Les forces de sécurité saoudiennes ont récemment capturé une cellule isolée de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) qui planifiait des attentats dans le royaume, lors d'une opération déclenchée contre son repaire à Djeddah, ont rapporté des responsables à Al-Mashareq.
Suite à ces arrestations et à l'enquête, les autorités ont révélé comment cette cellule avait recruté des membres pour mener ses activités sans être détectée, exhortant les Saoudiens à être vigilants et à signaler toute activité ou personne suspecte.
Lors d'une conférence donnée le 25 janvier à Riad, le major général Mansour al-Turki, porte-parole de la sécurité au ministère de l'Intérieur, a identifié les deux membres de la cellule qui se sont fait exploser lors d'une opération contre leur repaire à al-Harazat (Djeddah).
Il s'agit de Khalid Ghazi Hussein al-Sarwani et Nadi Marzouq al-Mudhaini Enazi, qui avait été emprisonné pour terrorisme et relâché après avoir purgé sa peine et suivi un programme de munasaha (conseil), a-t-il ajouté.
Les seize autres membres de la cellule ont été interpellés, a-t-il déclaré, révélant que trois d'entre eux sont saoudiens, les autres étant pakistanais.
L'un des membres, Hussam al-Juhani, a avoué que les deux hommes qui se sont fait exploser s'étaient déplacés habillés en femmes pour ne pas être repérés.
D'autres recrutaient activement des jeunes dans les mosquées et lors de séminaires de mémorisation du Coran.
La sensibilisation du public est essentielle
« Il est très important de montrer au public comment les terroristes opèrent », a déclaré le major général Mansour al-Shehri, ancien officier de l'armée saoudienne et ancien attaché militaire.
Les forces de sécurité ont utilisé ces informations pour appréhender et démanteler la cellule, a-t-il fait savoir, soulignant qu'il est important que le public comprenne aussi comment ces groupes agissent pour pouvoir repérer les activités suspectes.
« Entre autres moyens pour se dissimuler et échapper à la détection, les terroristes pénètrent dans des zones résidentielles pour y chercher un abri et s'y cacher, portent des vêtements de femmes et cherchent refuge dans les mosquées », a-t-il indiqué.
Dévoiler ces tactiques au grand public augmente les probabilités que quelqu'un fournisse des informations sur des activités suspectes qui pourraient empêcher un attentat coûtant la vie à des innocents, a-t-il poursuivi.
« Ces tactiques utilisées par les terroristes sont considérées comme tabous dans la société saoudienne, surtout lorsqu'il s'agit de fouiller des femmes et d'interférer avec les séminaires d'enseignement du Coran et les leçons religieuses dans les mosquées », a-t-il expliqué.
Un réseau dangereux
Il est difficile de débusquer un réseau de cellules isolées, a confié al-Shehri, car ses membres ne communiquent pas directement entre eux et ils ne connaissent pas leurs identités respectives.
Les membres de la cellule de Djeddah avaient quitté al-Qaïda pour l'EIIL, a-t-il fait savoir, après avoir appris et adopté les tactiques et le mode opératoire d'al-Qaïda.
« Les mesures de sécurité prises contre al-Qaïda ont forcé les éléments terroristes à chercher une autre source pour financer leurs causes extrémistes, et l'EIIL a été cette source », a-t-il ajouté.
« Les recruteurs de l'EIIL cherchent également d'anciens terroristes pour les réactiver et les utiliser pour mener des attaques terroristes, considérant que le travail leur sera plus facile que pour de nouvelles recrues, parce que l'idéologie terroriste est déjà implantée en eux et tout ce dont ils ont besoin, c'est d'un soutien financier », a expliqué al-Shehri.
« Certains terroristes qui sont arrêtés ou qui commettent des attaques terroristes ont déjà été arrêtés pour terrorisme », a déclaré Abdoullah al-Muqrin, professeur de jurisprudence comparative à l'université d'Umm Al-Qura de La Mecque.
Cela était le cas de Nadi Marzouq al-Mudhaini Enazi, qui avait déjà purgé une peine pour avoir combattu à l'étranger dans les rangs de groupes terroristes.
Cette affaire « pourrait déclencher une révision des condamnations des terroristes, la période qu'ils passent derrière les barreaux et la durée du programme munasaha », a-t-il affirmé.
Besoin de vigilance
Al-Muqrin a mis en garde que « les terroristes utilisent encore les mosquées pour répandre et disséminer les idées terroristes », bien que cette pratique ait été réduite grâce à des mesures de sécurité plus drastiques.
Ces activités sont en général menées dans de petites mosquées qui sont loin de la vigilance du gouvernement et des comités officiels chargés de surveiller les imams et les enseignants d'études religieuses, a-t-il fait savoir.
Il est capital de partager des informations de sécurité avec la société, a affirmé Mazen Zaki, directeur du nouveau département médias du Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherche sur le terrain en Égypte.
Cela peut être facilement accompli sur les réseaux sociaux, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, les jeunes Saoudiens consommant et partageant des actualités à grande échelle par ces moyens.
« La récente déclaration faite par le major général Turki, par exemple, a fourni de nombreux détails sur les tactiques employées par les terroristes », a ajouté Zaki.
Celles-ci ont été publiées sur les réseaux sociaux grâce à des hashtags distincts, a-t-il indiqué, « et ont attiré beaucoup de discussions principalement centrées sur la lutte contre le terrorisme ».