Les enfants yéménites sont les plus lourdement touchés par la guerre en cours dans le pays, selon l'UNICEF, car ils sont soumis à la malnutrition, aux maladies physiques et psychologiques, et aux maux sociaux comme le recrutement par des groupes armés et le mariage précoce.
Alors que la famine menace au Yémen, le nombre d'enfants en danger de malnutrition devrait augmenter, a déclaré l'UNICEF dans un rapport de mars, soulignant que plus de 462 000 enfants souffrent actuellement de malnutrition aiguë sévère.
Le nombre de personnes souffrant de pauvreté extrême et de malnutrition est en augmentation, a indiqué cette agence de l'ONU, près de 80 % des foyers étant lourdement endettés, et la moitié de la population du pays vivant avec moins de 2 dollars par jour.
La baisse des revenus des foyers a entraîné le recrutement des enfants par tous les camps du conflit, ainsi que l'augmentation des mariages précoces, a fait savoir l'UNICEF.
Plus de deux tiers des filles yéménites ont été mariées avant l'âge de 18 ans, alors que ce chiffre n'était que de 50 % avant l'escalade du conflit, a informé l'agence, ajoutant que les groupes armés recrutent de plus en plus d'enfants alors que les combats s'intensifient.
« Une tragédie humanitaire oubliée »
« L'UNICEF a publié son rapport sur la condition des enfants au Yémen après deux ans de guerre pour rappeler au monde l'existence de la tragédie humanitaire oubliée de ce pays, dont les victimes sont des enfants », a expliqué Mohamed Assadi, porte-parole de l'UNICEF au Yémen.
La détérioration des conditions humanitaires et des conditions de vie, associées au déclin des services de santé et de l'éducation, a eu un impact direct sur les enfants et a augmenté leurs souffrances, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« Nous exhortons les parties prenantes au conflit à parvenir à une solution pacifique et à un accord politique qui garantisse que les citoyens aient une vie décente et permette aux organisations humanitaires d'atteindre ceux qui ont besoin d'aide, et permette aux personnes déplacées de revenir dans leurs maisons et leurs régions », a-t-il déclaré.
Il a appelé la communauté internationale à intensifier son soutien financier et à répondre à l'appel du Yémen pour de l'aide humanitaire d'une façon qui garantisse la fourniture de l'aide nécessaire dans toutes les régions.
La guerre a eu un impact négatif sur le secteur de la santé, a expliqué à Al-Mashareq le porte-parole du ministère de la Santé, Abdoul Hakim al-Kahlani.
Selon une étude récente, a-t-il précisé, la guerre au Yémen a fait reculer le système de santé de 10 ans, et le taux de mortalité infantile chez les enfants de moins de 5 ans a grandement augmenté.
« C'est un indicateur sérieux de la détérioration de la situation de santé en général », a-t-il fait remarquer, soulignant que les enfants sont confrontés à de nombreux risques à cause de la guerre.
Le risque le plus grave est l'augmentation des souffrances et de la pauvreté à cause des difficultés économiques, qui menacent la santé et l'avenir des enfants, a-t-il affirmé.
La guerre a aussi d'importants effets psychologiques sur les enfants, a-t-il ajouté, en plus du risque de famine et de propagation de maladies comme le choléra, la dengue, le paludisme et d'autres, auxquelles les enfants sont les plus vulnérables.
Augmentation du nombre d'orphelins
Une enquête récente menée par la Fondation pour le développement des orphelins a révélé que la guerre avait produit plus de 79 155 orphelins.
Dans un rapport publié début avril, la fondation a indiqué que « mis à part l'espérance de vie réduite, les nombreuses causes de décès et une tragédie de plus en plus présente ayant frappé la plupart des Yéménites, il existe une autre sorte de souffrance connue par plus d'un million d'enfants pauvres dont les parents sont morts ».
« Les enfants ont été les plus touchés par la guerre, bien qu'ils n'aient aucune influence sur celle-ci », a déclaré le directeur exécutif Adel al-Usaimi à Al-Mashareq.
« Les orphelins sont encore plus durement touchés, leur nombre ayant doublé directement à cause de la guerre », a-t-il fait savoir.
La fondation tente d'alléger les souffrances des orphelins par le biais de plusieurs programmes d'éducation et de santé, a-t-il expliqué.
Parmi ceux-ci, un projet de partenariat visant à empêcher les enfants de quitter l'école, et un programme pour fournir une formation professionnelle dans plusieurs secteurs à mille enfants âgés de 10 à 20 ans, pour leur permettre de trouver du travail.
« Cela est conçu pour les aider à gagner leur vie malgré ces circonstances critiques », a déclaré al-Usaimi.
Augmentation du recrutement des enfants
La Siyaj Organisation for Child Protection estime que le nombre d'enfants recrutés et forcés de participer à des conflits armés au Yémen a été multiplié par plus de huit au cours des deux dernières années, a déclaré à Al-Mashareq le directeur de l'organisation, Ahmad al-Qureshi.
Cela aura « des conséquences directes et désastreuses pour les enfants et la société en général, maintenant et à l'avenir », a-t-il affirmé.
Le recrutement des enfants est devenu plus courant en 2015 et en 2016, alors que le conflit s'élargissait pour inclure plus de seize provinces, par rapport aux six provinces impliquées avant 2015, a-t-il précisé.
L'augmentation de la pauvreté et des déplacements, la réduction des sources de revenus et l'absence ou la faiblesse de l'autorité gouvernementale, ainsi que le contrôle des Houthis (Ansarallah) sur les leviers du pouvoir sont des facteurs qui ont contribué à la situation, a-t-il conclu.
Nous, les Yéménites, n'avons pas besoin d'assistance. En ce qui concerne le mariage, c'est mieux que l'adultère. [illisible]
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