Sécurité

L'armée égyptienne lance l'assaut dans Jabal al-Halal dans le centre du Sinaï

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Les forces égyptiennes explorent une grotte à Jabal al-Halal, où elles mènent une opération pour débusquer les éléments de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par les forces armées égyptiennes]

Les forces égyptiennes explorent une grotte à Jabal al-Halal, où elles mènent une opération pour débusquer les éléments de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par les forces armées égyptiennes]

L'armée égyptienne a récemment lancé l'assaut sur Jabal al-Halal dans le centre du Sinaï, dans le cadre d'une opération de plusieurs mois visant à débarrasser la région des extrémistes.

Cette région montagneuse, située à environ 60 kilomètres au sud d'al-Arish, est foyer de groupes extrémistes, en particulier Wilayat Sinai, un affilié de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), ont expliqué des experts à Al-Mashareq.

Les activistes retranchés dans la région ont profité de ses montagnes, de ses grottes et de ses vallées pour y établir un bastion à partir duquel ils montent leurs attaques.

L'armée égyptienne affirme avoir pris le contrôle des montagnes et saisi des dépôts d'armes et de drogue, des véhicules militaires, du matériel de communication sophistiqué et des explosifs découverts dans la région.

Une bataille complexe

« L'opération contre Jabal al-Halal a commencé il y a plusieurs mois, avec le bouclage et l'encerclement complet de la zone, et la fermeture de toutes les routes et les cols de montagne », a rapporté le major général Abdoul Karim Ahmed, officier égyptien à la retraite et analyste militaire.

« Les opérations elles-mêmes ont débuté fin février, et les opérations de ratissage et les raids se sont poursuivis pendant au moins quinze jours et sont encore en cours, avec pour objectif le contrôle intégral de la région », a-t-il précisé à Al-Mashareq.

Ce fut « une opération surprise menée durant l'hiver », a-t-il poursuivi, une époque où « la plupart des armées évitent de s'engager dans des combats ou des opérations en raison des mauvaises conditions de visibilité, de la difficulté de mouvement et du froid mordant. »

L'assaut contre les montagnes, à 1 700 mètres d'altitude, est un « coup très rude porté aux terroristes au Sinaï, dans la mesure où il s'agit d'une redoute très importante pour eux », a-t-il ajouté.

Outre la prise de postes d'opérations, d'abris et d'entrepôts de véhicules, les documents saisis lors de ces opérations révèlent les déplacements et les plans des militants, a-t-il continué, et fourniront une vision plus claire de leurs méthodes et de leurs cibles potentielles.

L'opération visant à chasser les éléments extrémistes de Jabal al-Halal a été l'une des « opérations militaires les plus complexes et les plus difficiles » pour l'armée, a estimé pour sa part le général de brigade Khaled Okasha, officier en retraite de l'armée égyptienne et expert en sécurité.

La raison en tient au difficile terrain montagneux, qui permet aux extrémistes de rester cachés pendant longtemps dans des positions fortifiées, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Il a déclaré s'attendre à ce que les opérations de ratissage durent longtemps du fait de la complexité des opérations, de l'abondance de grottes pouvant servir à se cacher, et des mines et pièges installés par les extrémistes.

Un « impact clair » sur la population civile

L'opération a eu un « impact clair » sur la situation dans les régions peuplées de civils au Sinaï, a expliqué le major général Jawdat Ashraf, de la police égyptienne, stationné dans le Sinaï.

Cela est en particulier le cas à al-Arish, la capitale de la province du Nord-Sinaï, a-t-il précisé, où le nombre d'attaques terroristes a atteint son plus bas niveau depuis des années.

« Les montagnes sont le principal centre de planification des terroristes », a-t-il indiqué, ajoutant que l'opération avait réussi à les disperser et à les priver d'un havre de sécurité où ils pouvaient retourner après voir mené leurs attaques.

Les zones comprises entre les montagnes et les régions peuplées, en particulier autour de Sheikh Zuweid, al-Arish et Rafah, ont en grande partie été débarrassées des repaires qu'ils utilisaient, a expliqué Ashraf.

« L'assaut lancé contre les montagnes a conduit à la découverte de preuves qui ont révélé les routes de contrebandes utilisées par les militants et celles qu'ils utilisaient pour s'infiltrer en territoire égyptien », a-t-il ajouté.

Le succès du récent assaut dans le centre du Sinaï a également eu un impact positif sur la situation de la population copte de la région, a indiqué Ashraf.

De nombreux coptes avaient en effet fui la péninsule après une série d'attaques visant leur communauté , mais certains d'entre eux ont depuis réintégré leurs foyers au vu de l'amélioration des conditions de sécurité, a-t-il relaté.

L'opération a réussi à contenir les migrations de la région vers des villes comme al-Ismailiya, a-t-il précisé, soulignant que les ministres de la Défense et de l'Intérieur s'étaient rendus dans la ville d'al-Arish pour rassurer les habitants.

Les tribus locales aident les forces de sécurité

« Jabal al-Halal est une zone désertée par les habitants du Sinaï parce qu'elle est contrôlée par les terroristes qui empêchent les civils d'approcher », a expliqué Mamoun Majeed, professeur en collège et natif du Nord-Sinaï.

Traditionnellement, la région a été utilisée comme zone de pâturage, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, ajoutant que l'on y trouve aussi des oliveraies et des vergers d'arbres fruitiers qui sont actuellement abandonnés parce que les extrémistes en ont bloqué l'accès pour les populations locales.

Depuis le début des violences en 2004, les militants ont trouvé refuge dans les montagnes et s'y sont installés, a-t-il expliqué.

La police égyptienne a lancé plusieurs opérations de poursuite, mais les difficultés du terrain et le grand nombre de cols et de gorges dans la région, dont certaines ont 300 mètres de profondeur, ont grandement limité leur efficacité, a-t-il poursuivi.

Cela n'a pas été le cas lors de l'opération en cours, a-t-il précisé.

« La région de Jabal al-Halal est contrôlée par les hommes des tribus de Tarabeen et d'al-Tayaha, qui fournissent des informations importantes sur les routes, les cols et les caches dans la montagne, qu'eux seuls connaissent », a-t-il ajouté.

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1 COMMENTAIRE (S)

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D'ailleurs, c'est l'armée égyptienne qui mettra fin à l'EIIL.

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