Diplomatie

Le pacte secret entre la Chine et l’Iran fait craindre des bouleversements dans la région

Pakistan Forward

Le président iranien Hassan Rouhani et le président chinois Xi Jinping passent en revue les troupes lors d’une cérémonie d’accueil le 23 janvier à Téhéran. Le pacte secret entre les deux pays qui est en cours de finalisation aurait commencé à se mettre en place à l’occasion de cette visite d’État. [STR/AFP]

Le président iranien Hassan Rouhani et le président chinois Xi Jinping passent en revue les troupes lors d’une cérémonie d’accueil le 23 janvier à Téhéran. Le pacte secret entre les deux pays qui est en cours de finalisation aurait commencé à se mettre en place à l’occasion de cette visite d’État. [STR/AFP]

Les régimes iranien et chinois ont tranquillement élaboré un partenariat économique et sécuritaire majeur qui ouvrira la route à des milliards de dollars d’investissements chinois dans les secteurs de l’énergie et autres.

Mais selon de nombreux observateurs, cet accord sur 25 ans aura une multitude d’effets négatifs sur la région et au-delà, dans la mesure où un régime iranien affaibli et acculé, sur le point de s’effondrer économiquement, confronté à une perte de confiance intérieure majeure envers le régime en place, et coupé de la majorité du monde en raison de sa poursuite incessante de l’arme nucléaire et de son armement de milices au Moyen-Orient et en Asie du Sud, sera à la merci d’une Chine enhardie et confiante en soi.

Ce partenariat, détaillé dans une proposition d’accord de 18 pages, étendra grandement la présence chinoise dans des projets bancaires, de télécommunications, portuaires, ferroviaires et des dizaines d’autres, a rapporté le New York Times le 11 juillet. En échange, la Chine recevra une fourniture régulière et, selon un responsable et négociant en pétrole iranien, à prix fortement réduits, de pétrole iranien pendant les 25 prochaines années.

Ce document décrit l’approfondissement de la coopération militaire, avec des formations et des exercices conjoints, une recherche et un développement d’armes en commun et un partage de renseignements, a poursuivi ce rapport.

Un point de cet accord qui retient particulièrement l’attention a été les facilités portuaires proposées en Iran, notamment deux sur la côte de la mer d’Oman, qui pourraient être utilisées par la marine chinoise. La Chine a déjà construit une série de ports sur les côtes de l’océan Indien, créant un ensemble de stations de réapprovisionnement et de ravitaillement s’étendant de la mer de Chine méridionale au canal de Suez. Cette photo montre des bâtiments chinois dans l’océan Pacifique en 2019. [Marine chinoise]

Un point de cet accord qui retient particulièrement l’attention a été les facilités portuaires proposées en Iran, notamment deux sur la côte de la mer d’Oman, qui pourraient être utilisées par la marine chinoise. La Chine a déjà construit une série de ports sur les côtes de l’océan Indien, créant un ensemble de stations de réapprovisionnement et de ravitaillement s’étendant de la mer de Chine méridionale au canal de Suez. Cette photo montre des bâtiments chinois dans l’océan Pacifique en 2019. [Marine chinoise]

Développer l’aide chinoise à l’Iran implique que Beijing fournira un soutien direct au CGRI iranien, un bras de l’armée iranienne officiellement désigné comme une organisation terroriste. [Photo fournie par le ministère iranien de la Défense]

Développer l’aide chinoise à l’Iran implique que Beijing fournira un soutien direct au CGRI iranien, un bras de l’armée iranienne officiellement désigné comme une organisation terroriste. [Photo fournie par le ministère iranien de la Défense]

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a insisté sur le fait qu’il n’y a « rien de secret » concernant ce futur accord avec la Chine, qui n’a pas encore été soumis au parlement iranien pour accord ni rendu public, éveillant des soupçons en Iran sur ce que le gouvernement s’apprête à donner à Beijing, selon l’AFP.

