Bien que son bâtiment ait subi de lourds dégâts pendant la guerre au Yémen, l'Association pour le développement des femmes de la province de Shabwa continue de jouer un rôle majeur pour aider les femmes aux revenus faibles à soutenir leurs familles.
En plus d'enseigner aux femmes des compétences qui les aident à gagner de l'argent, l'association mène des campagnes de sensibilisation qui permet aux femmes d'éloigner leurs fils des groupes extrémistes, a rapporté Fatima Faraj, présidente de l'association.
Le 21 mars, Abd Rabbo Nasser, secrétaire général du conseil local de Shabwa, a inauguré le nouveau bâtiment de l'Association pour le développement des femmes, suite à sa réhabilitation par le Croissant-Rouge des Émirats arabes unis (CRE).
Lors d'un discours prononcé à la cérémonie d'inauguration, le représentant du CRE pour Shabwa, Mohammed al-Muhairi, a fait savoir que la restauration du bâtiment permettra à l'association de reprendre son travail.
Ce travail porte sur le parrainage de petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes, a-t-il précisé, et sur des formations pour les aider à obtenir les compétences nécessaires pour créer une entreprise ou intégrer le marché du travail.
Al-Masharaq s'est entretenu avec Faraj pour parler du travail et des projets de l'association.
Al-Mashareq : Comment le CRE contribue-t-il à la réhabilitation de l'association ?
Fatima Faraj : Le bâtiment de l'association avait été pillé, vandalisé et détruit en 2015 lorsque les Houthis (Ansarallah) s'en était emparé, et il était devenu un site d'opérations militaires. Les salles de formation avaient été pillées, et même les portes et les fenêtres avaient été prises. Nous avons envoyé une demande au CRE pour réhabiliter le bâtiment pour un coût de 171 000 riyals saoudiens (45 600 dollars), et ils ont accepté. Nous leur en sommes reconnaissants.
Le CRE a entrepris une réhabilitation complète des lieux et a ajouté un bâtiment de service et une grande salle, a augmenté la hauteur des murs extérieurs et a meublé le bâtiment, y compris la salle de réunion et celle de formation.
Al-Mashareq : Quelles sont les activités les plus importantes de l'association ?
Faraj : L'association a été fondée en 1997, et elle mène des activités de formation qui permettent aux femmes d'intégrer le marché du travail. Cela comprend des formations en couture, en broderie, en informatique et en entretien ménager, ainsi que des campagnes de sensibilisation dans la communauté.
L'association s'adresse aux femmes issues de familles pauvres et à revenus faibles pour leur proposer des formations à la couture, à la coiffure et au tissage de maawez (habits enveloppants traditionnels), et organise aussi des cours d'informatique.
Elle offre des possibilités aux femmes en les rendant autonomes et en leur donnant la capacité de générer des revenus pour leurs familles. L'association mène également des activités de sensibilisation sur des questions qui intéressent la communauté, comme des problèmes de santé tels que le choléra et la dengue, entre autres.
Al-Mashareq : L'association dispose-t-elle d'ateliers et de lieux de formation ?
Faraj : L'association possédait une usine de couture et une usine de tissage pour le maawez, des installations pour la formation à la coiffure et une salle d'informatique. Tous ces locaux et toutes ces installations ont été pillés lors des combats.
L'association a donc envoyé une demande au CRE, lui demandant de l'aide pour restaurer ces usines et lui permettre de reprendre son rôle développemental consistant à fournir aux femmes de Shabwa les compétences nécessaires pour intégrer le marché du travail, devenir des membres productifs de la communauté et aider leurs familles et elles-mêmes à répondre à leurs besoins quotidiens.
Al-Mashareq : Quel est le plan de l'association pour les formations dans les jours qui viennent, en l'absence des usines et des ateliers nécessaires ?
Faraj : L'association n'a pas cessé ses cours de formations pour les femmes qui souhaitent participer. Elle a loué des usines pour organiser ces cours, payant avec la contribution symbolique des femmes et des bienfaiteurs participants.
Quant aux cours à venir, l'association a ouvert les inscriptions pour tous les cours aux femmes qui souhaitent participer, et elle attend une réponse du CRE pour l'équipement des usines nécessaires.
Si la réponse tarde à venir, l'association louera ces usines et organisera ces cours pour donner aux bénéficiaires des compétences supplémentaires.
Al-Mashareq : Qu'en est-il des activités de sensibilisation de l'association contre l'extrémisme ?
Faraj : L'association a joué un rôle important dans la sensibilisation à cet égard. Nous avons mené des campagnes de sensibilisation en visant directement les femmes et les mères dont les fils sont membres d'al-Qaïda. Ces campagnes sont conçues pour leur faire prendre conscience des dangers du fléau terroriste et de ses conséquences sur l'individu et la communauté.
Cela a été fait d'une façon qui les incite à tout faire pour éloigner leurs fils de ces groupes, et avertit également d'autres membres de la famille de ne pas rejoindre des groupes terroristes qui cherchent à vandaliser, détruire et tuer au nom de la religion.
Nous avons commencé à mener ces campagnes en 2016 et 2017, et dans certaines zones début 2018. Nous avons ciblé plusieurs régions dans lesquelles ces groupes étaient clairement présents, comme les districts d'al-Saeed, Mayfaa et Ataq.
Dans ces régions, des membres de l'association éduquent les femmes sur les dangers du terrorisme, et effectuent des visites sur le terrain, y compris chez des femmes dont les fils ou les proches ont intégré ces groupes.