Éducation

Des éducateurs arabes appellent à des réformes pour endiguer l'extrémisme

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des élèves réfugiés syriens lors de leur premier jour à l'école le 18 octobre 2015 à Tripoli, ville portuaire du nord du Liban. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Des élèves réfugiés syriens lors de leur premier jour à l'école le 18 octobre 2015 à Tripoli, ville portuaire du nord du Liban. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Les programmes pédagogiques peuvent être un outil essentiel pour éloigner les jeunes de l'extrémisme, ont déclaré des experts en politique de toute la région lors d'une récente réunion à Beyrouth, mais des réformes sont nécessaires pour que cela soit vraiment efficace.

Suite à une réunion régionale à Beyrouth les 29 et 30 septembre, 50 experts en politiques pédagogiques du Liban, d'Irak, du Bahreïn, d'Oman, de Jordanie, de Syrie, d'Égypte et de Tunisie ont publié une série de 16 recommandations pour une réforme éducative.

Les points proposés dans la Déclaration de Beyrouth des réformes pédagogiques pour la défense contre l'extrémisme dans les sociétés arabes comprennent des recommandations sur la mise en place de systèmes éducatifs qui encouragent la citoyenneté et la diversité, et qui inculquent les principes de non-discrimination et d'acceptation des différences.

Cette déclaration a souligné le besoin de renouveler le discours religieux pour mettre en avant ces valeurs et a appelé à la création de conseils supérieurs de l'éducation, de la culture et des sciences qui formuleraient des politiques et développeraient des programmes.

Des experts en politiques pédagogiques de toute la région ont débattu des meilleurs moyens de protéger les jeunes de l'extrémisme lors d'une conférence, tenue les 29 et 30 septembre à Beyrouth. [Photo fournie par la Fondation Adyan]

Des experts en politiques pédagogiques de toute la région ont débattu des meilleurs moyens de protéger les jeunes de l'extrémisme lors d'une conférence, tenue les 29 et 30 septembre à Beyrouth. [Photo fournie par la Fondation Adyan]

Elle a également appelé à la formation de comités nationaux indépendants pour identifier les symptômes de l'extrémisme pour qu'ils soient traités directement.

Cette déclaration a produit une « vision conceptuelle de réformes de l'éducation et des recommandations sur les mesures d'implémentation », a indiqué à Al-Mashareq Ziad al-Sayegh, conseiller en politiques de la Fondation Adyan.

« La déclaration ne restera pas à ce stade, un gros travail est en cours pour développer une stratégie pour relier les institutions pédagogiques actives et les acteurs influents dans le domaine de la création de politiques pédagogiques », a-t-il précisé.

Ce travail prendra en compte la particularité des politiques nationales, a-t-il ajouté.

Avant tout, a expliqué al-Sayegh, la réforme pédagogique « est une réforme des mentalités et une initiative pour diffuser des éléments de renouveau dans nos programmes éducatifs afin de bâtir une paix et une citoyenneté qui favorisent la diversité ».

Les défis sont nombreux, a-t-il affirmé, mais il existe une conviction et un désir de mener à bien la réforme voulue, notant que les initiatives pour la mise en œuvre de la déclaration avaient commencé au Liban et dans plusieurs autres pays de la région.

« La réforme de l'éducation religieuse a été l'un des thèmes clefs de la conférence régionale, portant sur l'examen des racines religieuses de l'extrémisme », a-t-il déclaré.

L'extrémisme est l'une des principales inquiétudes sociales

« L'extrémisme est l'une des principales inquiétudes dans la liste des problèmes sociaux et politiques dans la région et dans le monde », a indiqué Vanessa Breidy, coordinatrice du projet de stratégie nationale d'éducation pour la citoyenneté et la coexistence de la Fondation Adyan.

« La réforme pédagogique est l'un des plus importants moyens pour la protection contre l'extrémisme violent qui menace aujourd'hui nos sociétés », a-t-elle affirmé à Al-Mashareq.

Comprendre le problème de l'extrémisme et le résoudre est le point central du travail d'un grand nombre d'organisations de la société civile, d'experts et de législateurs, a-t-elle indiqué, ajoutant que les solutions diffèrent en fonction du type, de la sévérité et des causes profondes.

Le besoin de réforme pédagogique provient de la faiblesse des programmes et du système éducatif en général, et de la nécessité d'immuniser contre les idées et actions extrémistes, a-t-elle poursuivi.

« Il est impératif d'implémenter une réforme pédagogique qui inclue tout le système éducatif, dont les programmes, les méthodes d'enseignement, les méthodes de formation des enseignants, l'administration et les activités pédagogiques en classe et à l'extérieur », a affirmé Breidy.

Le rôle des ministères de l'Éducation des gouvernements est essentiel dans l'accomplissement de la réforme souhaitée, a-t-elle ajouté, mais pour être vraiment efficace cela doit être fait en partenariat avec les institutions publiques et privées et la société civile.

« Les tentatives pour réformer et guider les politiques d'éducation au Liban et dans les pays arabes et musulmans de manière générale sont d'une importance capitale », a déclaré Sheikh Mohammed Ali al-Hajj al-Ameli, qui dirige l'hawza de l'imam al-Sajjad.

Celles-ci devraient être premières sur les listes de priorités des politiciens pour surmonter les « crises qui ont dévasté notre monde », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

« Une once de prévention vaut un kilo de répression », a affirmé al-Ameli.

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