Réfugiés

Un rapport révèle l'aggravation de la pauvreté des réfugiés syriens au Liban

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Une photo prise le 10 janvier montre Ryad Khalaf Zibou, réfugié syrien de 43 ans, recevant des soins médicaux dans un hôpital de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, après qu'il s'est immolé par le feu devant un bureau du HCR. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Une photo prise le 10 janvier montre Ryad Khalaf Zibou, réfugié syrien de 43 ans, recevant des soins médicaux dans un hôpital de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, après qu'il s'est immolé par le feu devant un bureau du HCR. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Un réfugié syrien au Liban s'est immolé par le feu mardi 9 janvier devant un bureau de l'ONU par désespoir après la suspension du versement de l'aide à sa famille. Il a souffert de graves brûlures.

L'agence HCR des Nations unies pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont déclaré à l'AFP que cet homme, identifié par sa famille comme étant Ryad Khalaf Zibou, père de quatre enfants et âgé de 43 ans, « s'est immolé par le feu » dans une enceinte de l'ONU dans la ville de Tripoli, dans le nord du pays.

« Des employés de l'ONU ont assisté à l'incident, lui ont prodigué les premiers soins et l'ont conduit d'urgence à l'hôpital, où il se trouve dans un état grave mais stable », ont fait savoir les agences dans une déclaration commune.

« Cet incident tragique met en évidence les pressions et les difficultés auxquelles sont confrontés de nombreux réfugiés, qui sont de plus en plus vulnérables, et – dans de rares cas – ont recours à des actes désespérés comme celui-ci », a indiqué ce communiqué.

Une petite Syrienne réfugiée dans une école publique libanaise mange sa ration quotidienne de fruit frais fournie par le Programme alimentaire mondial pour inciter les parents à envoyer leurs enfants à l'école. [Photo fournie par le PAM]

Une petite Syrienne réfugiée dans une école publique libanaise mange sa ration quotidienne de fruit frais fournie par le Programme alimentaire mondial pour inciter les parents à envoyer leurs enfants à l'école. [Photo fournie par le PAM]

Une personne syrienne réfugiée fait ses courses dans un supermarché du Liban. Le Programme alimentaire mondial aide les familles réfugiées au Liban en leur offrant une assistance mensuelle en liquide. [Photo fournie par le PAM]

Une personne syrienne réfugiée fait ses courses dans un supermarché du Liban. Le Programme alimentaire mondial aide les familles réfugiées au Liban en leur offrant une assistance mensuelle en liquide. [Photo fournie par le PAM]

Selon un rapport publié le 15 décembre par le HCR, le PAM et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), les réfugiés syriens sont de plus en plus vulnérables, plus de la moitié d'entre eux vivant dans la pire des pauvretés, et plus de trois quarts vivant sous le seuil de pauvreté.

Cette enquête annuelle, qui a porté sur 5 000 familles de réfugiés choisies au hasard dans 26 districts du Liban, a conclu que les réfugiés syriens ne disposent pas des fonds nécessaires pour répondre à leurs besoins de base.

Elle a révélé que 58 % des foyers syriens vivent dans une pauvreté extrême, avec moins de 2,87 $ par jour et par personne, ce qui représente une augmentation de 5 % par rapport à 2016.

Le nombre de familles vivant sous le seuil de pauvreté, qui est de moins de 3,84 $ par jour et par personne, continue de grimper, atteignant 76 % en 2017, a indiqué le rapport.

Celui-ci a également révélé que neuf réfugiés sur dix empruntent de l'argent pour acheter de la nourriture, payer leurs dépenses de santé et payer leur loyer.

« Les réfugiés syriens au Liban maintiennent à peine la tête hors de l'eau », a déclaré Mireille Girard, représentante du HCR au Liban. « La plupart des familles sont extrêmement vulnérables et dépendantes de l'aide de la communauté internationale. »

Sans soutien continu, leur situation serait encore plus grave, a-t-elle affirmé.

