Droits de l'Homme

Les Houthis violent les droits des Bahaïs et d'autres groupes minoritaires vulnérables

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Le 22 août, les tribunaux houthis ont repris leur procès contre le leader bahaï Hamid ben Haydara, qu'ils considèrent comme fugitif bien qu'il ait été libéré des prisons houthis et expulsé du Yémen le 30 juillet. [Photo de l'USCIRF]

Le 22 août, les tribunaux houthis ont repris leur procès contre le leader bahaï Hamid ben Haydara, qu'ils considèrent comme fugitif bien qu'il ait été libéré des prisons houthis et expulsé du Yémen le 30 juillet. [Photo de l'USCIRF]

Durant ces six années de guerre, les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran n'ont jamais cessé de violer les droits des minorités religieuses et des groupes socialement vulnérables au Yémen, rapportent des responsables et des militants des droits de l'homme.

Les groupes marginalisés, les déplacés internes, les migrants, les réfugiés, les personnes ayant des besoins particuliers et les minorités religieuses et sociales sont confrontés à une discrimination permanente au Yémen, et leur risque d'exploitation et de violence physique est exacerbé par les conditions difficiles dans le pays, a déclaré le Groupe d'experts éminents internationaux et régionaux (GEE) des Nations unies sur le Yémen dans son dernier rapport.

Le GEE s'est dit très préoccupé par le fait que « les belligérants continuent de cibler les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, les avocats et les militants pour réprimer la dissidence et empêcher les critiques ».

« Les femmes qui défendent les droits de l'homme continuent également à faire face à une répression de la part de toutes les parties en raison de leur sexe ou de leur travail pour les droits des femmes », a fait savoir le rapport.

« Les minorités religieuses continuent de se heurter à des obstacles particuliers dans l'exercice de leurs droits », a-t-il ajouté.

« La poursuite du conflit, avec l'effondrement de l'ordre public qui a suivi, a aggravé la situation déjà précaire des minorités, des déplacés, des migrants et des réfugiés au Yémen », a poursuivi le rapport du GEE.

Il a conclu en indiquant que « tous ces groupes continuent d'être discriminés dans l'exercice de leurs droits et sont confrontés à un niveau accru de violations et de mauvais traitements ».

Persécution de la minorité bahaïe

Le rapport a souligné la « situation des Bahaïs détenus à Sanaa sur la base de leur foi religieuse, en particulier en mettant en évidence leurs arrestations, tortures et déni de procès équitable de façon arbitraire », ce qui a donné lieu à la publication d'une condamnation à mort contre le leader bahaï Hamid ben Haydara et d'autres personnes.

Le chef du soi-disant Conseil politique suprême des Houthis a gracié Haydara le 25 mars et a demandé aux autorités concernées de libérer tous les prisonniers bahaïs.

Plusieurs mois ont passé avant que les détenus bahaïs ne soient libérés et expulsés du Yémen le 30 juillet.

Le tribunal des Houthis a repris le 22 août ses procès contre les Bahaïs en tant que fugitifs face à la justice, et les procédures judiciaires sont toujours en cours.

Abdoullah al-Olafi, porte-parole de la communauté bahaïe au Yémen, a déclaré à Al-Mashareq qu'il était surpris que les procès se poursuivent malgré la grâce accordée par la plus haute autorité dans les zones du pays contrôlées par les Houthis.

Al-Olafi a appelé à « clore l'affaire et à accorder aux Bahaïs le droit à une citoyenneté égale et le droit d'exprimer et de pratiquer leurs rites religieux ».

Les Houthis font la guerre à tous les Yéménites

Les Houthis violent les droits des minorités religieuses et des groupes socialement vulnérables « parce que c'est un groupe violent et qu'il ne peut pas diffuser son idéologie par des moyens pacifiques », a affirmé l'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Berman.

« La société yéménite rejette les idées des Houthis soutenus par l'Iran et les considère comme extrémistes, déviantes, violentes et destructrices », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Le traitement réservé par les Houthis aux groupes vulnérables qui n'ont pas de voix révèle leur véritable nature, a déclaré Berman, en donnant l'exemple de l'Association Al-Aman pour les soins aux femmes aveugles, que les Houthis ont attaquée, pillée et fermée après avoir pris le contrôle de Sanaa.

« Ils se sont ensuite attaqués aux orphelinats et ont envoyé les orphelins sur le front », a-t-il rapporté.

La milice est en tête de liste de ceux qui ne respectent pas les droits des minorités religieuses, a-t-il fait savoir, notant qu'elle a un comportement hostile envers les Bahaïs et les adeptes d'autres sectes religieuses « parce que c'est la même approche et la même tactique utilisée par l'Iran qui opprime les Sunnites, les Bahaïs et les Arabes Ahwazi ».

« Le groupe houthi imite cette approche. »

Les Houthis sont « un gang armé qui ne croit pas à ceux qui différent de lui et qui ne se soucie pas des droits de l'homme et des questions humanitaires », a déclaré le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez.

« Il ne prend pas non plus de décisions », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, « car l'Iran contrôle le processus de prise de décision du groupe et le gère directement par le biais d'experts militaires du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et du Hezbollah ».

« Le fait que les Bahaïs aient été libérés alors que leur procès se poursuit en est la preuve », a-t-il affirmé.

Ces procès « n'ont aucun fondement juridique et les Houthis les utilisent pour prendre le contrôle des avoirs en espèces [des détenus], confisquer leurs biens et en même temps s'attirer une bonne réputation internationale pour les avoir libérés, même si leur procès est toujours en cours », a conclu Abdoul Hafeez.

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