Cet accord prévu avec la Chine avait été un sujet brûlant dans les médias sociaux iraniens, l’ancien président populiste Mahmoud Ahmadinejad condamnant à son tour le mois dernier les négociations en cours avec un pays étranger.

Dans l’ensemble de l’échiquier politique iranien, des critiques ont soulevé des inquiétudes que le gouvernement serait en train de « brader » en secret le pays à un moment de faiblesse économique et d’isolement international.

La nation sera informée « lorsqu’un accord aura été conclu », a indiqué Zarif, ajoutant que l’intention avait déjà été rendue publique en janvier 2016, lorsque le président Xi Jinping s’était rendu à Téhéran.

« Deux anciennes cultures asiatiques, deux partenaires dans les secteurs du commerce, de l’économie, de la politique, de la culture et de la sécurité partageant des perspectives similaires et de nombreux intérêts bilatéraux et multilatéraux communs se verront comme des partenaires stratégiques réciproques », précise ce document dans son paragraphe introductif, selon le New York Times.

Le Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, s’est exprimé publiquement en faveur d’un partenariat stratégique avec la Chine.

Inquiétude particulière sur l’assistance militaire

L’extension de cet accord à l’assistance militaire, la formation et le partage de renseignements suscite de grandes inquiétudes.

Étendre l’assistance chinoise à l’Iran signifie que Beijing fournira un soutien direct au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien, un bras de l’armée iranienne officiellement désigné comme une organisation terroriste.

Le CGRI a été formé après la révolution islamique de 1979, avec pour mission de défendre le régime des mollahs, par contraste avec les unités militaires plus traditionnelles chargées de protéger les frontières.

Au cours des dernières décennies, le CGRI a été associé à de nombreux événements terroristes au Moyen-Orient et au-delà.

La Force al-Qods du CGRI, le nom arabe de Jérusalem, est spécialisée dans les missions à l’extérieur, assurant une formation, un financement et la fourniture d’armes aux groupes extrémistes, notamment au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien.

Cette Force al-Qods a joué un rôle déterminant dans le soutien aux forces du régime syrien dans la guerre civile qui ravage ce pays.

Dans sa quête d’expansion de son influence régionale et de domination, la Force al-Qods a recruté des jeunes Afghans, Pakistanais, Irakiens et Yéménites pour défendre ses intérêts en Syrie.

Cette stratégie est mise en évidence par la Division Fatemiyoun, une unité qui a recruté près de 50 000 réfugiés afghans entre 2013 et 2017 pour combattre en Syrie, et la Brigade Zainabiyoun, dont les éléments pakistanais reçoivent une formation et des armes du CGRI avant que l’Iran ne les envoie en Syrie combattre aux côtés d’autres factions affiliées au CGRI et au régime syrien.

Ceinture de ports chinois

L’article du New York Times, qui peut être consulté en intégralité ici, explique que les critiques ont fait état de précédents projets d’investissement chinois qui ont fait plonger des pays d’Afrique et d’Asie dans l’endettement et les ont en fin de compte laissés redevables envers les autorités de Beijing. Un motif de préoccupation particulier a été la proposition d’installations portuaires en Iran, dont deux sur la côte de la mer d’Oman.

L’un de ces ports, situé à Jask, juste à l’entrée du Détroit d’Ormuz, l’entrée du golfe Persique, donnera à la Chine une position avantageuse sur les eaux par lesquelles transite une grande partie du pétrole mondial.

La Chine a déjà construit une série de ports sur les côtes de l’océan Indien, créant une ceinture de stations de réapprovisionnement et de ravitaillement de la mer de Chine méridionale au canal de Suez. Présentant une nature commerciale, ces ports ont potentiellement une valeur militaire, permettant à une marine chinoise en rapide expansion d’étendre son rayon d’action.

Les États-Unis traiteront la recherche de ressources de Beijing en mer de Chine méridionale comme illégale, a affirmé le secrétaire d’État américain Mike Pompeo lundi 13 juillet.

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