« La poursuite du soutien des donateurs en 2018 est le seul moyen de garantir que la situation des réfugiés ne se détériore pas davantage », a indiqué Dominik Heinrich, directeur du PAM pour le Liban.

« Je ne peux plus subvenir aux besoins de base de ma famille »

« Depuis que nous avons été déplacés au Liban il y a six ans, nous n'avons connu aucune difficulté comme aujourd'hui », a déclaré à Al-Mashareq Ahmad Mohammed al-Qassim, natif d'Alep.

« Par le passé, ce que je gagnais grâce à mon travail dans l'agriculture dans la vallée de la Bekaa et l'aide mensuelle que je recevais du HCR suffisait pour m'aider à faire vivre jusqu'à la fin du mois ma famille, qui est composée de ma femme et de mes trois enfants », a-t-il relaté.

« En 2017, notre situation s'est détériorée au point que je peux dire que je suis pauvre », a-t-il continué.

La baisse des salaires et de l'aide apportée par le HCR, en plus de l'augmentation du coût de la vie, ont pesé sur la situation financière d'al-Qassim.

« Je ne peux plus subvenir aux besoins de base de ma famille, comme la nourriture et les vêtements, et je dois emprunter de l'argent auprès de certains de mes compatriotes », a-t-il ajouté.

Baisse de l'aide des organisations humanitaires

L'augmentation du taux de pauvreté chez les réfugiés syriens peut être attribuée à plusieurs facteurs, a expliqué à Al-Mashareq l'agent adjoint d'information publique du HCR Lisa Abou Khaled.

Ceux-ci incluent « leur présence au Liban pendant plus de six ans et le fait que le HCR ne reçoit que 58 % des fonds qui sont alloués à leur aide ».

« Nous voyons la situation se détériorer chaque année », a-t-elle fait savoir, notant que l'aide en liquide aux familles les plus pauvres, qui sont au nombre de 33 000, s'élève à 175 $ par mois.

Le rapport a indiqué que « l'aide humanitaire, en particulier [le programme] d'argent liquide pour l'achat de nourriture, est un filet de sécurité pour beaucoup de familles, et l'on estime que 700 000 réfugiés bénéficient de l'aide fournie par le PAM ».

« Notre objectif constant est d'atteindre autant de personnes que possible avec l'aide mensuelle en liquide de 175 $ par famille et l'aide hivernale en liquide de 75 $ par personne pour les familles les plus démunies pendant les cinq mois d'hiver », a expliqué Abou Khaled.

« Si elles ne reçoivent pas d'aide, elles seraient très vulnérables, car leurs besoins augmentent », a-t-elle précisé, notant que les logements des réfugiés sont de mauvaise qualité, les exposant à un risque élevé de maladies.

Les réfugiés ne reçoivent pas suffisamment d'aide en raison de la baisse du financement fournie par les organisations humanitaires, a-t-elle affirmé.

« Au vu de cela, nous examinons actuellement les dossiers des réfugiés pour suivre les changements de leur situation et nous assurer que nous atteignons les plus pauvres et les plus nécessiteux », a indiqué Abou Khaled.

« Le gouvernement libanais, des organisations partenaires et nous-mêmes nous préparons à lancer un appel à la communauté internationale pour demander 1,9 milliard de dollars afin de répondre aux besoins des réfugiés syriens et des communautés libanaises qui les accueillent », a-t-elle fait savoir.

Aide alimentaire pour les parents et les enfants

Le PAM fournit une aide alimentaire à 700 000 réfugiés syriens vulnérables au Liban, a déclaré à Al-Mashareq Edward Johnson, agent des médias et de la communication au PAM.

« Chaque personne reçoit une aide mensuelle en liquide de 27 $ pour acheter de la nourriture », a-t-il rapporté, et cette somme est transférée dans une carte électronique qui leur permet d'acheter la nourriture dont elles ont besoin dans 500 magasins partenaires de l'organisation, ou de retirer l'argent dans un distributeur.

« Ainsi, une famille de cinq reçoit 135 $ par mois », a-t-il indiqué.

