Dans le cadre de sa programmation du Ramadan, la chaîne satellite MBC diffuse « Corbeaux noirs » (Gharabib Sud), une série télévisée qui montre en 30 épisodes la réalité de la vie sous « l'État islamique » (Daech).
La série met en scène des acteurs de Syrie, d'Arabie saoudite, d'Égypte, du Koweït, de Tunisie et du Liban.
Selon MBC Group, cette série révèle ce qu'était vraiment la vie sous Daech dans les zones contrôlées par le groupe, et la narration est assurée par des personnes qui ont personnellement vécu l'incursion et l'occupation.
Elle met en lumière la façon dont Daech communique avec les jeunes dans les sociétés arabes et occidentales, et les méthodes qu'il utilise pour pénétrer leurs esprits.
La série montre les déviances du groupe, ses crimes et ses méthodes brutales de répression, sa criminalité et la façon dont il traite ses propres membres et ses nouvelles recrues, y compris les femmes et les enfants.
« Corbeaux noirs » se concentre surtout sur les femmes qui rejoignent le groupe, la façon dont elles sont contraintes à pratiquer le « djihad sexuel », et comment Daech envoie des enfants et de jeunes hommes à leur mort avec des fatwas conçues pour correspondre à la vision des leaders du groupe et servir leurs objectifs..
Mazen Hayek, porte-parole de MBC Group, a expliqué à Al-Mashareq que « Corbeaux noirs » était « la première série dramatique de son genre à parler du fléau du terrorisme ».
La série est « basée sur notre engagement à montrer les problèmes qui préoccupent et affectent nos sociétés et représentent une menace pour elles, comme c'est le cas avec Daech », a-t-il indiqué.
« L'œuvre est principalement centrée sur le rôle des femmes dans le réseau terroriste de Daech, en mettant en lumière les brigades féminines et le djihad sexuel, car elles représentent la composante la plus fragile et la plus mal traitée, tout comme les enfants », a-t-il expliqué.
Hayek a ajouté que le scénariste de la série « a montré des expériences réelles qui lui ont été racontées lorsqu'il a rencontré des personnes ayant été recrutées, violées et agressées, et des familles qui ont pu récupérer leurs enfants ».
Le scénariste a créé une histoire très proche de la réalité, a-t-il fait savoir, et les réalisateurs ont présenté le véritable visage du groupe, « et ses médias, les outils avec lesquels il travaille et sa chaîne de commandement ».
Le message atteindra ses destinataires, a poursuivi Hayek, « parce qu'il a été diffusé sur MBC1 et MBC Masr [Égypte], qui sont les chaînes les plus regardées pendant le Ramadan ».
Un personnage cruel et instable
L'actrice syrienne Dima al-Jundi interprète le rôle d'une commandante de la brigade féminine de Daech al-Khansaa, chargée du bataillon de l'al-hesba (« police religieuse »).
Elle décrit le personnage, qui est « chargé du recrutement des femmes et de leur formation à l'utilisation des armes et aux opérations suicides », comme « psychologiquement instable et sans émotion ».
Elle est également « cruelle, insensée, et sans une once de gentillesse ni de compassion », a précisé al-Jundi à Al-Mashareq.
Al-Jundi a raconté avoir fait des recherches sur son personnage avant de jouer ce rôle, qui est basé sur l'histoire d'une Tunisienne ayant épousé un chef de Daech en Irak avant de partir avec lui pour al-Raqqa, où elle a été tuée il y a trois ans.
« J'ai rassemblé tout le mal qui est en moi et je l'ai utilisé pour incarner le personnage d'al-Khansaa, parce que je n'avais jamais joué un tel rôle auparavant », a-t-elle confié.
Elle a indiqué avoir accepté ce rôle parce que « je pensais qu'en tant que Syrienne, j'ai le devoir de m'impliquer », car Daech a une forte emprise sur certaines parties de son pays.
Le tournage « nous a affectés psychologiquement »
L'actrice tunisienne Fatima Nasser joue le rôle de Malika, une Tunisienne ayant émigré en Europe.
Dans la série, Malika rencontre l'émir de Daech Abou Talha, tombe amoureuse de lui et part vivre avec le groupe. Elle traverse plusieurs épreuves avec lui, mais n'est pas directement impliquée dans la politique du groupe.
Avant de participer à la production, Nasser a indiqué que « comme les autres, j'entendais dire que les femmes jouaient un rôle majeur dans l'État de Daech ».
« Mais j'ai ensuite connu cet environnement moi-même, la série étant tournée dans un camp similaire à ceux que l'on voit à la télévision, avec des acteurs qui ressemblent beaucoup à des éléments de Daech », a déclaré Nasser à Al-Mashareq.
L'atmosphère pendant le tournage « nous a affectés psychologiquement », a-t-elle fait savoir, « et cela m'a fait me poser des questions [...] sur ceux qui ont rejoint le groupe terroriste de leur plein gré et qui se sont fait laver le cerveau ».
« Il ne fait aucun doute que certains ont découvert avoir pris la mauvaise décision en rejoignant Daech, mais partir est presque impossible, parce que cela signifierait la mort », a-t-elle déclaré.
L'actrice égyptienne Samar Allam joue le rôle d'une journaliste égyptienne chrétienne fiancée à un homme s'étant infiltré dans Daech pour un reportage.
« Mais il se fait laver le cerveau et revient pour faire exploser le journal, tuant tout le monde sauf mon personnage », a-t-elle décrit.
Allam a déclaré qu'il est important que « le spectateur prenne conscience que personne n'a le droit d'intimider autrui sous un slogan ou [l'apparence de] la religion, et que tout être humain a le droit de vivre dans la dignité, quelles que soient sa religion ou ses croyances ».