Tolérance

Les érudits sunnites du Liban prônent la modération

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des fidèles musulmans effectuent la prière du soir (Isha) lors du mois sacré de ramadan, le 7 juin 2016, devant la mosquée al-Sadiq dans la ville côtière libanaise de Tripoli. [Benjamin Cremel/AFP]

Des fidèles musulmans effectuent la prière du soir (Isha) lors du mois sacré de ramadan, le 7 juin 2016, devant la mosquée al-Sadiq dans la ville côtière libanaise de Tripoli. [Benjamin Cremel/AFP]

Plus de 400 clercs et érudits sunnites libanais se sont réunis dans le nord du pays, à Tripoli, pour affirmer leur engagement en faveur de la modération et leur rejet de l'extrémisme et de la violence.

Les membres du Conseil des érudits musulmans et d'autres qui participaient à cette rencontre à la mosquée al-Wafaa ont réaffirmé leur soutien aux directives modérées de Dar al-Fatwa et du Grand mufti du Liban Abdoul Latif Derian.

Ils ont souligné la nécessité des efforts pour restaurer l'image de l'islam, ternie par les groupes extrémistes affirmant agir en son nom.

« Le premier Congrès des érudits islamiques, intitulé "Les sunnites au Liban et le choix de la modération et du rejet de l'extrémisme" » a été organisé le 19 février à l'invitation du juge de la charia de Tripoli, Cheikh Samir Kamaluddin.

Responsables religieux et érudits sunnites se retrouvent à la mosquée al-Wafaa de Tripoli pour affirmer leur engagement en faveur de la modération et leur rejet de l'extrémisme. [Photo fournie par le comité préparatoire de cette rencontre]

Responsables religieux et érudits sunnites se retrouvent à la mosquée al-Wafaa de Tripoli pour affirmer leur engagement en faveur de la modération et leur rejet de l'extrémisme. [Photo fournie par le comité préparatoire de cette rencontre]

Les participants ont reconnu que le terrorisme n'est pas un acte sectaire, mais plutôt un acte criminel, quel qu'en soit l'auteur, et ont estimé que quiconque s'engage dans un acte de violence, de radicalisme, d'extrémisme ou d'oppression peut être qualifié de terroriste.

Ils ont affirmé leur rejet de l'extrémisme dans la région, affirmant qu'il porte atteinte à des innocents, et leur soutien à Dar al-Fatwa et à Derian « pour son rôle dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme » et la promotion de l'unité nationale.

Ils ont également demandé que les leaders de la communauté sunnite s'allient pour unifier leurs voix et leurs positions sur cette affaire.

« Tripoli, ville de la diversité et de l'ouverture »

Il est important que cette rencontre se soit tenue à Tripoli, a déclaré Cheikh Samer Shahood, membre du comité préparatoire de la rencontre et professeur de charia à Dar al-Fatwa.

La réputation de cette ville à majorité sunnite a été ternie lorsqu'elle a été accusée d'être « un centre du radicalisme et de l'extrémisme », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Grâce à la tenue de ce congrès et au nombre de participants, nous avons montré la vraie nature de cette ville, une ville de la diversité et de l'ouverture », a-t-il précisé.

Le moment de ce congrès est lui aussi important, « étant donné que nous vivons dans une région qui est une véritable poudrière de radicalisme, d'extrémisme et de terrorisme », a ajouté Shahood.

« La situation actuelle ne transmet pas la véritable image de l'Islam, surtout que la voix de l'extrémisme est celle qui se fait la plus entendre », a-t-il souligné.« Grâce à ce congrès, nous avons affirmé "Oui, une autre voix s'élève, la voix de la modération". »

La preuve que la voix de la modération s'est élevée pour contrer la voix de l'extrémisme se trouve dans la diversité des participants, qui ont tous contribué à poser les fondations « de ce que nous considérons comme un code de l'honneur ».

