forces spéciales doivent être formées à traquer les cellules dormantes dans des régions reculées, a-t-il précisé à Diyaruna, ajoutant que ces cellules constituent le dernier recours des groupes terroristes.

« Nos concitoyens sont désormais bien conscients des plans des terroristes et donnent toutes les informations dont ils disposent pour parer aux menaces terroristes », a-t-il ajouté.

Cibler les cellules en Syrie

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) travaillent à éliminer les cellules dormantes de Daech qui s'infiltrent dans les convois de DI se rendant vers des régions plus sûres dans le but de recruter des jeunes, ont indiqué des responsables des FDS.

« Pour éliminer la menace que représentent ces cellules dormantes de Daech, les FDS, en coopération avec les conseils locaux des zones libérées et leurs agences affiliées, procèdent à des inspections et à une surveillance constante, pour repousser le danger », a expliqué à Diyaruna Abdoullah Haidar, un habitant du camp de réfugiés d'Ayn Issa.

La sécurité a été renforcée dans les zones ayant connu des vagues de déplacements, a-t-il ajouté, car Daech a exploité l'agitation pour installer des cellules dormantes.

« Actuellement, des procédures renforcées sont appliquées dans le traitement des personnes fuyant la région d'al-Raqqa », a poursuivi Haidar. « Elles sont regroupées dans un camp proche d'Ayn Issa, et toutes sont soumises à des contrôles de sécurité pour éliminer toute personne infiltrée. »

Les civils ont été informés de cette procédure, et coopèrent pleinement avec les forces de sécurité, a-t-il expliqué.

« Les habitants apportent leur concours et se conforment aux ordres et aux mesures prises par les forces de sécurité, notamment en termes de respect du couvre-feu et en demeurant à l'intérieur des camps jusqu'à ce que les opérations de ratissage soient achevées », a-t-il ajouté.

Des dizaines de cellules mises à jour

« Les cellules dormantes de Daech sont la plus mortelle de toutes les armes du groupe », a estimé Rebar Nabo, chef d'une équipe de l'Asayesh à Qamishli.

Toutes les régions de Syrie ont souffert des cellules réparties à travers les zones contrôlées par Daech et celles libérées, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Dans la période qui a suivi la libération des zones du nord de la Syrie, des dizaines de cellules dormantes travaillant pour [Daech] ont été découvertes », a-t-il rappelé.

Différentes missions leur avaient été assignées, a poursuivi Nabo.

Certaines étaient spécialisées dans la pose de mines et d'EEI visant des civils, d'autres étaient chargées d'espionner pour le compte du groupe en surveillant les mouvements de l'armée et des factions adverses.

« Les forces spéciales de l'Asayesh ont arrêté plusieurs cellules dormantes qui étaient actives dans la région de Tel Hamis et avaient installé des EEI pour instiller crainte et appréhension dans l'esprit des citoyens », a-t-il poursuivi.

Ces arrestations ont été le résultat d'une étroite surveillance des habitants de la région ainsi que des informations essentielles fournies par les locaux, a-t-il précisé.

« Les habitants des zones libérées de Daech signalent quotidiennement des personnes suspectes », a-t-il ajouté. « Soit directement aux centres de sécurité ou aux patrouilles déployées sur zone, soit en appelant les numéros de téléphone mis en service à cette fin. »

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