Droits de l'Homme

Sept millions de Yéménites exposés au risque de famine, selon l'ONU

Par Faisal Darem à Sanaa

Jamie McGoldrick, coordinateur de l'aide humanitaire des Nations unies au Yémen, parle de la crise humanitaire que traverse le pays lors d'une conférence de presse organisée le 27 mars à Sanaa. [Photo fournie par Mohamed Hwais]

Jamie McGoldrick, coordinateur de l'aide humanitaire des Nations unies au Yémen, parle de la crise humanitaire que traverse le pays lors d'une conférence de presse organisée le 27 mars à Sanaa. [Photo fournie par Mohamed Hwais]

Alors qu'il entre dans sa troisième année de guerre, le Yémen est face à une grave crise humanitaire, selon Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire des Nations unies au Yémen.

S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée le 27 mars à Sanaa, McGoldrick a déclaré que ni les mots ni les chiffres ne pouvaient décrire de manière précise les souffrances de millions de Yéménites.

« Dix-neuf millions de personnes, soit près des deux tiers de la population, ont besoin d'une aide humanitaire, 17 millions d'entre eux n'ayant aucune sécurité alimentaire et sept millions risquant la famine, selon un scénario plausible », a-t-il ajouté.

McGoldrick a appelé la communauté internationale à apporter une aide financière rapide en réponse à « l'appel humanitaire lancé par les Nations unies pour aider au moins six millions de personnes ».

On estime à 2,1 milliards de dollars le montant nécessaire pour répondre à cette crise, a-t-il précisé, « sur lesquels 7 % seulement ont été promis, et nous approchons maintenant de la fin du premier trimestre de l'année ».

McGoldrick a décrit les difficultés que rencontrent les organisations humanitaires alors qu'elles s'efforcent d'atteindre et d'apporter de l'aide à six millions de personnes dans le pays.

Selon lui, la nourriture et d'autres formes d'aide pourraient être délivrées à un plus grand nombre de personnes si la liberté de circulation était garantie et si de meilleures conditions de sécurité prévalaient.

Le lourd bilan de la guerre

Au cours des deux dernières années, a poursuivi McGoldrick, « plus de 50 000 civils ont été blessés, tués ou mutilés à cause de la guerre ».

Au moins 1 450 enfants ont été tués et 2 450 autres blessés, tandis que 1 572 enfants soldats ont été recrutés pour combattre ou ont été utilisés par les factions armées pour conduire des activités non militaires.

Des centaines de civils ont été tués dans des mosquées, sur les marchés, dans des écoles et des hôpitaux, a-t-il ajouté.

Deux années de conflit ont également vu des déplacements de longue durée au sein de la population, les opérations militaires les plus récentes autour du port d'al-Mokha sur la mer Rouge déclenchant une nouvelle vague de déplacements.

Près de 50 000 personnes ont été déplacées dans cette région, ainsi que près de deux millions d'autres qui ont été déplacées ailleurs dans le pays, a-t-il précisé.

Les déplacés internes (DI) sont soumis à un risque accru de violences, a ajouté McGoldrick, et des millions d'enfants ne sont pas en mesure d'aller à l'école.

Dix-neuf millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire

« Alors que débute la troisième année de guerre, de plus en plus de personnes ont maintenant besoin d'une aide humanitaire et d'une aide alimentaire », a ajouté le vice-ministre du Plan et de la Coopération internationale Moutahar al-Abbassi.

« Les donateurs doivent fortement répondre à cet appel humanitaire, car les Nations Unies ont enregistré un déficit de 55 % de leur objectif de financement, qui était de 1,8 milliard, alors que la cible de collecte de fonds pour 2017 est passée à 2,1 milliards », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Ces fonds seront insuffisants pour répondre au niveau de souffrances humanitaires a-t-il poursuivi, mais aideront néanmoins à apporter l'aide la plus urgente.

Selon plusieurs rapports des Nations unies, 19 millions de Yéménites ont actuellement besoin d'une aide alimentaire, et quatorze millions doivent faire face à une grave pénurie de nourriture.

Pour aider à répondre aux besoins de la population, les Nations unies organiseront une Conférence des donateurs le 25 avril à Genève, a indiqué Ahmed ben al-Aswad, membre du bureau de presse des Nations unies, à Al-Mashareq.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres participera à cette conférence, aux côtés de responsables de haut niveau des gouvernements des pays donateurs et de représentants des organisations internationales, a-t-il fait savoir.

« L'appel à participer à cette conférence a été adressé à l'ensemble des donateurs et des soutiens du Yémen, y compris les fonds nationaux, internationaux et du Golfe arabe, ainsi qu'à d'autres parties prenantes intéressées par l'aspect humanitaire », a-t-il déclaré.

Résolution pacifique du conflit

« Amener les factions belliqueuses à la table des négociations aidera grandement à alléger les souffrances des Yéménites », a déclaré l'économiste Abdoul Jalil Hassan à Al-Mashareq.

Il a appelé les Nations unies à rechercher une résolution pacifique au conflit, « parce que sept millions de personnes risquent de mourir de faim si l'ONU n'affecte pas les moyens nécessaires ou si le port d'al-Hodeidah est pris pour cible. »

Ce port est une ligne de survie pour les Yéménites, parce c'est par lui que transite l'aide urgente, a-t-il affirmé.

« Les habitants d'al-Hodeidah sont déjà les plus pauvres comparé aux habitants des autres provinces yéménites » a expliqué à Al-Mashareq Hayat Hikmi, militante des droits de l'Homme et activiste sociale.

Toute fermeture de ce port entraînerait des souffrances supplémentaires, parce qu'une grande partie de la population locale travaille sur le port et dépend de lui pour sa subsistance, a-t-elle indiqué, parlant d'une « ouverture importante pour l'aide ».

« Le port d'al-Hodeidah est le principal point d'entrée pour l'aide et le commerce », a expliqué quant à lui Zaid al-Alaya, responsable de l'information du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Yémen.

« Sa fermeture signifierait une hausse de la pauvreté et de la faim, et porterait les besoins alimentaires de 17 millions de personnes actuellement à 19 millions », a-t-il renchéri.

Il doit exister d'autres moyens d'apporter cette aide, a-t-il conclu, précisant que l'ouverture d'autres itinéraires « serait toutefois encore plus difficile et le prix encore plus élevé ».

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2 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Si tel est le cas, comment est alors la souffrance des réfugiés au Yémen? Toutes les portes de la Commission dans les provinces du nord ont été fermées. Les réfugiés au Yémen sont confrontés à une crise sans précédent. Seuls les locaux travaillent à la Commission, et ce sont des racistes. Ils ne se soucient pas de la souffrance des réfugiés. Enfin, nous espérons que le monde se tournera de nouveau vers les conditions des réfugiés pauvres au Yémen.

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