Économie

Beyrouth supprime les barrières menant au centre-ville

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des soldats libanais retirent des barrières en béton dans le centre-ville de Beyrouth pour rétablir le trafic dans la zone après presque quatre ans de fermeture. [Photo fournie par la National News Agency]

Des soldats libanais retirent des barrières en béton dans le centre-ville de Beyrouth pour rétablir le trafic dans la zone après presque quatre ans de fermeture. [Photo fournie par la National News Agency]

La suppression récente des barrières en béton menant au centre de commerce de Beyrouth aidera énormément à revitaliser le centre-ville et l'économie de la ville, ont indiqué des experts et des propriétaires d'entreprises à Al-Mashareq.

Le 3 janvier, l'armée libanaise a retiré les barrières en béton et les portails en métal qui bloquaient l'accès au centre de commerce depuis quatre ans.

Les barrières ont été retirées sur l'ordre du président de l'assemblée Nabih Berri, qui, soulignant la baisse des menaces à la sécurité, a commandé « l'ouverture de toutes les entrées [menant] au parlement ».

La zone du centre-ville avait été barricadée et presque entièrement scellée en 2014 suite à des menaces sécuritaires posées par des groupes extrémistes.

Des passants près de l'horloge de la place Nejmeh, dans le centre-ville de Beyrouth. L'accès complet au centre-ville a été rétabli plus tôt dans le mois avec la suppression des barrières en béton. [Photo fournie par la National News Agency]

Des passants près de l'horloge de la place Nejmeh, dans le centre-ville de Beyrouth. L'accès complet au centre-ville a été rétabli plus tôt dans le mois avec la suppression des barrières en béton. [Photo fournie par la National News Agency]

Cela a mené à de lourdes pertes pour les investisseurs, car l'activité commerciale est tombée à 3 % à cause de la baisse du nombre de touristes, principale source de revenus pour les entreprises du centre-ville, a déclaré Ali Abdoul Wahed, gérant d'un restaurant à Karamna.

« Notre restaurant fait partie des quatre établissements sur 170 qui sont restés ouverts pendant la période de fermeture », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

La réouverture de la place Nejmeh et des environs « fera renaître l'activité économique et encouragera de nouveau les investissements dans le [district] du centre-ville, à condition qu'existe la confiance envers la situation politique et de sécurité », a-t-il ajouté.

Solidere, la société chargée de la planification et du réaménagement du district central de Beyrouth après la guerre civile, « a demandé à une entreprise de conseil de lancer une campagne pour encourager les investissements dans le centre-ville », a fait savoir Abdoul Wahed.

La décision de rouvrir cette zone doit s'accompagner d'un soutien politique à des mesures d'incitation pour aider à la renaissance du centre-ville, a-t-il déclaré, ajoutant que la municipalité devrait revoir les baux et les charges fiscales à titre d'incitation pour les investissements.

Renaissance économique du centre-ville

« La réouverture du centre-ville est cruciale pour la revitalisation de l'économie du centre de Beyrouth », a affirmé Tony Ramy, président du Syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries au Liban.

Mais pour que cela réussisse, les incitations et les conditions nécessaires doivent être en place, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, notant que les investisseurs majeurs doivent revenir et que la Banque centrale du Liban doit proposer des prêts subventionnés et revoir les baux.

Dans toutes les capitales du monde, le centre-ville est « le cœur économique du pays, parce que c'est le centre des affaires, du commerce et des services », a indiqué l'économiste Jassim Ajaka à Al-Mashareq.

La prospérité du centre-ville de la capitale est un indicateur phare de la prospérité économique globale, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

La décision de retirer les barrières autour du parlement est « une étape bénie », a-t-il poursuivi, mais elle reste insuffisante d'un point de vue économique.

Amélioration de la confiance des investisseurs

L'opinion des investisseurs ne peut pas changer instantanément, a indiqué Ajaka, car gagner la confiance des investisseurs, des consommateurs et des touristes « demande des mesures sur le long-terme ».

Il a exprimé l'espoir que la décision d'ouvrir la place Nejmeh et certaines parties du centre-ville de Beyrouth marque la fin des menaces à la sécurité, « lance la phase du renforcement de la sécurité et de la stabilité, et stimule la croissance économique ».

« L'organisation de festivals de musique et de culture pendant toute l'année dans le centre-ville de Beyrouth revitalisera le district, qui est un indicateur phare de la prospérité économique du Liban », a déclaré Ajaka.

L'économie de Beyrouth a traversé une décennie de stagnation en raison des contraintes sécuritaires, qui ont vu le départ de boutiques importantes de plusieurs marques mondiales qui attiraient les touristes, expliqué Violette Ghazal al-Balaa, rédactrice en chef d'Arab Economic News.

Mais le récent retrait des barrières en béton montre l'amélioration de la situation de sécurité, a-t-elle précis pour Al-Mashareq.

Cependant, la prospérité économique dans le centre-ville de Beyrouth « demande également un climat politique favorable représenté par un consensus réel entre les personnes au pouvoir afin de redonner confiance dans l'avenir du Liban », a-t-elle indiqué.

Cela motiverait les investisseurs à investir dans de nouveaux projets ou à agrandir des projets existants, ce qui a un impact direct sur le marché du travail, a déclaré al-Balaa.

« Lorsque l'État contribue à la création de nouveaux emplois, il contribue également à l'augmentation du pouvoir d'achat des citoyens », a-t-elle rapporté.

Cela augmenterait le taux de consommation interne dont le Liban dépend pour créer un cycle économique normal dans un contexte de baisse de la demande extérieure, a-t-elle conclu.

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