La Jordanie lance une campagne de sensibilisation sur la drogue

Une nouvelle initiative jordanienne de sensibilisation cherche à protéger les jeunes des dangers des drogues illicites pendant une augmentation alarmante des tentatives de contrebande à la frontière avec la Syrie.

En plus de protéger les jeunes des dangers évidents de l'addiction, cette campagne leur apprend que le trafic de drogue nuit à la société d'autres façons, car ses revenus sont souvent utilisés pour armer des groupes extrémistes, ont déclaré des experts à Al-Shorfa.

Hussein ben Abdallah, Prince héritier de Jordanie, a lancé l'initiative Tahseen (immunisation) lors d'une visite au Centre de la jeunesse Naour le 26 juin, coïncidant avec la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues.

Tahseen est une initiative de la Fondation du Prince héritier. Elle est implémentée et administrée par la Royal Health Awareness Society (RHAS), avec la participation des ministères de l'Éducation et de la Jeunesse, la Drug Enforcement Administration et plusieurs centres et institutions de traitement de l'addiction.

L'initiative a pour but de protéger les jeunes des dangers de l'addiction à la drogue et au tabac, et se concentre sur la mise en place, dans les écoles et les centres pour les jeunes, de programmes qui encouragent l'acquisition de compétences sociales et élémentaires.

La RAHS et le ministère de l'Éducation développeront plusieurs programmes pédagogiques préventifs sous les auspices de l'initiative Tahseen dans une centaine d'écoles au cours de l'année scolaire à venir, ont détaillé des responsables du programme.

Ceci commencera avec la formation de conseillers scolaires et d'enseignants pour la mise en place des programmes, qui seront déployés dans tous les directorats du royaume au fil des ans.

Augmentation du trafic frontalier

L'initiative intervient alors que les tentatives de contrebande de drogues depuis la Syrie sont en augmentation.

Le 27 juin, les gardes-frontières jordaniens ont contrecarré une tentative d'importation illégale de drogues en provenance de Syrie, détruisant un véhicule pendant l'opération, ont rapporté les médias jordaniens.

Les forces jordaniennes ont saisi 6,2 millions de pilules de Captagon – une amphétamine – et 1 692 feuilles de hachich, de la taille de feuilles de palme, au cours de l'incident.

Les forces armées du pays font échouer en permanence des tentatives d'importation illégale d'importantes quantités de drogues dans le royaume et à travers le royaume vers des pays voisins, a déclaré le major général Adib al-Sarayreh, expert militaire et officier à la retraite.

« La Jordanie est un point de passage, et non pas un centre de drogues », a-t-il précisé. « Mais les groupes et les gangs armés en Syrie et en Irak tentent d'exploiter le chaos existant dans ces pays pour multiplier leurs tentatives de faire entrer illégalement des drogues en Jordanie, et de la Jordanie vers les pays voisins. »

Le royaume a de longues frontières avec la Syrie et l'Irak, a-t-il indiqué, ce qui rend difficile leur contrôle.

« Des gangs et des groupes armés essaient activement de faire entrer des drogues depuis la Syrie et l'Irak pour acheter des armes, le trafic de drogues étant une source importante de revenus pour ces groupes », a-t-il déclaré.

C'est pourquoi des initiatives pédagogiques et de sensibilisation comme Tahseen sont si importantes pour combattre l'utilisation de drogues chez la jeunesse du royaume, a-t-il ajouté.

La sensibilisation est capitale

Hussein al-Khuzai, professeur de sociologie à l'université appliquée d'Al-Balqa, a indiqué à Al-Shorfa qu'il fallait faire davantage d'efforts pour sensibiliser sur les dangers des drogues, surtout parmi les jeunes.

« Le nombre de consommateurs de drogues en Jordanie est de 14 000 », a-t-il déclaré, notant que les jeunes hommes en constituent la majeure partie.

Parmi les drogues introduites illégalement en Jordanie, a-t-il ajouté, environ 90 % partent vers d'autres pays.

La consommation de drogues est surtout présente chez les jeunes âgés de plus de douze ans, a indiqué al-Khuzai, ajoutant qu'elle se répand surtout à cause de l'imitation et d'une mauvaise surveillance des parents.

Les efforts pour la sensibilisation doivent être continus, coordonnés et unifiés pour délivrer le changement désiré, a-t-il affirmé, ajoutant que les lieux de culte, les écoles, les universités et les organisations de la société civile jouent tous un rôle important.

« Ce problème concerne tous les Jordaniens », a proclamé Bassim Rashid, un gestionnaire financier dans une société privée d'Amman.

« En tant que père de deux enfants, je suis maintenant constamment inquiet, parce que les gangs et les trafiquants de drogues prennent pour cible les jeunes, qui sont le futur de la nation », a-t-il déclaré à Al-Shorfa.