L'activité médiatique de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) a baissé de manière significative ces derniers mois, expliquent à Diyaruna les responsables de la sécurité chargés de surveiller le groupe.
Il y a eu une baisse du nombre de vidéos publiées en ligne qui glorifient les victoires du groupe ou tentent de semer la peur dans le cœur de la population en lui montrant le groupe procédant à des amputations, des décapitations et autres crimes.
Les opérations sécuritaires ont réduit au silence les comptes de réseaux sociaux de bons nombres de partisans de l'EIIL, et les forces irakiennes ont visé les moyens médiatiques de l'organisation, leurs responsables et le matériel d'enregistrement, ont-ils rapporté.
La présence amoindrie de l'EIIL dans les médias et sa capacité réduite à publier de nouveaux documents peuvent être attribués en grande partie aux actions des services de renseignements irakiens, a expliqué à Diyaruna Fadel Abou Ragheef, conseiller à la sécurité.
Ces services de renseignements s'en sont pris à plusieurs services de médias de l'EIIL, a-t-il déclaré.
« L'unité de renseignements irakienne al-Suqour a réussi à démanteler al-Furqan Media, l'aile médiatique du groupe, tandis que l'Agence nationale de sécurité réussissait à museler al-Bayan, un journal publié par le groupe à Ninive », a-t-il indiqué.
Dans le même temps, a-t-il poursuivi, les frappes aériennes de la coalition ont visé plusieurs centres médiatiques cruciaux de l'EIIL en Irak, sur lesquels le groupe s'appuyait fortement pour diffuser ses activités.
Les forces irakiennes de sécurité ont réussi à tuer et à arrêter plusieurs personnalités des médias de l'EIIL, a-t-il ajouté, y compris un photojournaliste belge, tué lors d'une frappe aérienne le 24 août dans la ville d'al-Qaim, dans la province de l'Anbar.
Le 13 novembre, la justice irakienne a révélé qu'un correspondant de l'agence de presse de l'EIIL, l'Amaq, connu sous le nom d'Abou Salih, avait été capturé.
Il a reconnu que le groupe avait été contraint de réduire les salaires de ses professionnels des médias, révélant que son propre salaire avait baissé de plus de la moitié, passant de 400 USD par mois à seulement 170 USD.
Les médias de l'EIIL sont attaqués
Sur la base de renseignements détaillés, les forces irakiennes ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs endroits que l'EIIL avait utilisés pour diffuser sa propagande et publier ses magazines et d'autres documents, a fait savoir le commandant Hassan Faleh, des services de renseignements irakiens.
Dans l'un de ces lieux, près de l'université de Mossoul, elles ont trouvé des passeports étrangers, des DVD contenant des vidéos des opérations du groupe et des chants, ainsi que des documents de marketing rédigés en plusieurs langues et des copies du bulletin d'information al-Naba de l'EIIL.
En décembre, la police fédérale irakienne avait annoncé avoir localisé le principal centre des médias de l'EIIL à Dour al-Mishraq, près de Hammam al-Alil, au sud de Mossoul.
Dans ce centre, la police « avait trouvé du matériel de tournage, des vidéos, ainsi que des documents importants », a relaté le lieutenant général Raed Shaker Jawdat, chef de la police fédérale, ajoutant que du matériel d'enregistrement, des ordinateurs et plusieurs types de caméras comptaient au nombre des objets saisis.
Le consensus international visant à éliminer l'EIIL a contribué à ce déclin de l'activité médiatique du groupe, a expliqué Saad Ibrahim, directeur du département diffusion et télévision de l'université de Dhi Qar.
Il « a contribué à resserrer l'étau sur la machine médiatique du groupe tout en donnant un élan à une tendance médiatique qui apporte une version différente de celle du groupe terroriste », a-t-il déclaré à Diyaruna.
Cela a à son tour conduit à une baisse significative du soutien dont bénéficiait le groupe dans les zones où il opérait et dans le soutien qu'il recevait de personnes, de groupes ou d'autres entités influents, a-t-il poursuivi.
« L'EIIL est maintenant au plus bas après sa défaite militaire sur le terrain et sa mainmise affaiblie sur ses sources de financement, ainsi que l'arrêt brutal de sa machine médiatique mobile », a-t-il indiqué.
Le groupe traverse une crise, a-t-il ajouté, dans le contexte grandissant de rejet de son idéologie et le rejet de plus en plus marqué du public pour sa manière de présenter les choses, à cause de son contenu médiatique violent.