Terrorisme

Renforcement des mesures antiterroristes au Liban

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des soldats libanais patrouillent à Sidon. Les forces libanaises ont appréhendé des centaines de suspects terroristes lors d'une opération lancée au plan national à la suite d'une série d'attaques perpétrées près de la frontière septentrionale du pays. [Photo fournie par la Direction de l'orientation du commandement de l'armée libanaise]

Des soldats libanais patrouillent à Sidon. Les forces libanaises ont appréhendé des centaines de suspects terroristes lors d'une opération lancée au plan national à la suite d'une série d'attaques perpétrées près de la frontière septentrionale du pays. [Photo fournie par la Direction de l'orientation du commandement de l'armée libanaise]

Les forces de sécurité libanaises ont renforcé les mesures de lutte contre le terrorisme dans l'ensemble du pays après que huit kamikazes se sont fait exploser dans le village d'al-Qaa, à la frontière nord du pays, le 27 juin.

Ces mesures mises en place par les unités de l'armée ont permis de filer 1 499 individus de diverses nationalités, dont la majorité ont été arrêtés pour des charges terroristes, a fait savoir la Direction de l'orientation du commandement de l'armée libanaise, dans un communiqué publié le 11 juillet.

Le Liban se trouve sur une ligne de faille régionale « turbulente », qui le rend vulnérable aux attaques terroristes, a expliqué le général de brigade à la retraite Richard Dagher.

Le pays se trouve confronté à deux problèmes de sécurité majeurs, a-t-il indiqué à Al-Mashareq. Le premier est d'ordre géographique, dans la mesure où le Liban possède une frontière commune avec la Syrie et où les territoires des deux pays s'entremêlent, et le second a trait à l'ingérence ouverte du Hezbollah dans la guerre en Syrie.

Cela « renforce la menace du terrorisme dans tout le Liban », a-t-il ajouté.

« Lorsque nous parlons de mesures destinées à contrer le terrorisme, nous devrions établir une distinction entre deux types de mesures : les mesures simples et directes qui visent à traiter les conséquences, et les mesures politiques plus larges, qui, elles, cherchent à traiter les causes et les raisons », a-t-il poursuivi.

Menaces intérieures et extérieures

L'armée doit être reconnue pour ses efforts sur le front extérieur, où elle prévient toute menace en provenance de Syrie, a expliqué Dagher, ainsi que sur le front intérieur, où elle lutte contre des menaces émanant de l'intérieur du pays.

Le risque de voir l'EIIL s'infiltrer dans Arsal est patent depuis août 2014, et il existe aujourd'hui à al-Qaa, a-t-il ajouté, soulignant que l'armée repousse cette menace par toutes les mesures qu'elle a prises.

« Ces arrestations sont le résultat de la surveillance, du contrôle et du confinement des incidents avant qu'ils ne se produisent », a indiqué Dagher.

Cela exige un suivi constant des renseignements sur les suspects et sur leurs communications avec des éléments terroristes, a-t-il ajouté.

« Au lendemain de l'attaque à al-Qaa, il est devenu manifeste que la menace terroriste est très présente », a-t-il expliqué, soulignant que les forces de sécurité traitent ces menaces venues de l'intérieur avec la même urgence que celles venant de l'extérieur.

Éradication des cellules dormantes

« Il n'est un secret pour personne qu'il existe des cellules dormantes qui ont prêté allégeance à l'EIIL et qui souhaitent suivre les ordre de ses dirigeants, qui n'hésitent pas à faire couler le sang sans tenir compte de la religion ou de la foi, y compris le sang de leurs propres éléments », a déclaré le politologue Hussein Salamah.

« Il est donc raisonnable de penser que les agences de sécurité libanaises pourraient lancer une campagne proactive pour prévenir ces crimes avant qu'ils ne soient perpétrés, au lieu de rechercher leurs auteurs après que les pertes soient subies et que le sang ait été versé », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

La recherche de ces cellules commence par l'interrogatoire des éléments de l'EIIL capturés par les agences de sécurité, de manière à obtenir les noms de leurs membres avant qu'elles ne soient activées et utilisées pour lancer des attaques de type « loup solitaire », a-t-il ajouté.

Ces arrestations de milliers d'éléments de l'EIIL et du Front al-Nosra (FAN) « font partie des mesures de sécurité les plus importantes pour protéger l'espace libanais du terrorisme takfiriste », a ajouté Salamah.

Mesures de sécurité coopératives

En dépit de l'instabilité politique que connaît actuellement le pays, les agences de sécurité libanaises ont dû travailler ensemble pour renforcer la sécurité, a poursuivi Salamah.

« Avant même l'incident d'al-Qaa, le Liban était en alerte sécuritaire maximale et avait démantelé des cellules dormantes, même si ces actions ne sont pas systématiquement rapportées, pour ne pas susciter la panique », a expliqué à Al-Mashareq le journaliste Charles Jabbour.

Les opérations réussies qui sont divulguées le sont pour rassurer l'opinion publique, a-t-il ajouté.

« L'incident d'al-Qaa [a incité] les agences de sécurité à redoubler d'efforts et à coopérer entre elles », a-t-il poursuivi.

Elles ont consolidé leurs informations, ce qui a facilité les opérations, qui ont finalement abouti à ces récentes arrestations, a-t-il expliqué, soulignant que toutes ces mesures relèvent d'une sécurité proactive.

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