Sécurité

La sécurité au Liban sous contrôle, selon le ministre de l'Intérieur

Par Junaïd Salman à Beyrouth

Lors d'un entretien consacré à de nombreux sujets accordé à Al-Mashareq, le ministre libanais de l'Intérieur Nohad al-Machnouq a parlé de la situation sécuritaire actuelle dans le pays. [Ayoub Khaddaj/Al-Mashareq]

Lors d'un entretien consacré à de nombreux sujets accordé à Al-Mashareq, le ministre libanais de l'Intérieur Nohad al-Machnouq a parlé de la situation sécuritaire actuelle dans le pays. [Ayoub Khaddaj/Al-Mashareq]

Le ministre libanais de l'Intérieur et des Municipalités Nohad al-Machnouk explique que la situation sécuritaire au Liban est « sous contrôle » en dépit de « la possibilité de surprises potentielles » au vu de la nature très changeante du terrorisme.

Il a expliqué que sa confiance se fonde sur le professionnalisme des agences de sécurité libanaises, qui remplissent leurs missions avec patriotisme et avec une coordination pratique dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme.

Lors d'un vaste entretien accordé à Al-Mashareq, al-Machnouk a également souligné la nécessité pour la communauté internationale de fournir l'assistance dont le Liban a besoin dans son travail d'aide aux réfugiés syriens.

Al-Mashareq : Comment décririez-vous la situation sécuritaire au Liban ?

Al-Machnouk : La sécurité au Liban est sous contrôle. On ne peut dire qu'elle est bonne ou mauvaise, mais elle est sous contrôle. Des surprises potentielles restent certes toujours possibles, parce que nous avons affaire à un ennemi sans visage qui reste imprévisible, changeant, qui revêt des habits différents et qui utilise des moyens et des manières très divers.

L'attaque [de Nice] en est la preuve. Qui aurait pu imaginer une telle méthode pour tuer des innocents sans disposer d'explosifs et d'armes ?

Cela étant dit, les agences de sécurité [libanaises] concernées, notamment le Service d'information des Forces de sécurité intérieures, la Direction générale de la sécurité générale et la Direction des renseignements de l'armée travaillent d'arrache-pied

Nous devons nous attarder ici quelques minutes et considérer les progrès remarquables rendus possibles par l'importance attachée aux opérations préventives qui ont été menées par ces agences, et qui ont épargné au Liban des attaques terroristes majeures. Plusieurs instances internationales ont salué ces résultats exceptionnels.

Al-Mashareq : Deux régions du Liban sont sources de tension et de préoccupations sécuritaires, à savoir Arsal, à la frontière avec la Syrie, et le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn al-Helweh, dans la ville de Sidon. Comment cette situation est-elle traitée ?

Al-Machnouk : Nous menons une politique de confinement plutôt que de confrontation dans ces deux régions. Nous avons mis en place des cordons de sécurité autour d'elles et empêché les infiltrations dans ou hors d'elles vers les régions adjacentes [pour prévenir] des attaques terroristes [...].

Cette politique a été jusqu'à présent un succès, parce que nous contrôlons ces régions. Nous les avons encerclées et placées sous surveillance pour empêcher tout mouvement, ce qui nous met dans une situation sûre parce que tout désir d'entrer dans ce camp ou de créer une zone de contact militaire, que ce soit dans le camp ou à Arsal, est vouée à l'échec, car cela conduirait à des affrontements militaires de grande ampleur. Ce plan de confinement est jusqu'à aujourd'hui un succès, car l'armée y joue un rôle majeur.

Al-Mashareq : Face à la crise politique et économique que traverse le Liban, quel est le secret du succès des agences de sécurité pour le contrôle de la sécurité et la lutte contre le terrorisme ?

Al-Machnouk : Ce secret réside dans le professionnalisme de ces agences, qui tient au fait que leurs personnels sont des volontaires motivés, et qui, de ce fait, ne réagissent pas comme des employés, mais comme des volontaires travaillant sans relâche. Nous disposons maintenant au service d'information d'un personnel très hautement qualifié dans de nombreux domaines liés à la sécurité, aux enquêtes, à la surveillance et aux poursuites, et qui suit des cours de formation de manière constante ; il en va de même [du personnel] de l'armée et de la sécurité en général.

Sur un plan pratique, la raison de ce succès est due à la combinaison de trois éléments, le patriotisme et le volontariat, l'expérience et la compétence, et la formation, en plus de l'absence d'un environnement incubateur du terrorisme au Liban. Malgré la mauvaise situation économique et les répercussions des déplacés syriens sur la vie économique, aucun milieu d'incubation favorable au terrorisme ne s'est mis en place ; au contraire, les événements ont montré l'existence d'un environnement qui le rejette.

