Énergie

Du gaz sous-marin alimente les rêves énergétiques de l'Égypte

AFP

Un homme navigue sur le Nil dans un bateau chargé de bonbonnes de gaz, près de la ville d'Assouan dans le sud de l'Égypte le 26 novembre 2017. [Khaled Desouki/AFP]

Un homme navigue sur le Nil dans un bateau chargé de bonbonnes de gaz, près de la ville d'Assouan dans le sud de l'Égypte le 26 novembre 2017. [Khaled Desouki/AFP]

L'Égypte cherche à utiliser ses grandes réserves sous-marines inexploitées de gaz pour s'imposer comme un grand exportateur d'énergie et revitaliser ainsi une économie en berne.

Encouragé par la découverte d'immenses champs de gaz naturel en Méditerranée, Le Caire a signé ces derniers mois des accords gaziers avec Israël, Chypre et la Grèce.

L'ancien ministre du Pétrole Osama Kamal a déclaré que l'Égypte a « un plan pour devenir un centre énergétique régional ».

L'année dernière, le gaz a commencé à affluer depuis quatre champs principaux au large de la côte méditerranéenne de l'Égypte, parmi lesquels le vaste champ de Zohr, inauguré le 31 janvier par le président Abdel Fattah al-Sissi.

Découvert en 2015 par le géant italien de l'énergie ENI, Zohr est le plus grand champ gazier découvert dans les eaux égyptiennes.

L'avantage immédiat pour le pays le plus peuplé du monde arabe a été qu'il a pu cesser d'importer depuis septembre du gaz naturel liquéfié, qui lui a coûté l'année dernière près de 220 millions de dollars par mois.

Ce gaz s'est avéré vital depuis la crise financière qui avait contraint Le Caire à emprunter 12 milliards de dollars au Fonds monétaire international en 2016.

Le déficit budgétaire de l'Égypte, qui a atteint 10,9 % du produit intérieur brut (PIB) lors de l'année fiscale 2016-2017, est depuis retombé à 9,8%.

La production de gaz est désormais de 184 millions de mètres cubes par jour.

Amélioration des exportations

Maintenant qu'il répond à ses propres besoins, Le Caire cherche à relancer les exportations et à élargir son influence régionale.

Il a signé des accords pour importer du gaz des pays voisins pour le liquéfier dans des installations sur ses côtes méditerranéennes et le préparer à l'exportation vers l'Europe.

En septembre, l'Égypte a conclu un accord avec Chypre pour construire un gazoduc afin de faire parcourir au gaz chypriote les centaines de kilomètres qui le séparent de l'Égypte, laquelle le traitera avant de l'exporter vers l'Europe.

En février, l'Égypte a ratifié un accord pour importer du gaz des gisements de Tamar et de Leviathan en Israël.

Le consortium américano-israélien qui exploite les réserves gazières offshore d'Israël a annoncé en septembre qu'il achèterait une partie d'un gazoduc désaffecté reliant la ville côtière israélienne d'Ashkelon à la péninsule du Sinaï, dans le nord du pays.

Ceci permettra de contourner un gazoduc terrestre passant par le Sinaï qui a été pris pour cible à plusieurs reprises par des extrémistes en 2011 et en 2012.

Grâce à cet accord de 15 milliards de dollars, près de 64 milliards de mètres cubes de gaz partiront des champs gaziers d'Israël en l'espace de dix ans.

Ezzat Abdel Aziz, ancien président de l'Agence égyptienne de l'énergie atomique, a déclaré que ces projets étaient « d'une importance vitale pour l'Égypte » et qu'ils auront un impact direct sur l'économie égyptienne.

Ils « confirment l'importance stratégique de l'Égypte et lui permettent de profiter de son emplacement entre pays producteurs à l'est et pays consommateurs à l'ouest », a-t-il expliqué.

Les dollars de l'industrie pétrochimique

L'État égyptien espère également générer des milliards de dollars de revenus grâce à la pétrochimie.

Ses ambitions énergétiques régionales « ne se limitent pas au secteur du gaz naturel, mais concernent également des projets majeurs dans les secteurs pétrolier et pétrochimique », a déclaré l'ancien ministre du Pétrole Kamal.

Le ministre du Pétrole et des Ressources minérales Tarek al-Molla a récemment annoncé un accord visant à agrandir la raffinerie de Midor du Caire afin d'augmenter sa production d'environ 60 %.

En plus de cela, la nouvelle raffinerie de Mostorod dans le nord du Caire devrait produire 4,4 millions de tonnes de produits pétrochimiques par an, après le début de son activité en mai prochain, a ajouté Ahmed Heikal, président de la société d'investissement égyptienne Citadel Capital.

Une mesure qui, à elle seule, devrait permettre au pays d'économiser deux milliards de dollars par an en importations de produits pétrochimiques, qui lui ont coûté près de 5,2 milliards de dollars l'année dernière.

L'Égypte investit également dans une usine de traitement au bord de la mer Rouge qui pourrait produire quelque quatre millions de tonnes de produits pétrochimiques par an, et créer 3000 emplois dans un pays où le chômage est endémique.

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