Sécurité

D'anciens membres de l'EIIS attaquent des cibles à Tripoli au Liban

Tamer Abou Zaid à Beyrouth

Les forces de sécurité libanaises inspectent le bâtiment où un militant a attaqué une patrouille des forces de sécurité et s'est fait exploser lors de la riposte, dans la ville portuaire de Tripoli le 3 juin, à la veille de l'Aïd el-Fitr. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Les forces de sécurité libanaises inspectent le bâtiment où un militant a attaqué une patrouille des forces de sécurité et s'est fait exploser lors de la riposte, dans la ville portuaire de Tripoli le 3 juin, à la veille de l'Aïd el-Fitr. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

À la veille de l'Aïd el-Fitr, la ville de Tripoli, au nord du Liban, a été secouée par un attentat terroriste perpétré par un ancien élément de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) ayant combattu en Syrie.

Abdoul-Rahman Mabsout, un tireur solitaire, a déclenché dans la soirée du lundi 3 juin une fusillade qui a entraîné la mort de deux militaires et de deux membres des Forces de sûreté intérieure (FSI).

Selon le commandement de l'armée libanaise, ce militant circulait à moto lorsqu'il a ouvert le feu sur une succursale de la banque centrale et un poste des FSI adjacent, tuant un soldat et en blessant grièvement un autre qui est mort plus tard des suites de ses blessures.

Mabsout a ensuite ouvert le feu sur une patrouille de l'armée qui se dirigeait vers les lieux de l'attaque, tuant un soldat et en blessant plusieurs autres.

Des forces de l'armée et de la sécurité israélienne poursuivaient Mabsout lorsqu'il est entré dans un immeuble d'habitations près de Dar al-Tawleed.

Des soldats de l'armée ont alors lancé l'assaut contre le bâtiment et échangé des coups de feu avec ce militant, qui ont provoqué la mort d'un autre soldat.

Des renforts militaires ont été dépêchés dans la zone et Mabsout s'est tué en faisant exploser un gilet explosif qu'il portait.

Attaque d'un loup solitaire

Ce tireur isolé était un ancien membre de l'EIIS qui avait combattu avec le groupe extrémiste en Syrie.

Mabsout avait quitté le Liban pour la Turquie en 2015 afin de tenter de rejoindre l'EIIS, et il y était resté pendant un mois, sans réussir à traverser la frontière pour rejoindre les régions contrôlées par le groupe.

Il avait ensuite réussi à se rendre à Idlib et à rejoindre l'EIIS. Quelques mois plus tard, Mabsout était retourné au Liban, où il avait été arrêté en 2016.

Il avait été déféré devant un tribunal militaire qui l'avait condamné à un an et demi de prison, mais avait été libéré début 2017.

Lors d'une conférence de presse à Tripoli après l'attentat, la ministre de l'Intérieur Raya al-Hassan a souligné que la sécurité au Liban « sera toujours sous contrôle tant que toutes les agences militaires et de sécurité seront unies dans la lutte contre le terrorisme ».

« Tripoli a une fois de plus gagné contre le terrorisme grâce à l'importante coordination entre les forces de sécurité et militaires, et grâce à l'appui du peuple libanais aux efforts de lutte contre le terrorisme de ses agences militaires et de sécurité », a-t-elle déclaré.

Ces attentats terroristes, appelés « attentat de loups solitaires », représentent un nouveau type de terrorisme qui « ne peut être évité à 100 % », a-t-elle expliqué. « Cependant, nous sommes tout à fait prêts à les combattre. »

« Vigilance et préparation totales »

Par ailleurs, le président Michel Aoun a présidé mercredi 5 juin une réunion de sécurité au palais Baabda pour discuter de l'attentat terroriste de Tripoli.

« La lutte contre le terrorisme est une tâche permanente des agences militaires et de sécurité, et exige une vigilance et une préparation totales », a affirmé Aoun.

Il a souligné l'importance de « la coordination, la coopération et l'échange de renseignements entre ces agences », appelant à une surveillance intensive des personnes soupçonnées de terrorisme et à des opérations de sécurité préventives.

Aoun a également appelé à « prendre des mesures de sécurité exceptionnelles pendant les vacances et la saison estivale ».

Le commandant Imad Othman a loué le rôle des habitants de Tripoli pour avoir guidé les forces de sécurité et de l'armée vers le lieu où se trouvait le terroriste et avoir suivi ses déplacements.

Il n'y a pas de bases de soutien pour les groupes terroristes à Tripoli, a-t-il affirmé, « et c'est le cas partout au Liban ».

Khaldoun al-Charif, conseiller de l'ancien Premier ministre Najib Mikati, a indiqué à Al-Mashareq que même si l'attaque a été menée par un loup solitaire, « il est évident que le terroriste appartenait à l'EIIS » et était influencé par l'idéologie du groupe.

Une telle opération nécessite l'intensification de la présence des forces de sécurité et des agences de renseignements, et l'accroissement de la vigilance, a-t-il déclaré.

« Elle requiert également une coordination entre toutes les agences de sécurité, et c'est ce que nous avons vu sur le terrain hier soir à Tripoli », a-t-il ajouté.

« L'attentat terroriste de Tripoli est un incident isolé et n'est lié qu'à une seule personne désespérée influencée par l'EIIS », a déclaré à Al-Mashareq Moustafa Allouch, responsable du Courant du futur et ancien député de Tripoli.

« Cela ne veut toutefois pas dire que nous ne devons pas rester à l'affût », a-t-il ajouté. « La prudence et les opérations préventives sont de la plus haute importance. »

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