Al-Mashareq : Dans quelle mesure l'aide internationale contribue-t-elle au développement du travail des agences de sécurité et permet-elle d'élever le niveau de leurs performances professionnelles ?

Al-Machnouk : L'armée bénéficie d'une assistance militaire importante, chaque année et sans interruption. Le fait que cette assistance [...] continue à arriver lui a conféré une grande valeur militaire. En revanche, l'assistance que reçoivent les autres agences est très limitée.

Nous nous battons avec tout ce que nous avons, et nous n'avons d'autre choix que de continuer à lutter contre le terrorisme et à défendre notre société, nos institutions et notre État.

Al-Mashareq : De quelle aide ces agences ont-elles besoin pour développer leurs performances ?

Al-Machnouk : Il y a deux éléments essentiels pour le développement du travail des services de sécurité : le premier est la formation continue, le second l'amélioration des capacités technologiques, qui sont primordiales, parce que les forces de sécurité n'ont pas tant besoin d'armes que de capacités technologiques sophistiquées.

Al-Mashareq : Dans quelle mesure l'aide apportée au Liban l'aide-t-elle à répondre au grand nombre de réfugiés que le pays accueille ?

Al-Machnouk : Nous n'avons pas reçu une aide importante pour les communautés libanaises qui accueillent des réfugiés syriens, et la plus grande part de cette aide va directement aux réfugiés, tandis que l'aide consentie aux communautés d'accueil est très limitée et qu'elles leur est consentie pour l'essentiel par les municipalités.

À cet égard, le Liban fait presque mieux que la communauté internationale pour apporter une aide matérielle pratique et nécessaire aux communautés d'accueil libanaises qui souffrent de problèmes d'infrastructures et accueillent de grands nombres de réfugiés.

Al-Mashareq : Quel est le rôle du ministère de l'Intérieur dans le traitement de ces réfugiés ?

Al-Machnouk : Notre politique est claire. Le ministère a appliqué la décision du gouvernement d'empêcher l'arrivée de ressortissants syriens supplémentaires au Liban en qualité de réfugiés pour une durée supérieure à un an et demi, exception faite des cas humanitaires, qui requièrent l'autorisation préalable des ministres de l'Intérieur et des Affaires sociales. C'est la seule chose que nous puissions faire.

Le Liban a adopté une politique de non-refoulement des réfugiés pour quelque raison que ce soit, par suite du manque d'assurance qu'ils ne seront pas soumis à de mauvais traitements s'ils devaient être renvoyés de force en Syrie.

Al-Mashareq : Dans quelle mesure l'absence d'un président affecte-t-elle le travail des institutions publiques, et des services de sécurité en particulier ?

Al-Machnouk : Cette absence a une incidence directe en termes d'inefficience et de paralysie du gouvernement et d'autres instances constitutionnelles, et les agences de sécurité sont très affectées par une telle situation.

Toutefois, [le gouvernement] s'est attaché depuis le début de l'absence présidentielle en mai 2014 à ne pas laisser ce vide affecter les forces de sécurité du ministère de l'Intérieur. Cette politique a porté ses fruits, et nous pouvons dire que la même politique a également réussi avec l'armée, la manière dont le chef des armées, le général Jean Kahwaji, a dirigé les affaires militaires en l'absence d'un président ayant empêché les conséquences de ce vide de se propager à l'institution militaire.

Je dirais donc que le travail des agences de sécurité affiliées au ministère de l'Intérieur et à l'armée, qui se fonde plus sur le patriotisme et le volontariat que sur un emploi normal, ne devrait pas être affecté par ce vide constitutionnel.

Al-Mashareq : Êtes-vous satisfait de la coopération existant entre les agences de sécurité ?

Al-Machnouk : Cela a été le but que j'ai poursuivi depuis que j'ai pris la direction du ministère de l'Intérieur. Nous avons enregistré ces deux dernières années des améliorations importantes en matière de coordination entre les agences de sécurité, et elle est aujourd'hui excellente, fructueuse, durable et permanente.

Al-Mashareq : Vous avez récemment publié un communiqué dans lequel vous disiez vous attendre à ce qu'un président soit élu avant la fin de cette année. Sur quoi fondez-vous cette attente ?

Al-Machnouk : Ce qui m'a incité à tenir ces propos, c'est d'une part mon souhait de voir la situation se stabiliser, et d'autre part, l'existence de certaines informations encourageantes.

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