« Toutes les personnalités, autorités religieuses, le Conseil des érudits musulmans, les figures religieuses indépendantes et plus de 400 personnalités venues des quatre coins du Liban se sont engagés à ce que personne ne parle en notre nom ni ne nous force à suivre un chemin allant dans un sens contraire à celui de la modération », a-t-il dit.

En ce moment, a-t-il mis en garde, « les membres de la communauté sunnite sont provoqués par certains partenaires dans la patrie, qui poussent certains à trouver une inclinaison vers l'extrémisme ».

Cette conférence était destinée à s'assurer que les autorités et les érudits sunnites sont d'accord, a-t-il expliqué, et à « affirmer que notre force réside dans notre diversité ».

« Notre choix est la modération »

Cette rencontre « montre la véritable image de l'Islam », a déclaré Cheikh Nabil Rahim, membre du comité des érudits musulmans du Nord-Liban.

Certains voient l'Islam, les musulmans et le terrorisme comme différentes facettes du même visage et pensent que l'islam est derrière tous les actes de terrorisme, a-t-il confié à Al-Mashareq.

« De par son côté tout inclusif, ce congrès était destiné à affirmer notre condamnation du terrorisme, et à proclamer que notre choix est celui de la modération », a-t-il ajouté.

S'exprimant devant des centaines de personnalités islamiques, les érudits musulmans ont confirmé leur accord avec les positions discutées lors de ce congrès, la condamnation de l'extrémisme et leur engagement en faveur de la modération, a précisé Rahim.

Les recommandations mises en avant ont appelé à organiser d'autres congrès de ce type et à prendre des mesures pratiques pour militer en faveur de la modération et combattre l'extrémisme, a-t-il dit, ajoutant que ces mesures pourraient inclure un plus fort accent mis sur les sermons modérés du vendredi.

Tripoli « n'est pas un incubateur du terrorisme, malgré le fait que certains jeunes furent dupés par une idéologie extrémiste », a-t-il précisé. « Mais ils ne représentent qu'un faible pourcentage. »

Remettre de l'ordre dans les affaires sunnites

La décision d'organiser ce congrès et de rassembler ce nombre et cette diversité de participants était une tentative « de remettre de l'ordre dans les affaires des sunnites musulmans », a expliqué Qasim Qassir, spécialiste des affaires des groupes islamistes.

Cette décision avait été prise dans le contexte de la rhétorique d'extrémisme et de violence qui déferle sur la région, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

L'importance de ce congrès réside dans le nombre de participants et l'expression honnête des positions et des échanges d'opinions entre les participants, a-t-il ajouté.

Les participants ont décrit les problèmes auxquels ils sont confrontés et l'angoisse que ressent la communauté sunnite face à la montée de l'extrémisme aux dépens de sa réputation.

Des rencontres similaires suivront, a déclaré Qassir, « dans le but de faire passer les positions des musulmans modérés ».

Cette rencontre « a posé les fondements d'une nouvelle phase et a donné leur importance à des positions non extrémistes qui rassurent la scène sunnite, Tripoli et le Liban », a-t-il conclu.

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Au nom de Dieu, le Clément, le très miséricordieux. Que la paix de Dieu soit sur Mahomed et sur sa famille. Dieu tout-puissant a dit « Et luttez pour Dieu avec tout l’effort qu’Il mérite. C’est Lui qui vous a élus ; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés "Musulmans" avant et dans ce livre, afin que le messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la salat, acquittez la zakat et attachez-vous fortement à Dieu. C’est Lui votre maître. Quel excellent maître ! Et quel excellent soutien! » (al-Hajj 78). En interprétant ce verset, al-Nesaey a dit « Hesham ben Ammar a dit que Mohammed Ben Shoaib a dit que Mouawya ben Sallam a dit que son frère Zain ben Sallam a dit qu'Abi Sallam lui a dit qu'al-Hareth al-Ashaari a dit en citant le prophète (PSL), quiconque appelle à la jahiliyya sera jeté en enfer. Un homme a demandé, ô prophète, même si cet homme jeûne et prie ? Invite-le avec l'appel pour lequel vous avez été appelés musulmans en tant que croyants et adorateurs de Dieu ».

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