Le PAM fournit également des repas légers à près de 7 500 enfants syriens réfugiés qui vont à l'école publique lors de sessions le matin et l'après-midi, a ajouté Johnson.

« Chaque jour, nous donnons un sac contenant une brique de lait et des fruits frais pour encourager les parents à inscrire leurs enfants à l'école », a-t-il expliqué.

Le PAM a également lancé 111 projets qui bénéficient à environ 2 700 réfugiés en les formant dans certaines spécialités, comme la préparation de nourriture pour la revente sur les marchés, a-t-il déclaré.

« Nous avons conçu des projets pour améliorer leurs compétences et les aider à acquérir de l'expérience pour gagner de l'argent, devenir autonomes et mettre fin à la détérioration de leur situation », a-t-il conclu.

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22 COMMENTAIRE (S)

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Que la paix soit sur vous! Je suis un réfugié syrien au Liban. Je suis marié et j'ai 4 enfants. Je ne peux pas travailler. J'étais expulsé de l'aide de l'ONU. Veuillez m'aider avec la nourriture ou l'immigration à la Norvège. Merci beaucoup. Veuillez m'aider.

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Le Programme alimentaire mondial n'est pas juste. Il y a des gens qui ne reçoivent pas d'aide même s'ils en ont besoin, et il y a d'autres qui ne peuvent même pas acheter du pain et ils ne reçoivent rien.

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My children and I eat from the garbage.

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Je suis un Syrien d'Alep. Je suis venu au Liban en 2014. J'ai dépassé la durée de séjour autorisé, puis je l'ai renouvelé. J'ai trouvé un sponsor, puis je suis allé à la sécurité générale pour trouver un sponsor libanais afin que je puisse travailler. Ils m'ont dit que je devrais payer une amende pour avoir dépassé la durée de séjour autorisé. Je leur ai dit que je l'avais déjà payé, mais ils ne l'ont pas accepté. J'ai dépassé la durée de séjour du visa il y a trois ans.

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L'ONU a arbitrairement refusé sans étudier la situation des réfugiés. Il y a des gens qui reçoivent de la nourriture et l'aide hivernale, ainsi que 260, tandis que d'autres ont été rejetés. Nous sommes parmi ceux qui ont été rejetés. Mon père a été malade et la plupart de nos problèmes sont liés à des dettes. Nous n'avons pas payé le loyer pendant deux mois, et ils n'auront pas pitié de nous . J'espère que l'ONU examinera la situation des personnes déplacées et vérifiera leurs maisons pour voir comment elles vivent. C'est vraiment injuste de donner à certains et refuser aux autres.

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Dieu nous aidera! que pouvons-nous faire?

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Je veux déposer une demande d'immigration à l'ambassade du Canada.

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Salut. Où puis-je trouver la Commission des réfugiés au Liban? Comment puis-je m'inscrire auprès d'elle? Quels sont les documents requis?

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Je suis un réfugié au Liban. Je suis inscrit auprès de la Commission. Je veux aller au Canada ou demander l'asile là-bas.

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Je suis inscrit à l'ONU depuis cinq ans. Je suis marié et j'ai deux enfants. Ma situation est très mauvaise. J'ai besoin d'aide financière. Je suis confronté à une condition difficile. Ils veulent me chasser de la maison si je ne paie pas le loyer. Je suis malade et je n'ai pas d'emploi stable.

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Se plaindre à quelqu'un d'autre que Dieu est une sorte d'humiliation. Je travaille 18 heures par jour et je ne peux pas continuer. Je suis inscrit auprès de la Commission depuis 2011 et je n'ai rien vu d'eux. J'entends simplement que certaines personnes, pas toutes, reçoivent de l'aide.

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Nous n'avons rien vu d'eux depuis deux ans. Ils nous ont donné la carte, mais c'est vide. Chaque fois que nous les appelons, ils disent que je n'ai droit à aucune aide. Dieu me suffit!

