Sous le siège au Sinaï, l'EIIL déterre les mines de la seconde guerre mondiale

Des combattants du groupe de la Wilayat de Sinaï affilié à "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL) s'emploient à déterrer de vieilles mines et des matériaux explosifs enfouis dans le désert pour les utiliser dans leurs affrontements avec les forces égyptiennes, selon des rapports médiatiques récents.

Ceci suggère que le siège des forces égyptiennes imposé sur l'EIIL donne ses fruits et qu'il a réussi à couper ses voies d'approvisionnement logistique, ont indiqué des experts à Al-Mashareq, étant donné que l'extraction de vieilles mines est un processus de dernier recours et très risqué.

Selon des rapports médiatiques récents, jusqu'à 20 millions de mines sont enfouies dans les sables du nord-ouest égyptien, plantées dans ces régions pendant la seconde guerre mondiale.

Les mines, qui couvrent de vastes étendues du désert, ont été plantées entre 1940 et 1943 lors de combats entre les belligérants de cette guerre, a déclaré le général de brigade Jawdat Achraf de la police égyptienne, qui est actuellement stationné dans le Sinaï.

"Malgré l'immensité de la zone couverte par les mines, la détection des infiltrés à la recherche de mines est assez facile avec la surveillance aérienne menée par des hélicoptères de l'armée égyptienne, qui découvrent sans grande peine tout groupe suspect qui se dirige vers cette région", a-t-il dit à Al-Mashareq.

Les résidents locaux évitent ces zones, a-t-il dit, parce qu'ils savent le risque lié à tout mouvement à l'intérieur des régions minées, ainsi toute personne qui s'y rend est là pour chercher des explosifs.

"En effet, plusieurs groupes terroristes ont été détectés dans la région et ont été traités de la façon appropriée", a-t-il affirmé.

Les autorités chargées de la sécurité dans la région se sont employées à faire un inventaire minutieux de tous les instruments utilisés dans les enquêtes et les fouilles archéologiques, a-t-il noté, et les ont déclarés comme armes sans licence.

"Elles informent les résidents locaux qu'ils doivent les remettre aux agences de sécurité, et leur ont accordés un délai de grâce de le faire sans conséquences juridiques", a-t-il précisé.

Un processus périlleux

D'un point de vue technique, il est possible de réutiliser les mines qui sont longtemps enfouies dans le désert du Sinaï, a déclaré le général de division Yahya Mohammed Ali, un officier de l'armée égyptienne à la retraite qui est spécialisé dans les groupes extrémistes.

Mais cela nécessiterait beaucoup d'efforts et de travail précis, a-t-il déclaré à Al-Mashareq, en notant que ces mines ont été enterrés depuis des décennies.

"Le processus d'extraction nécessite un équipement de détection spéciale", a-t-il dit. "Apparemment les éléments terroristes ont eu recours à l'utilisation d'instruments utilisés dans les fouilles archéologiques", qui ont été largement utilisés dans la péninsule.

Le processus d'extraction est très dangereux, a-t-il expliqué, mais une grande quantité de matières explosives peut être obtenue à partir de cette source, en particulier qu'un certain nombre de mines sont des mines anti-blindés et anti-chars.

"Le fait que des éléments terroristes ont recours à cette méthode pour obtenir des matériaux explosifs est une preuve concluante du succès du blocus imposé sur les régions où se cachent ses éléments et la coupure de leurs voies d'approvisionnement logistique", a déclaré Ali.

Les groupes extrémistes opérant dans le Sinaï sont à la recherche de nouvelles sources de matières explosives puisque la plantation de bombes et d'engins explosifs improvisés (EEI) sur les bords de routes sont parmi les principales tactiques qu'ils utilisent, a-t-il ajouté.

Sécurité renforcée

Les mesures de sécurité de plus en plus renforcées ont empêché des groupes extrémistes comme l'EIIL de mener des attaques terroristes significatives contre des cibles militaires et civiles, affirme Ali.

"La seule option dont ils disposent est de se faufiler aux routes principales ou secondaires pour planter des explosifs et de les faire sauter à distance ou les programmer à une certaine heure", a-t-il poursuivi.

L'examen scientifique d'un certain nombre d'engins explosifs improvisés, y compris certains qui avaient été détoné et d'autres qui ont été découverts avant d'exploser, a confirmé que leur contenu explosif remonte à l'époque de la seconde guerre mondiale, a-t-il fait savoir.

Les mines plantées dans le désert du Sinaï sont dispersés au hasard et non selon des cartes fixes comme elles l'auraient dû être, dit Sami Gheit, chercheur au centre d'Al-Sharq des études régionales et stratégiques.

"L'Egypte a fait face à de grandes difficultés dans ses nombreuses tentatives de les supprimer en raison de la nature du terrain désertique et l'immensité des zones minées", a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

La détection d'un si grand nombre de mines nécessite des équipements de haute technologie et très coûteux, a-t-il dit, notant que de nombreuses zones où des mines ont été plantées sont assez éloignées des zones habitées, des projets industriels ou des routes pavées.

En plus des mines, poursuit Gheit, il y a des centaines de milliers de roquettes qui remontent à la seconde guerre mondiale qui n'ont pas explosé en raison d'un mauvais fonctionnement.

De nombreux missiles ont également été abandonnés dans le désert après les retraites soudaines des armées de cette région, a-t-il ajouté, dont certains ont été stockés dans des abris souterrains où ils sont restés depuis lors.