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Je suis un réfugié syrien. Mon état de santé n'est pas stable. Je suis marié et j'ai une petite fille. Je souffre d'un accident vasculaire cérébral. Je suis inscrit à l'ONU. Ma situation financière est difficile et je suis malade. Je n'ai personne pour subvenir à mes besoins et je ne peux même pas payer mon loyer. Ils m'ont rejeté du programme alimentaire. Je veux nourrir mon enfant. Je suis malade.

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Je suis inscrit auprès de la Commission, mais je ne reçois pas d'argent.

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Maintenant qu'ils ont connaissance de toutes les conditions difficiles auxquelles nous sommes confrontés, pourquoi m'ont-ils privé de tout? Je ne reçois rien d'eux. Ils sont juste bons pour embaucher des employés libanais et louer des bureaux et des terres et donner des salaires. Par Dieu Tout-Puissant. Venez juste voir comment nous allons; nous n'avons pas travaillé pendant trois mois. Nous avons vendu tout ce que nous possédons, et nous n'avons plus rien à part nos propres organes humains. C'est injuste; nous sommes en train de mourir mille fois par jour. Lorsque vous vous plaignez à la Commission du manque d'aide, vous devez payer des dollars pour les contacter. Tout ce que vous obtenez est le message du répondeur en dollars. Que devrais-je faire? ça fait mal au cœur.

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Je m'appelle Abdoul Razzaq Joumaa al-Abboud. On m'a refusé l'aide alimentaire. J'ai une dette de trois millions et je n'ai même pas de quoi acheter un paquet de médicaments pour mon fils. Je suis inscrit auprès de la Commission depuis 6 ans. Il n'y a pas de pouvoir ou de puissance sauf en Dieu.

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Je m'appelle Alaa Yahya al-Saleh. On m'a refusé l'aide alimentaire. J'ai deux enfants. Nous vivons dans la Bekaa occidentale où le froid est extrême.

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Je suis un réfugié syrien au Liban. Je vis dans la Beqaa centrale. Mon père est malade. Il a besoin d'une chirurgie cardiaque, mais je n'ai pas le coût de l'opération. Chaque fois que je vais à la Commission et à l'hôpital, ils refusent de faire l'opération. Je vous demande de nous aider à voyager. S'il vous plaît répondez à mon commentaire ici: Je dois voyager avec ma famille et mes frères qui sont tous jeunes. Je veux qu'ils étudient et vivent dans la dignité. Au Liban, nous n'avons aucune dignité. Répondez s'il vous plait.

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Le rapport est correct à cent pour cent. La situation est très mauvaise pour la plupart des réfugiés en raison des prix élevés et du manque de travail pour subvenir aux besoins de la famille. Merci d'avoir fait la lumière sur les souffrances des réfugiés. Nous espérons que vous pourrez nous aider autant que possible, surtout en ce moment d'hiver.

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Des mots gentils, mais il y a des femmes qui vivent seules sans personne pour les aider. Lorsqu'ils contactent l'ONU, ils leur disent qu'elles n'ont pas droit à une assistance. Nous vous demandons d'aider ces gens.

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J'espère que mes paroles atteindront la Commission. Il n'y a pas d'équité dans la distribution de l'aide. La Commission peut répondre que la distribution est faite en fonction de ceux qui en ont le plus besoin. Ce n'est pas vrai. Les personnes déplacées reçoivent l'hiver, la nourriture, l'aide financière et le loyer alors que d'autres ne reçoivent rien. Je suis inscrite, mais je n'ai reçu aucune aide alimentaire depuis quatre ans. J'ai deux enfants. Je ne reçois rien, même pas l'aide financière. J'ai été suspendue à partir du 5ème mois même si j'ai des enfants de moins d'un an et je ne peux pas travailler à cause de certaines barrières. L'ONU ne m'a pas accordé de logement parce que j'étais inscrite en 2015. Il y a une copie de mon dossier familial. J'ai fait des réclamations et j'appelle tous les jours en vain.

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Ma mère est psychologiquement malade. J'espère que vous pouvez aider. Elle vient de Syrie, plus précisément d'al-Raqqah et elle souffe d'une maladie mentale et psychologique. Je n'ai plus de quoi lui fournir un traitement .

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